Destin et Assassin - Tome 2

Chapitre 7 : Natacha

L'arme tombe dans un fracas, ne laissant qu'une mare sanglante derrière mon geste.

« N'hésite pas à t'en servir... »

Pourquoi l'ai-je fait ? J'aurais pu viser n'importe où sur le corps et j'ai finalement tiré dans le dos. Je connais pertinemment les zones à éviter pour éviter de les tuer alors pourquoi je l'ai fait ? Bon sang. Je reste pétrifiée comme si le décor autour de moi n'était qu'une pure illusion. Je m'arrange toujours pour ne jamais tuer les personnes avec qui je me bats. Elles finissent blessées, parfois très gravement, mais loin de là l'idée d'enlever la vie me réjouirait. Je l'ai fait une fois avec la fameuse Aurora. Elle le méritait peut-être, je ne sais pas. Une chose est sûre, ce n'était pas mon rôle de lui ôter la vie.

J'ai l'impression que la seule personne à qui j'ai cédé le peu de confiance que je lui portais, a décidé de jouer à nouveau avec moi. Rien ne me garantit que cette fois-ci, il joue dans les règles. Il me cache toujours quelque chose qu'il n'a pas l'air de daigner me parler et je perds patience. Sa soi-disant confiance pour me donner une arme était, sans doute, un leurre. Tous les intrus décident étrangement de venir ici, dans les loges. Ils pourraient faire quelque chose de plus logique s'ils détestent tant Angel, comme, je ne sais pas, essayer de le tuer ?

Lorsque je tourne la tête vers lui, je m'aperçois que son épaule est immaculée de rouge. Son bras tremble et se contracte sous la douleur que cela doit lui procurer. Mon inquiétude éphémère est vite remplacée par la colère et le goût amer de la trahison que je ressentais quelques secondes plus tôt. Je m'avance vers lui, les yeux basculant de sa blessure à son visage, je fronce les sourcils d'un air condescendant. Il me regarde sans ciller et approche une main de ma joue que j'esquive rapidement.

- Arrête. Je sais ce que tu as fait. Ça ne passera plus. Ça ne marchera plus, vociféré-je.

- Lady, je n'y suis pour rien je t'assure.

- Ferme-là.

Une lueur dans ses yeux le fait vriller quand il tente d'attraper mon bras que j'enlève brusquement. Mes collègues et ses hommes semblent choqués de l'intonation que j'ai pris envers leur grand et terrifiant chef mais j'imagine qu'il ne faut pas être un génie pour deviner que je lui ai clairement dit de la boucler. Je me dirige d'un pas pressé vers la porte avant d'être arrêté une nouvelle fois par Alejandro. Un râle d'exaspération m'échappe et je finis par passer sous son bras qui me barrait la route. J'entends ses pas derrière moi me poursuivre comme un chien qui court après son maitre et j'en soupire déjà.

- Natacha ! Attends, ne t'emporte pas comme ça. Personne n'a été blessé, dit-il en arrivant à ma hauteur.

- Non c'est clair, fort heureusement ! Mais c'est moi qui me suis salie les mains.

- Pour sauver la vie de tes collègues. N'est-ce pas une bonne raison ?

- Je le pensais avant de me dire que vous avez failli à votre mission une fois de plus. Comment vous pouvez laisser passer autant d'enfoiré comme si vous ne voyiez rien ?

Une main se pose sur mon épaule avant que je ne la repousse d'une simple tape. Je n'arrive pas à leur faire confiance comme avant. Ce n'est plus possible. Je me méfie en permanence de chaque parole, chaque geste, chaque évènement, dans la peur que l'on se joue à nouveau de moi. Néanmoins, contre tous bons sens, Alejandro a toujours su trouver les mots juste. Un frisson parcoure mon échine en me remémorant encore ce qu'il s'est passé dans cette cave.

- Natacha, je peux t'emmener faire un tour ? Si tu veux.

- Et après tu me ramènes ?

- Bien sûr.