Allongée sur son lit, je fixe l'écran de mon téléphone, mes pensées virevoltant sans cesse. Un seul jour dans cette immense maison et je n’en peux déjà plus. La solitude ici est oppressante, tout comme ce silence pesant. Une semaine, c’est tout le temp que devait durer notre lune de miel donc encore quatre jours sans compter le dimanche, quatre longs jours coincée dans cette maison avec un homme qui semble m’avoir oubliée dès notre premier jour de mariage.
Je m'imagine rendre visite à mes parents maintenant, mais rien que l'idée de leur expliquer la situation me glace. Ma mère s'en voudrait, je le sais. Après tout, c'est elle qui m’a encouragée à accepter cette union. C’est elle qui était persuadée que Darius et moi ferions un couple parfait, qu'il saurait m’aimer. Mais elle ne sait rien du vrai Darius. Lui parler de la vérité serait comme détruire ses espoirs. Je ne peux pas lui infliger ça.
Quant à mes amies... Elles sont dans l'ignorance totale. Elles ignorent l’amour secret que j'ai nourri pour Darius pendant toutes ces années. Elles n’ont jamais su à quel point j’étais prête à tout pour lui, même à accepter un mariage arrangé. Et pourquoi l’auraient-elles su ? Je n’ai jamais été très ouverte sur ma vie privée, surtout quand cela concernait Darius. Je me demande ce qu'elles penseraient si elles savaient la vérité.
Je pousse un profond soupir d'agacement, mes doigts frôlant l'écran de mon téléphone. Pas un seul appel. Elles doivent sans doute penser que je suis trop occupée à profiter de ma lune de miel. Et quelque part, je préfère ça. C'est plus simple, plus facile de laisser les gens croire que tout se passe bien. C’est peut-être pour cette raison que je reste enfermée ici, dans cette grande maison silencieuse. Pour ne pas avoir à faire face aux regards curieux, aux questions intrusives. Ne pas avoir à mentir, encore moins à donner des explications.
Qu'ils pensent tous que nous sommes encore en lune de miel, que tout est parfait, que je suis comblée. Cela vaut mieux que d’affronter la vérité. Darius, lui, ne semble pas s’en soucier. Il est sorti toute la journée, comme si rien de tout cela n’avait d’importance pour lui. Il ne s’inquiète sûrement pas de ce que les autres pourraient penser s'ils le voyaient ici, de retour. À quoi bon ? Darius a toujours été ainsi, détaché, indifférent. Pourquoi cela changerait-il maintenant ?
Je soupire une fois de plus, la fatigue pesant sur mes épaules. Je me tourne dans mon lit, cherchant une position plus confortable. Mes yeux se ferment lentement, me permettant enfin d’échapper, ne serait-ce qu’un instant, à cette journée interminable de solitude et de pensées tourmentées.
…
Un bruit me fait sursauter, me tirant brutalement de mon sommeil. Mon cœur bat à tout rompre alors que je me redresse, allumant rapidement la lumière de ma table de chevet. Je scrute la pièce autour de moi, mais tout semble normal. Peut-être ai-je rêvé ?
Je me rallonge, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur, persuadée que ce n’était rien. Pourtant, à peine quelques secondes plus tard, un autre bruit se fait entendre, cette fois plus faible, presque imperceptible. Mais il est là. Quelque chose ou quelqu'un est en mouvement dans la maison.
Je descends précautionneusement du lit, les pieds touchant le sol froid, et me dirige vers la porte de ma chambre. Darius. Cela doit être lui. L'angoisse suivie d'une pointe d’inquiétude monte en moi. Et s’il avait un problème ?
J’ouvre lentement la porte et me glisse dans le couloir plongé dans l'obscurité. J’avance prudemment, mon souffle se faisant plus court à chaque pas. Le silence est oppressant, presque palpable. Je descends les escaliers, mes pieds nus glissant sur les marches de marbre, le cœur battant à un rythme irrégulier. Chaque pas résonne dans cette grande maison silencieuse, amplifiant l’étrangeté de la situation. Le bruit que j’ai entendu plus tôt me pousse à avancer, même si une part de moi hésite.
— Darius ? dis-je doucement, ma voix se perdant dans l’immensité du salon.
Je franchis le dernier escalier, et en entrant dans le salon, je m’arrête, figée par ce que je découvre. Là, devant moi, une femme est assise sur la petite table basse dos à moi, les jambes écartées, tenant fermement les épaules de Darius. Lui, debout entre ses jambes, l’embrasse avec une intensité qui me coupe le souffle, comme s’il voulait la dévorer toute entière. Le vase décoratif qui était autrefois posé sur cette table est désormais en morceaux éparpillés sur le sol, comme un écho de ma propre réalité qui s’effondre en mille morceaux sous mes yeux.
Je reste là, immobile, incapable de détourner le regard. Leurs corps sont tellement enchevêtrés, leur passion évidente, qu’il me semble impossible de respirer. Mes poumons refusent d’inhaler, comme si l’air lui-même avait été aspiré hors de la pièce.
Darius, cet homme qui est censé être mon mari, descend ses baisers dans le cou de cette femme, c'est là que son regard rencontre le mien, et ce que je lis dans ses yeux me glace encore plus que la scène en elle-même : une indifférence absolue, une sorte de défi silencieux, comme s’il se demandait ce à quoi je m’attendais vraiment de lui.
Je sens un sanglot me monter à la gorge, et malgré mes efforts pour le retenir, il s’échappe, brisant le silence entre nous. Mais Darius ne bouge pas, elle non plus. Aucun d'eux ne fait attention à ce qui se passe autour d'eux. Son expression reste impassible, presque froide. Son regard me perce, sans la moindre trace de remords ou d’hésitation.
Il n’a même pas besoin de parler. Tout est déjà dit dans ses gestes, dans son absence de réaction. Il me laisse comprendre, sans un mot, que je n’ai jamais compté pour lui et ce ne sera jamais le cas. Mais franchement, il n'avait pas besoin de le faire ainsi. De me faire si mal...
Je recule lentement, le cœur en lambeaux, essayant de reprendre mes esprits. Mais les images de lui, de cette femme, de leur étreinte passionnée, tournent en boucle dans ma tête. Mon esprit est un champ de bataille où la colère, la douleur, et l’humiliation se mêlent, me submergeant. Je tourne les talons et monte les escaliers, chaque pas plus lourd que le précédent. Mon corps est engourdi, mon esprit en surchauffe. Pourquoi me faire ça alors qu'il sait très bien ce que je ressens pour lui ? J'avais déjà compris que notre mariage ne mènerait à rien, mais est-ce vraiment utile de me faire ça dans ce qui est censé être notre maison ?
Arrivée dans ma chambre, je referme la porte derrière moi, le dos appuyé contre elle. Mes jambes me lâchent, et je m’effondre au sol, mes genoux ramenés contre ma poitrine. Je me mords la lèvre, tentant de ne pas crier, de ne pas faire plus de bruit. Je ne veux pas qu’il m’entende, je ne veux pas qu’il sache à quel point il m’a brisée. Mais malgré tous mes efforts, les larmes coulent, inarrêtables. C’est comme si mon corps s’était trahi lui aussi, incapable de contenir la douleur que je ressens.

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Un Mari Inaccessible
RomanceÀ 15 ans, Hazel tombe éperdument amoureuse de Darius, fils du meilleur ami de son père. Malheureusement, son affection n'est pas partagée, Darius lui vouant un dégoût inexplicable. Après des années d'éloignement, le destin les réunit à ses 25 ans lo...