Nouvelle numéro 9 : La Symphonie des Erreurs

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Vous savez, vous savez.

Non, on ne sait jamais rien. Nous passons notre vie à faire des erreurs : des fautes d'orthographe, de syntaxe ou bien des fautes relationnelles. Mais c'est sûrement ça, vivre, je crois. J'ai passé autant d'années sous terre à blanchir toutes ces pages. Scrive le disait, rien ne se passe comme on le souhaite.

Les erreurs se reproduisent, sans arrêt.

Mag' était là, dans ce parking vide de voitures, à mes côtés, à me transmettre son savoir. Mais dans toutes ses histoires, il n'y a jamais eu d'Airaud. Il y avait juste des « ma » et des « non ». Rien d'autre.

J'ai traversé des ponts, des voies, avec "Le Monde de Chloé" dans les oreilles. La musique, douce et mélancolique, accompagnait chacun de mes pas, me rappelant les moments passés et ceux encore à venir. Chaque note, chaque parole, résonnait comme une réminiscence de mes errances et de mes quêtes, de mes victoires et de mes échecs.

Et puis, dans toutes ces aventures ou mésaventures, j'ai écrit une tonne de lettres. En oubliant parfois les "A". Mais sans rien oublier d'autre. Chaque lettre était une tentative de capturer l'éphémère, de donner un sens à l'insaisissable. Les mots coulaient, imparfaits mais sincères, comme des fragments de mon âme dispersés sur le papier.

La sérine, douce mélodie des protéines, est un acide α-aminé dont l'énantiomère L, l'un des 22 architectes essentiels de la vie, danse sur les symphonies des codons UCU, UCC, UCA, UCG, AGU et AGC des ARN messagers, apportant vitalité et harmonie à l'existence biologique. Dans cette danse invisible mais omniprésente, la sérine rappelle la beauté des petits détails qui composent la complexité de la vie. Comme elle, nous sommes tous des fragments d'un tout plus grand, chacun jouant sa part dans la symphonie de l'existence.

— Père ? Qu'écris-tu si tard ? Tu manges ? Y a-t-il un repas dont tu ne m'as pas parlé ?

— Oui, plusieurs, plusieurs repas.

— Père ?

— Fils ?

— Tu dis souvent que la famille, c'est comme une équipe de foot, qu'il faut être soudés pour avancer. Maman, elle, a une grande équipe ; on les voit tout le temps, d'ailleurs. Mais toi, ton équipe, où est-elle ?

— Mon équipe ? Je ne sais pas, probablement aux quatre coins du monde. Les étoiles reflètent sûrement leurs âmes.

— Mais ils ne te manquent pas, ton équipe ?

— Bien sûr, ils me manquent. Mais aujourd'hui, mon équipe, c'est ta sœur, ta mère et toi. Et plus tard, tu fonderas toi aussi une nouvelle équipe, sans jamais oublier celle qui t'a fait grandir.

— Papa, pourquoi on ne connaît pas tes parents ?

Le père soupira, détournant son regard vers la fenêtre où les étoiles brillaient faiblement dans le ciel nocturne. Une légère tristesse teintait son sourire lorsqu'il répondit.

— Mes parents... c'est une histoire compliquée, mon fils. Ils sont partis avant que tu ne naisses, et la vie nous a éloignés. Mais leur mémoire vit en moi, et à travers moi, en toi aussi.

— Tu penses qu'ils seraient fiers de nous ?

— Oh, sans aucun doute, répondit le père avec un sourire. Ils seraient fiers de la famille que nous avons construite, de la façon dont nous nous soutenons les uns les autres. C'est ce qu'ils voulaient pour moi, pour nous.

— Est-ce qu'on pourra leur rendre visite un jour ?

— Peut-être, dit le père doucement. Un jour, quand le temps sera venu. Mais en attendant, nous pouvons honorer leur mémoire en vivant pleinement, en nous aimant et en nous soutenant, comme ils l'auraient voulu.

Le silence s'installa entre eux, empli de compréhension et d'acceptation. Le garçon regarda son père, un nouvel éclair de détermination dans les yeux.

— Alors, je vais m'assurer que notre équipe reste forte. Comme tu l'as toujours dit, on avance ensemble.

Le père hocha la tête, ému.

— Oui, ensemble. C'est ça, l'essentiel. Ensemble, nous pouvons surmonter toutes les épreuves.

Le garçon sourit, satisfait. Il se sentait plus proche de son père que jamais, plus conscient de l'importance de la famille et du rôle qu'il jouerait un jour en tant que pilier de sa propre équipe.

— Allez, dit le père, il est tard. Il est temps d'aller dormir. Demain est un autre jour, et qui sait ce qu'il nous réserve ?

— Bonne nuit, papa.

— Bonne nuit, mon fils.

Le garçon se leva et se dirigea vers sa chambre, laissant son père seul avec ses pensées et ses écrits. Le père regarda encore une fois les étoiles, se sentant à la fois nostalgique et rempli d'espoir pour l'avenir. Il reprit sa plume, déterminé à écrire non seulement pour lui-même, mais pour la mémoire de ceux qu'il avait aimés et pour ceux qui viendraient après lui.

Vous savez, vous savez.

Vous vivez en moi, tous.

Je ne sais pas ce que j'écrivais, je n'ai jamais su. Je le fais pour le faire, instinctivement.

Puisse le Père de la Sagesse nous guider !

Au Fil de mon EncreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant