Au Fil de mon Encre

Nouvelle numéro 2 : Au Fil des Confessions

--- Synthèse vocale en route ---

Putain, me voilà seule pour mon anniversaire, le 28e d'une vie déjà bien trop longue à mon goût, le goût de la vie que j'ai perdu à cause de lui, d'elle, ou d'eux ? Aussi longue que cette phrase d'introduction. De toute façon, je ne suis pas née pour devenir chanteuse, actrice ou écrivaine. Trop longtemps, je suis restée seule pendant des années. Aussi longtemps que le temps nécessaire pour rouler un joint après six verres de Vodka Redbull. Bien trop longue pour écrire à ceux qui m'écrivent. Et puis, je m'en fiche de toute façon, c'est moi contre les autres. Je dirais même que c'est moi contre le monde.

Je n'ai pas compris le sujet de la thèse. Peut-être qu'elle est bonne ou mauvaise ? Je n'en ai rien à foutre, je n'ai pas compris le sujet. J'ai foiré la conclusion : je n'ai pas changé mes draps, ça fait six mois point. Mais qu'est-ce que j'écris qui va lire de toute façon ? Attends, je vais remplir mon septième verre, je reprends après

Me voilà de retour, trois heures plus tard, ce verre était long. Moins long que mes rapports sexuels, avec des vieux mecs. Un verre bien trop long comme ma chute dans cette société si belle. Une société capitaliste entre les bobos écolos et les fachos extrémistes. Mais qu'est-ce que je dis, je n'ai pas voté depuis mes 18 ans, pour qui je me prends pour parler politique

Oui, je n'ai jamais voté, mais qui vote ? Puis le vote est secret, qu'est-ce que tu sais que je n'ai jamais voté ? Puis je m'en fous de ton avis. Je l'ai écrit, oui ? Et ? De toute façon, ce qu'on écrit n'est pas forcément vrai, si ? Non, fin, je ne sais pas, puis je m'en fous. J'ai voté une fois au collège pour l'éco délégué. Attends, pause, je vais me reprendre un verre à la ligne

En vrai, c'est selon ton rôle, c'est plus ou moins drôle. C'est la vie, celle avec qui tu dois composer, comme ma voisine qui a un mari violent, elle doit composer avec, et c'est comme ça. Putain, cette phrase est bien trop longue. Synthèse vocale Stop coupe point à la ligne putain, mais point le symbole, pas le mot sale pute

Bref, je reprends de la main droite, la gauche tient mon joint ou mon verre. Ça dépend des secondes, je suis polyvalente. Comme mon ex-copain, FREDOO, polyvalent, il était le boug. Une meuf la semaine à Paris et une autre le week-end quand il retournait chez lui, enfin chez elle. Et moi, bah quand il voulait, généralement quand l'une et l'autre ne répondaient pas. Mais qu'est-ce que je raconte ? C'est beaucoup trop de mots pour te répondre, hein ? Mais, hein, sans aucune faute et sans l'aide de personne. Dis Siri putain synthèse vocale de merde PC de bâtard fonctionne là

Ce message est bien trop long, un peu comme mon temps au chômage. Ça fait trois ans que je me dis, dans six mois, je dois reprendre un boulot. C'est Français ? Oui, c'est français, de toute façon, je parle comme j'écris. Enfin, non, j'écris comme je parle. À la ligne. Je suis au chômage, mais ce n'est pas de mon choix, c'est celui des autres. Fin non, pas des autres, celui de mon boss. Fin, non, c'est celui du boss de mon boss. Fin, non, c'est celui du boss du boss du boss de mon boss. Un mec gavé d'argent et de graisse. Une belle caricature d'un homme riche. Tout le monde était au courant de mon futur licenciement, pourtant même en courant, je n'ai pas échappé au tourment et en attendant, j'ai simplement eu le dénommant, mon licenciement. Mais mes phrases sont trop longues, mais j'écris bien, poétesse que je suis, avec mes rimes avec le son [ã] : « an, am, en, em ». Treizième verre, let's fucking go, synthèse vocale, coupe, putain elle ne marche pas, je dois cliquer ou déjà putain Alexia, pause ton verre, t'es en train d'en mettre partout

Bon, je reprends, je me pose un verre de plus à la main. Merde, c'est quoi cette tâche sur mon jogging Nike. Eofifauaiguhfh Hop, clavier tout propre, putain, mais c'est pas mal, ça fait comme si j'étais dépressive seule chez moi. Alors qu'en vrai, je suis juste seule chez moi, dépressive. M'en fou, j'écris bien d'après qui d'ailleurs ? À la ligne. J'ai écrit y a quelques jours mon bouquin, celui qui parle de meurtre et de je ne sais plus trop quoi, de drogue, en bref. En vérité, je m'en branle, je vais le supprimer, mais pour répondre à ta lettre, oui, je vais bien. C'est une longue réponse que je te fais non ? Aussi longue que le Titanic et aussi prévisible que ce film de merde, fin quoi ? C'est mon avis, on sait tous que ce bateau de merde va couler. Pourquoi rester trois heures si on connaît la fin ? C'est comme rester dans une relation toxique en fait, tu connais la fin mais tu restes, FREDOOO. Allez un dernier pour la route à la ligne

J'attendais ce message, mais je n'ai rien à dire, rien à signaler. J'ai du mal à avaler. Mes enfants seront meilleurs, fin d'abord il me faut des enfants. Putain, mais l'ennui mérite, je deviens qui bordel de merde ? J'ai 28 ans, les années, ça passe si vite, mais on ne m'attrape pas comme la fumée. Sens de cette phrase, Alexia, aucun, alors reprends-toi putain. Télécommande, tu es où, bha non, je ne dors pas alors mets la suite de mon épisode, putain, et mais j'ai sali le divan. Ma sœur, cette petite Conne, a déjà deux enfants, une maison et des trucs et moi, je suis là dans mon jogging gris délavé que je porte depuis 4 jours pour me plaindre de tout et de rien.

Je vis à base d'aide sociale, mais personne ne m'aide, ça fait 9 fois que je pose un lapin à ma psy. Tu ne le sais pas en fait, c'est ma pote qui voit une psy qui m'a dit de voir une psy et quand j'ai vu cette psy, elle m'a dit d'aller voir une autre psy. Depuis, je dois voir cette psy mais ça fait 9 fois que je lui pose un lapin. Non, mais l'année prochaine, je vais me reprendre en main, quoi ? Oui, bon, on est en janvier, mais je prépare les bonnes résolutions pour l'année prochaine. Si je suis encore là ? Oui, morte hein, car je suis trop pauvre pour partir, si je veux partir, je dois me foutre dans le train d'atterrissage d'un avion. Synthèse vocale, coup, elles sont où mes feuilles dans tout ce bordel à mais elle est la bouteille aller un dernier verre, bon, reprenons à la ligne

J'ai fait des études, tu sais, car j'avais un objectif, être écrivaine. Mes études ? Des études de droit, alors oui, pour être écrivaine, ce n'était pas le bon choix. Mais je ne suis pas douée avec les choix comme avec les mecs, ces chiens. Être écrivaine, qu'on transforme mes livres en séries ou en films. Résultat, j'ai écrit, mais c'est bien trop nul pour être publié par quelqu'un. Et je me vois mal devenir la connasse qui refuse des photos à ses lecteurs car j'ai trop de choses à faire. Actuellement, c'est sûr que je ne peux pas, j'ai rien à faire, je suis au chômage. Oh la référence de Zinzin.

Non, en vrai, je vais poser mon verre et écrire sérieusement. Déjà parce que j'en fou partout et parce que j'aimerais changer. Je ne suis même pas chez moi quand je t'écris, je suis dans un pays du Nord de l'Europe. Je ne me suis pas foutue dans le train d'atterrissage pour partir, j'ai claqué mes dernières économies. Je viens de finir ma bouteille de vodka et je n'ai plus de shit de toute façon, je n'ai pas retrouvé mes feuilles. J'ai l'esprit clair, je ne sais comment, mais il est clair comme de l'eau de roche. Je vais me reprendre en main, je te jure, crois-moi. Je vais revenir en France et j'irai à la capitale à la rencontre des maisons d'édition qui s'intéressent à ma personne, et ça va aller. Merci de m'avoir écrit tous les ans pour mon anniversaire, ça va aller maintenant. Ça fait quelques années que je ne vais pas bien, mais maintenant je vais devenir celle que je veux être, merci. Je t'enverrai cette lettre comme je l'ai écrite, c'est ma manière à moi d'être sincère et transparente avec toi.

                                                                                               Alexia,