Après avoir terminé mon cours, je prends le temps de ranger soigneusement mes affaires et me dirige vers la salle des professeurs. L'atmosphère y est toujours plus détendue, un havre après l'énergie dépensée en classe.
Je m'installe à une table, prête à peaufiner quelques-uns de mes croquis. Peu après, James Anderson, un collègue avec qui j'ai développé une bonne amitié, vient s'asseoir en face de moi.
- Bonjour, Monsieur Anderson, dis-je, levant les yeux de mes dessins.
Il me répond avec un sourire amical et un signe de tête désapprobateur.
- Hazel, je t'ai déjà dit de m'appeler James. Nous sommes collègues, après tout, insiste-t-il en riant légèrement.
Je lui rends son sourire, un peu gênée par mon formalisme. James est apprécié pour son approche amicale et décontractée, une qualité que j'admire chez lui.
- D'accord, James. Comment s'est passé ton cours aujourd'hui ? demandé-je, en reprenant mon crayon.
- Bien, merci. Les élèves étaient particulièrement engagés aujourd'hui. Ça rend les choses plus intéressantes. Et toi ? Tu as l'air un peu préoccupée, remarque-t-il avec une pointe de préoccupation.
Je soupire doucement, surprise par sa perspicacité.
- Oh, c'est juste... des trucs personnels. Rien d'important, je réponds, en esquissant un sourire forcé.
James me regarde un instant, puis hoche la tête, acceptant ma réponse sans insister.
- N'oublie pas, si tu as besoin de parler, je suis là. Nous sommes une équipe, ici, pas seulement pour le travail, me rappelle-t-il chaleureusement.
Je le remercie d'un sourire sincère. Savoir qu'il y a des collègues bienveillants autour de moi est réconfortant. Cependant, au fond de moi, je sais que je ne veux pas discuter de ce pan secret de ma vie, surtout pas au travail. La vérité, c'est que même évoquer ce pseudo-amour pour Darius devrait appartenir au passé. C'est une partie de ma vie que je préfère garder pour moi, un chapitre clos que je ne souhaite pas rouvrir, du moins pas ici.
Nous passons un peu de temps à discuter de sujets plus légers. Alors que l'heure avance, je réalise qu'il est temps de rentrer. Je range soigneusement mes affaires et dis au revoir à James, qui me souhaite une bonne fin de journée avec un sourire chaleureux.
Après avoir quitté l'école, je décide de faire quelques courses avant de rentrer à la maison. L'air frais du soir est revigorant, et les rues animées m'offrent une distraction bienvenue. Je me laisse porter par le flot des gens, me concentrant sur les petites choses du quotidien.
En rentrant chez moi, je remarque immédiatement le silence inhabituel de la maison. Enfin, pas si inhabituel que ça. Mon père, qui gère sa propre entreprise, rentre souvent tard, et ma mère, organisatrice de mariages et d'événements, est également fréquemment absente. Néanmoins, il n'est pas rare de la trouver à la maison, s'occupant de son foyer avec passion, surtout en cuisine.
Je pose mes courses et m'avance au centre du salon, encore plongée dans mes pensées. Soudain, une explosion de voix retentit, brisant le silence :
- Joyeux anniversaire !
Stupéfaite, je me fige sur place. Mes amis et mes parents surgissent de leurs cachettes, leurs visages rayonnant de joie et leurs voix s'unissant en un chœur harmonieux pour me souhaiter un joyeux anniversaire. Je suis submergée par un mélange de surprise et d'émotion intense.
Je balaye du regard la pièce décorée avec soin, mes yeux s'élargissant d'étonnement alors que mon père et Nathan, un ami proche s'avancent, portant un immense gâteau orné de bougies scintillantes formant le chiffre "25". Des larmes de joie perlent au coin de mes yeux, tandis que je réalise, avec un mélange de honte et d'incrédulité, que j'avais moi-même oublié mon anniversaire.
- On souffle les bougies, Hazel ! m'encouragent-ils tous.
Je ferme les yeux, inspire profondément, rassemblant mes vœux et mes espoirs, et souffle avec toute ma force, dispersant les flammes dans un souffle puissant et libérateur. Lorsque je rouvre les yeux, un choc émotionnel me saisit.
Face à moi, à quelques pas seulement, se tiennent ces yeux verts, d'un vert profond et captivant, des yeux que j'avais juré de ne plus jamais revoir. Darius. Son regard, intense et pénétrant, me transperce. Mon cœur, pris dans un tourbillon de battements frénétiques, menace de s'échapper de ma poitrine.
C'est comme si le temps s'était suspendu, comme si tout le poids des années passées, tous ces souvenirs enfouis et ces émotions refoulées, ressurgissaient en un instant. C'était comme être à nouveau cette adolescente, vulnérable et éperdument amoureuse, suspendue à chaque mouvement, à chaque parole de Darius.
L'instant est si intense, si saturé d'émotions brutes, que tout autour de moi semble s'effacer. Il n'y a plus que lui et moi. La surprise de le voir ici, dans ma maison, entourée de ma famille et de mes amis, me laisse presque sans voix. C'est un ouragan d'émotions qui me balaie, un mélange de joie, de douleur, de nostalgie.

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Un Mari Inaccessible
RomanceÀ 15 ans, Hazel tombe éperdument amoureuse de Darius, fils du meilleur ami de son père. Malheureusement, son affection n'est pas partagée, Darius lui vouant un dégoût inexplicable. Après des années d'éloignement, le destin les réunit à ses 25 ans lo...