Jour 7

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«Où comment se faire avoir en beauté alors qu'on a rien demandé» (partie 2)

- Bon, maintenant que le calme est revenu, on continue ? proposa Akiko, en prenant une expression innocente.

Kunikida manqua de déglutir. Yosano était bien la seule de la classe à lui faire peur, et pas qu'un peu. Et pour cause : il avait vu comment elle était passé de petite fille timide à une terrible despote doublée d'un médecin psychopathe... sans parler du fait qu'il avait aussi assisté à ses... premiers soins, dirons-nous (il n'était pas vraiment sûr que blesser quelqu'un pour mieux le soigner soit très réglementaire...), donc il ne se laisserait jamais abuser par son air d'innocence feinte. Jamais.

Et de toute façon, les seuls à l'être vraiment ici, étaient Atsushi, Kyoka (quoi qu'il ne s'avança pas trop pour elle) et Kenji.
D'ailleurs en parlant de lui, il était anormalement silencieux.

Il le chercha des yeux et finit par le trouver à côté des professeurs Tanizaki (qui avaient été banni de la salle des professeurs pour on ne savait-trop quelle raison) en train de lire quelque chose avec un grand sourire sur le visage. Ils furent rapidement rejoins par Atsushi qui les observaient avec curiosité.

- Qu'est-ce que tu lis Kenji ?

- Je lis le livre de contes de Noël que ma famille m'a envoyé !

Kunikida sursauta.

Mais oui ! En décembre, et plus particulièrement le vingt-quatre, la plupart des gens lisaient, regardaient ou offraient des présents en rapport avec ça ! Comment avait-il fait pour oublier ce détail ?

- Quels sont les contes les plus populaires parmi les gens normaux de notre génération ?

- Tu ne te mets dans le lot j'espère ? Parce que je ne suis pas sûre que quelqu'un d'obsédé par un carnet contenant un idéal qu'il suit à la lettre, puisse être « sain d'esprit », murmura Gin en cachant difficilement son hilarité.

En effet, le blond ne se séparait ni de ses lunettes, ni de son carnet dans lequel il notait absolument tout : ses idéaux, ses objectifs, les repas du self, des conseils santé, le déroulement de ses journées... et parfois même ses pensées profondes ou ses plaintes plus que fréquentes concernant le comportement immature et dénué du moindre bon sens de ses camarades.

- Je pense que l'idée de Dazai n'est pas si mauvaise, dit Rampo en machouillant une réglisse avant d'ajouter : mais il faut que ce soit une histoire qui finisse bien. Il vaudrait mieux mélanger ça avec un conte ou une autre histoire que la directrice apprécie en cette période de l'année.

Tout le monde se tourna alors vers Chuya et Kyoka qui connaissaient la directrice mieux que quiconque dans l'établissement.

L'un étant son petit frère, et la deuxième étant la fille d'une amie très chère à Koyo qu'elle avait adopté lorsque les parents de la petite (qui n'avait à l'époque, que six ans) étaient décédés des suites d'un accident de voiture. Aussi tous deux avaient-ils grandis et été élevés par elle.

Ils devaient forcément savoir les goût de la jeune femme qu'était leur «maître-chanteur».

Les deux adolescents se regardèrent, vaguement gênés, sans trop savoir ce qu'ils pouvaient et ne pouvaient pas dire à leurs camarades sans que l'autorité ainsi que la crédibilité de Koyo n'en prennent un coup. Elle avait, disons... des goûts assez particuliers.

- Comme l'a dit Rampo, grande sœur n'aime que les histoires qui se terminent bien, Lâcha finalement la petite brune.

- Et elle a une petite préférence pour les comédie-romantiques... et dans lesquelles il y'a un peu de magie. En ce moment elle regarde aussi certains... films de Noël. Acheva quant-à lui, Chuya en esquissant un petit sourire gêné.

Il sentait qu'il regretterait toute sa vie ce qu'il venait de dire. Intuition confirmé par Rampo qui se leva pour prendre une craie et écrivait à présent : « conte Disney (=fin heureuse) », « Cliché de sauvons la magie de Noël », puis annonça que cela devrait faire l'affaire avec un air satisfait.

Il avait deviné ce que le rouquin n'avait pas dit et n'aurait apparemment aucun remord à s'en servir d'une manière ou d'une autre.

Kunikida, lui, se sentait assez mitigé, contrairement à Kenji que cela semblait ravir, car il sautillait maintenant dans toute la pièce avec Kaiji et Tachihara. Au même moment, le gaspilleur de bandages (comme ils surnommaient Dazai) éclata de rire en même temps que plusieurs autres de leurs camarades puis s'avança afin de donner une tape dans le dos du délégué de classe, qui ne comprit la raison de leur hilarité que lorsque ce dernier hoqueta :

- Eh bien, Kunikida-kun, en ta qualité de délégué, on va te laisser gérer l'organisation de la pièce, hein ? Bonne chance, hi hi... tu vas en avoir besoin... !

Ce n'est qu'en les voyant tous sortir de la salle en rigolant qu'il comprit qu'il venait encore de se faire rouler dans la farine.

Découragé, il fixa le tableau du regard. Comment diable était-il sensé s'y prendre pour mélanger et organiser tout ça en moins de vingt-deux jours ? Malgré le fait que madame Ozaki ait déjà déplacé la date de la pièce pour le vingt-quatre décembre, était-ce seulement possible d'arriver à un résultat correct en si peu de temps ? Tout en décorant l'école ?

À cet instant, il maudit le monde entier de fêter les fêtes de fin d'année justement en cette période de l'année.
De la même manière qu'il maudissait la directrice pour ses goûts (que se soit en matière de punition, que pour son attrait pour les marchés de Noël...), mais surtout, il maudissait ceux qui l'avaient une fois de plus abandonnés à son sort, alors qu'ils étaient bien plus responsables que lui dans l'affaire de la destruction de la salle de chimie.

Doppo Kunikida essuya le tableau vert en grimaçant tout en tapotant le sol d'une chaussure légèrement roussie. Il n'avait strictement rien à voir avec cette affaire : il avait juste été au mauvais endroit, au mauvais moment.

Il sortit de la salle lorsque la sonnerie de fin des cours retentit, mais perturbé comme il était à cause de sa matinée mouvementée, le garçon percuta quelqu'un et manqua de tomber à la renverse.

Il se rattrapa tant bien que mal au mur dans le but de rétablir son équilibre avant de se retourner afin de s'excuser, mais ne pût apercevoir qu'une chapka blanche tourner à l'angle du couloir.

Il n'avait même pas eu le temps de ramasser le papier qui venait de tomber.

L'adolescent fixa la feuille pendant plusieurs secondes tandis qu'un large sourire s'étirait lentement sur son visage. Il tenait entre ses mains sa vengeance... et c'était l'un des plus beaux cadeaux de Noël qu'il n'ait jamais eu.

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Heya ! Tout juste dans les temps ! J'espère que vous passez un bon début de mois de décembre (certes humide, mais bon...) et que vous gardez la santé !
À demain !

Bungo Stray Dogs - Christmas Calendar -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant