Jour 9

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« La discorde de Décembre et le roi des rats »

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De bonne humeur, Fyodor Dostoïevski arpentait les couloirs à la recherche de sa supérieur.

Il avait hâte de voir comment elle allait réagir lorsqu'il lui donnerait la dernière information sur laquelle il venait de tomber grâce au réseau que lui, le nouveau professeur venu de Russie avait créé et nommé le R.M.M. Il avait ainsi de nombreux informateurs (les « rats ») dans presque toutes les classes, en plus d'en avoir un ou deux parmi ses collègues.

Certes, au départ, il n'avait pas du tout prévu d'arriver dans une sorte d'asile de fou (ce «lycée» avait pourtant une excellente réputation, contrairement à lui), mais après quelques mois d'adaptation, et surtout après avoir surmonté la déception de s'être vu offrir un poste de professeur de musique, au lieu d'enseigner sa langue natale (il s'était longtemps demandé comment il était sensé le prendre), cet état de fait était plutôt distrayant, car cet établissement scolaire était un parfait sujet d'étude et les événements s'y déroulants, particulièrement intéressants.

Il avait observé avec délice la grève que certains élèves avaient fait quelques jours plus tôt quand ils avaient appris les projets de fin d'année de la directrice, tout comme il avait vu de quelle manière elle l'avait jugulée.

Mais, à n'en pas douter, ce qui l'avait le plus achevé était ce que tous appelaient « la débâcle de Pâques » (afin ne pas mourir, Fyodor avait dû s'excuser une bonne dizaine de fois auprès de l'ex-directeur pour avoir recraché tout son jus de fruit sur sa chemise, car il avait explosé de rire, lui qui d'ordinaire ne ressentait qu'un vague amusement), et n'avait jamais ressenti plus de déception que la fois où on lui avait annoncé que Mori Ougai avait été contraint de démissionner des suites d'un pari contre Rampo Edogawa (alors élève de seconde).

L'idée de ne plus pouvoir profiter de ses choix discutables (dont le seul but était de « voir comment ses élèves chéris allaient réagir ») et de ne plus pouvoir observer ce qui en résulterait lui semblait particulièrement triste.

Voire même injuste.

Comment était-il sensé ressentir de la joie de vivre, après pareille tragédie ?

Non-pas qu'il éprouve une quelconque affection pour ce vieil homme agaçant qu'était son ancien supérieur (lorsqu'il lui avait demandé pourquoi il devait apprendre la musique à des élèves n'ayant justement pas la moindre oreille musicale, il n'avait toujours pas digéré le fait que l'autre lui ait répondu avec un certain culot, que ce serait beaucoup plus amusant ainsi), mais effectivement, ces décisions, elles, lui manquaient terriblement (sauf celles le concernant).

Néanmoins, en cette année scolaire déjà bien entamée, il avait fait une belle trouvaille. Qui pour une fois allait provoquer un si beau chaos que cela le rendait réellement heureux.

De plus, avec un peu de chance, il aurait enfin le poste qu'il désirait en guise de récompense pour le service qu'il allait rendre à Koyo Ozaki.

Fyodor Dostoïevski, heureux. C'était vraiment le monde à l'envers.

À croire que la sois-disant magie de Noël en laquelle il ne croyait pas (en fait, il ne croyait pas en beaucoup de chose) déteignait sur lui.

- ... Livre de contes de Noël que ma famille m'a envoyé !

Le grand brun s'arrêta net pour revenir sur ses pas.

Ce n'était pas la salle que sa classe tant préférée que détestée (la plus remplie d'éléments perturbateurs capables de mettre à mal ses plans, mais mais aussi la plus marrante) avait réservé pour discuter du projet que leur avait ordonné la directrice ?

Projet qu'il avait lui même proposé avant qu'elle ne l'annonce à la classe de première A, d'ailleurs.

Il écouta avec attention ce qui se disait avant d'avoir une illumination.
Eh bien voilà ! Il avait trouvé celui qui ferait l'affaire pour mettre son idée à exécution sans que sa réputation n'en pâtisse.

Tapis dans un recoin, il retint sa respiration lorsque les regards, au combien perçant, des principales sources de ses problèmes se braquèrent dans sa direction. Dazai Osamu et Rampo Edogawa. Sans parler des petits protégés de Koyo Ozaki, Chuya Nakahara et Kyoka Izumi.
Ces quatre-là étaient clairement les pires du lot.

Eux, avec la petite Akiko, dont la mère entretenait déjà une relation terriblement houleuse avec lui, alors si le fait qu'il rôde autour de la classe de sa fille arrivait à ses oreilles, il serait quitte pour avoir un mal de crâne carabiné en plus de plusieurs autres désagréments.

Qui, entre-nous, il souhaitait éviter, puisque la fois où elle avait versé un médicament de sa conception dans son verre était encore vive dans son esprit.

Tout comme les longues heures passés dans les toilettes ce jour-là.

Fyodor respira à nouveau alors qu'ils passaient à côté de lui, sans pour autant le voir afin de rejoindre l'amphithéâtre où toutes les classes commençaient les préparatifs nécessaires au marché de Noël ainsi qu'à la décoration du reste du lycée.
Il patienta ainsi durant plusieurs minutes lorsqu'une tête à lunette bien connue sortit enfin de la salle.

Alors il marcha d'un pas pressé, le bouscula en laissant tomber la feuille qu'il avait dans la main à son attention, puis tourna au détour du couloir.

Là, il continua sa route en chantonnant gaiement une chanson de son pays natal.

Tant pis pour la directrice, son information serait livré par quelqu'un d'autre que lui, mais cela ne changerait pas grand chose.

Si ce n'était une plus grande répercussion.

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Here I'am !
Je ne vous cache pas que ce texte est de loin le plus court du calendrier... Mais qu'y puis-je au fond ?
Dans tous les cas, tant que je suis à l'heure (je ne garantis pas que ce soit toujours le cas jusqu'au vingt-cinq), c'est le principal !
En espérant que vous ayez passé une bonne journée, à demain !

Bungo Stray Dogs - Christmas Calendar -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant