Un Mari Inaccessible

_06_

Je ne comprends pas ce qu'il fait encore ici. Tout à l'heure, alors que je me dirigeais vers ma chambre, je l'ai croisé dans le couloir. Darius est comme une ombre omniprésente dans cette maison, se manifestant quand je m'y attends le moins. Froid, distant, il est passé à côté de moi comme si je n'étais qu'un meuble de plus dans le décor. Un sentiment de déception m'envahit. J'avais nourri l'espoir, aussi infime soit-il, qu'il aurait pu changer.

Poussant un soupir, je décide de prendre une douche, espérant y trouver un peu de paix. L'eau chaude coule sur mon corps, emportant avec elle une partie de mes frustrations et de mes doutes. Chaque goutte qui frappe ma peau semble nettoyer les résidus de mes illusions perdues. Je me laisse envelopper par la chaleur, fermant les yeux pour mieux m'évader, loin des complexités de ma réalité actuelle.

Une fois sortie de la douche, j'enfile une tenue confortable. Mais la question de la présence prolongée de Darius demeure une énigme non résolue dans mon esprit. Pourquoi est-il encore ici ? Il possède assez de richesses pour séjourner dans les hôtels les plus luxueux, sans parler de sa propre maison dans cette ville. La curiosité me pousse à chercher des réponses. Je me dirige donc vers le bureau de mon père, déterminée à élucider ce mystère. La porte est entreouverte, laissant échapper des bribes de conversation.

— Chéri, je ne pense pas que ce soit une bonne idée, entendis-je ma mère dire d'une voix teintée d'inquiétude.

Mon père, en revanche, semble confiant dans ses propos.

— Bien au contraire, unir nos enfants renforcera nos familles. Tu verras, c'est une excellente idée, répond-il avec assurance.

Unir nos enfants ? Ma confusion grandit. Que se passe-t-il exactement ? Mon cœur s'accélère tandis que j'essaie de comprendre le contexte de leur discussion.

— De plus, Darius est un homme bien. Il prendra soin de notre fille. Il sera un bon mari pour elle, poursuit mon père.

Ces mots résonnent dans ma tête, leur sens se dévoilant lentement. Mari ? Darius et moi ? L'idée est si surprenante, si inattendue, que je reste figée, tentant de rassembler mes pensées.

Sans pouvoir me contenir davantage, je pousse la porte et entre dans le bureau, interrompant leur conversation.

— Que dis-tu papa ? Je demande stupéfaite.

Je me tiens dans l'encadrement de la porte, cherchant désespérément des explications dans les yeux de mes parents. Mon père et ma mère me fixent, visiblement surpris par mon intrusion impromptue.

— Hazel, ma chérie... commence ma mère, son visage exprimant à la fois de l'inquiétude et de la compassion.

Mon père, quant à lui, se lève de son fauteuil et s'approche avec un air solennel.

— Hazel, nous avons eu une proposition du père de Darius. Il pense que Darius serait un bon parti pour toi, un homme qui saura prendre soin de toi, explique-t-il d'une voix posée.

Je me sens comme si le sol se dérobe sous mes pieds. Un mariage ? Avec Darius ?

— Vous pensez à un mariage arrangé ? Je suis choquée, ma voix tremblante trahissant mon incompréhension.

— Ce n'est pas un arrangement au sens strict, ma chérie. C'est juste que... le père de Darius voit en toi la partenaire idéale pour son fils. Et nous pensons qu'il n'a pas tort, ajoute ma mère, essayant de me rassurer.

— Mais je... je ne peux pas croire que vous envisagiez cela sans même m'en parler ! C'est ma vie, après tout ! je réplique, ma voix montant en puissance.

Mon père, gardant son calme, répond :

— Nous voulions t'en parler, mais avant, nous devions être sûrs de la sincérité de leur proposition. Darius est un homme bien, et son père est convaincu qu'il sera un mari attentionné.

— Un homme bien ? Vous parlez de ce Darius qui m'a ignorée aujourd'hui comme si je n'existais pas ? sifflé-je, ma colère montant.

Ma mère s'approche et pose une main sur mon épaule.

— Hazel, je sais que c'est beaucoup à assimiler. Nous n'avons pris aucune décision. C'était juste une discussion, dit-elle doucement.

— Une discussion qui pourrait changer toute ma vie ! je rétorque, me dégageant de son étreinte.

Je quitte la pièce précipitamment, l'esprit en ébullition. Le pire c'est que je ne sais pas si je suis réellement offusqué par ce que je viens d'entendre.  Un mariage avec Darius ? L'homme qui occupe mes pensées depuis son retour ? L'homme qui a toujours eu une place particulière dans mon cœur ? Mon esprit tourbillonnant de questions et d'émotions contradictoires. La proposition de mariage avec Darius me perturbe profondément. Je me demande s'il est au courant, s'il est d'accord avec cette idée. Sa froide indifférence de tout à l'heure me revient en mémoire, mais aussi ces moments où il m'a regardée différemment depuis son retour. "Je n'aime pas partager", cette phrase résonne à nouveau dans ma tête. Savait-il déjà pour cette proposition ?

Perdue dans mes pensées, je me surprends à rougir. Est-ce possible que Darius accepte l'idée de ce mariage ? Alors que je parcours le couloir, mon cœur bat à tout rompre, un mélange de crainte et de quelque chose de plus douce que je ne peux expliquer. Soudain, je le vois, Darius, debout non loin. Sans réfléchir, je m'approche de lui, la voix tremblante.

— Darius, savais-tu... pour le mariage ? je demande, ma voix à peine audible.

Il ne répond pas tout de suite, se contentant de me regarder longuement avant de se rapprocher lentement, son regard intense plongé dans le mien. Il s'arrête tout près, si près que je peux sentir son souffle sur mon visage.

_ Oui, Il murmure simplement, son visage à quelques centimètres du mien.

Un silence s'installe, un silence où mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il pourrait s'échapper de ma poitrine. Je recule jusqu'à me coller au mur, cherchant un équilibre.

— Et... tu es d'accord avec ça ? je demande, ma voix trahissant mon trouble.

Darius pose sa main sur le mur à côté de ma tête, une mèche de mes cheveux glissant entre ses doigts. Il la replace doucement derrière mon oreille.

— Et toi, Hazel, ça ne te dérangerait pas de devenir ma femme ? réplique-t-il, sa voix basse et envoûtante.

Je frissonne sous son toucher, sous l'intensité de son regard.

— Je vois que je te fais toujours autant d'effet, malgré toutes ces années, dit-il, un demi-sourire se dessinant sur ses lèvres.

Après un moment, il répète, sa voix grave et sérieuse :

— Réponds-moi, Hazel, veux-tu être ma femme ?

Mon esprit s'emballe, essayant de comprendre ce qui se passe réellement. Veut-il vraiment cela ? Mon cœur et ma raison se livrent un combat acharné, tandis que je reste là, figée, incapable de répondre.