Nouvelle numéro 7 : Sous hêtre

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Sous un hêtre, tout commence peut-être. Et si tout devait se finir en sous-être ? Le vent murmure la fin à mes oreilles, caressant les milliers de feuilles autour de moi. À part le bruit du vent, un silence profond règne. De toute façon, je ne parle pas le vent. Mes couches de vêtements ne suffisent pas à chasser le froid pénétrant de cette forêt où je m'aventure sans réfléchir.

La lune joue à cache-cache parmi les feuillages, sa lueur à peine perceptible. Je ne peux lui demander si l'autre personne me veut toujours. J'aimerais demander à la lune et arrêter de jouer à l'aventurier. Amour, c'est quoi cet adage ? Regardent-elles le ciel comme moi en ce moment ?

Affalé, je laisse mon esprit errer, imaginant un visage que je ne rencontrerais jamais. Pourrais-je rester un sous-être, sous cet hêtre, retourner à la terre, rencontrer mes grands-mères. De l'autre côté du tronc, peut-être, y a-t-il une autre âme égarée dans le même déni que le mien, peut-être cette Espagnole du bus qui m'a bousculé.

La peur, compagne familière, me traverse, mais elle me fait sentir vivant. Encore un peu, s'il te plaît. Mes cicatrices resteront à jamais. En créant le visage de l'amour de ma vie, je me rends compte que je l'ai laissé filer entre mes doigts. Le ciel est clair, la température tourne autour de trois ou quatre degrés. Je ne pouvais pas me contenter du trente-troisième, je cherchais constamment le trente-quatrième échelon.

J'ai marché des kilomètres avant de m'arrêter ici. Le soir, les gens sont plus dociles, tous disent bonsoir. Bonsoir ? Non, mauvais soir, comme tant de soirs auparavant.

Mes cheveux, mouillés, tombent comme ceux de Petit Trunks. Mouillés, comme elles. Après l'orgasme, je t'aurais sûrement abandonné. Après l'orage, j'aurais sûrement pleuré, l'orage sur ton visage. N'ayant jamais trouvé ma place, mon chez-moi est si loin.

Mes mains me brûlent un peu, j'ai vraiment froid. Mes nombreux masques ont fait disparaître mon vrai visage. Nu sous un hêtre, je ne suis vraiment moi-même que dans ce moment. On peut facilement me trouver, je dégage une odeur persistante de culpabilité. Espérons que je sois un meilleur squelette que l'être de chair que je suis.

Des morceaux de mes phalanges restent sur l'écorce de cet hêtre. Mon sang se mêle doucement à sa sève. Moi, je m'enracine doucement à cet endroit. Et dans cette communion avec la nature, peut-être trouverai-je la paix. À défaut de l'avoir, intérieurement.

Au Fil de mon EncreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant