Nouvelle numéro 8 : Lettre à Marianne,

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Marianne,

Les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, piliers de l'identité française, vacillent aujourd'hui, ébranlées par les vents contraires de notre époque.

Liberté, chantre d'une époque révolue ?
La liberté de pensée, jadis sacrée, semble s'étioler sous le poids des susceptibilités. La peur de l'offense bride nos expressions, nous enfermant dans des carcans d'opinions prédigérées. Chaque camp défend sa liberté en discréditant ses adversaires, menaçant la démocratie elle-même.

Nous aspirons à réécrire l'histoire, oubliant que le passé n'est pas figé, qu'il se construit au présent et se nourrit des leçons d'hier. Nous voulons pêcher pour les fautes de ceux qui étaient là avant nous, en oubliant d'écrire correctement le moment présent, de forger notre propre avenir avec audace et responsabilité.

La liberté, concept protéiforme et précieux, se définit aussi par ses limites. Où commence-t-elle ? Où s'achève-t-elle ? Un débat crucial en ces jours sombres où la nuance et le dialogue semblent parfois sacrifiés sur l'autel de convictions tranchées. Il est impératif de retrouver un juste équilibre entre la liberté d'expression et le respect d'autrui, entre la défense de ses idées et la considération pour celles des autres.

L'égalité, mirage illusoire ?
Le sentiment de supériorité teinté de mépris envers ceux dont les opinions divergent s'érige en obstacle à l'égalité. Notre devise nationale n'est-elle qu'une chimère ? L'égalité n'est-elle pas l'essence même de la justice sociale ? Elle est le socle d'une société unie et pacifique, où chacun a sa place et peut s'épanouir pleinement, sans être entravé par des discriminations ou des injustices.

Fraternité, un idéal déchu ?
Sommes-nous encore ce peuple uni que la fraternité soudait ? La France, Marianne, est divisée, ne se rassemble qu'au gré des exploits sportifs, brandissant avec fierté le bleu, blanc, rouge. Cette image d'unité n'est-elle qu'une façade ? Aux yeux du monde, nous voulons paraître unis, mais dans nos rues, la réalité est souvent tout autre.

La fracture sociale s'élargit, alimentée par des discours clivants et des comportements empreints d'individualisme.

Sommes-nous à la hauteur de l'héritage de ceux qui ont défendu nos couleurs au péril de leur vie ? Nos politiciens, loin d'incarner toujours la fraternité, ne font parfois qu'accentuer les divisions. Comment le peuple peut-il s'inspirer de ceux qui le dirigent, s'ils ne prêchent pas d'abord l'exemple de l'unité et de la solidarité ?

Marianne, à l'heure du doute,
Nous nous divisons entre "bien-pensants" et "autres", ces derniers affublés d'adjectifs méprisants. Cette dichotomie stérile ne fait qu'approfondir les maux qui rongent notre société. Elle alimente les ressentiments et entrave le dialogue constructif, pourtant indispensable pour surmonter nos défis communs.

Plutôt que de sombrer dans le défaitisme, il est temps de raviver la flamme de nos valeurs. Engageons un dialogue constructif, sans tabous ni anathèmes. Acceptons la nuance, le désaccord, sans pour autant céder à la haine et aux invectives stériles. Retrouvons le sens de la liberté éclairée, de l'égalité réelle et de la fraternité agissante.

Marianne, guide-nous vers une France unie et respectueuse de ses principes fondateurs. Une France où la liberté d'expression s'exerce dans le respect d'autrui, où l'égalité des chances est garantie pour tous les citoyen(ne)s, où la fraternité se traduit par des actes concrets de solidarité et d'entraide.

Une France digne de ses valeurs et de son riche héritage, une France fière et rayonnante, capable de relever les défis du présent et de construire un avenir meilleur pour tous ses enfants.

"Oui, le peuple français est le peuple le plus intelligent de la terre. Voilà pourquoi, sans doute, il ne réfléchit pas." - Abbé Pierre

Au Fil de mon EncreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant