Chapitre 25 : Vivre

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Natacha

Le bruit de mes bottillons dans la rue résonne en écho avec les battements de mon cœur alors que je pianote sur mon téléphone. Je rejoins ma voiture parce que Sofia est sensée m’attendre sur le parking de son travail, afin que l’on s’octroie un apéro comme tous les jeudis soir depuis que nous sommes revenues. Il est vrai que je n’évite jamais trop longtemps la capitale des Flandres mais je suis très attachée à cette ville. Je viens retrouver certaines personnes qui me manquent dans la brigade mais cela reste très limité. Depuis ce qu’il s’est passé, il n’y a plus qu’à deux personnes que je fais réellement confiance dans la police. Rakowski et Nathan.

En quelques semaines, j’ai réussi à réintégrer la brigade grâce à mon ancien chef mais j’ai demandé à être mutée. Il était nécessaire que je ne reste pas dans les parages et je voulais quitter tout ceux qui ne m’ont pas cru. Je n’ai pas eu gain de cause et je ne l’aurais sans doute jamais car rien ne joue en ma faveur. A l’encontre d’une entrée en psychiatrie sans problème.

Nous nous sommes installées non loin de la frontière franco-belge. J’aurais pu changer de vie et partir totalement ailleurs mais je n’en ai pas les moyens pour l’instant. Obtenir des fonds pour déménager précipitamment après une disparition mystérieuse et totale de la société éveille trop de soupçons. Je n’ai guère envie d’être accusée de fraude. Peut-être d’ici quelques mois, je tenterais à nouveau ma chance pour commencer un nouveau départ. Mais pour l’instant, je suis condamnée à travailler pour gagner mon pain et à surveiller les moindres agissements suspects dans le coin.

La simplicité de ma vie me parait parfois être comme dans un rêve car je ne peux m’empêcher de rester sur le qui-vive. Mon calvaire me hante et me traque comme si Méga n’était jamais réellement sortit de ma vie. Vivre un an avec cet homme c’était comme si je n’étais plus maitresse de mon avenir et de mes moindres faits et gestes. Depuis que nous sommes dans cette nouvelle ville, je peux au moins penser à autre chose qu’à ma survie. Mais les vieilles habitudes ont la vie dur. Rester aux aguets fait maintenant parties de mes Tocs. Pour l’heure, je vais me consacrer à cette soirée avec mon amie, son frère et Matthew.

Lorsque je me gare, je relève la tête vers la jolie rousse qui s’approche de la voiture en souriant. Elle ouvre la portière et m’embrasse sur la joue lorsqu’elle s’assoit sur le siège passager. Son gloss nude me colle à la joue à un tel point que je ne peux éviter de m’essuyer la trace.

—    Bonjour mon bibi. Ça été ta journée ? demande-t-elle.

—    Ça été, même si elle m’a parue interminable ! Il était temps d’en finir.

—    M’en parle pas. J’imagine bien ! Aujourd’hui j’ai eu au moins cinq clients qui ont été désagréables. Il y en a un qui n’arrêtaient pas de me crier dessus parce que sa commande est arrivée en retard. Mais est ce que j’ai une dégaine de livreuse, s’il vous plaît ? Ce n’est pas ma faute ! s’énerve-t-elle en faisant des gestes.

 
J’enclenche la première alors que nous sortons du parking de sa boîte. Elle s’occupe de démêler ses cheveux à l’aide de ses ongles pendant qu’elle m’explique les péripéties de sa Journée.

 
—    Comme je te comprends ! Mais c’est ça de travailler au service après vente, le principal c’est que tu puisses leur proposer des solutions, réponds-je.

—    Étrangement, après mon calme olympien, ils s’adoucissent aussitôt, c’est vrai.

Ils se montrent doux comme des agneaux après leur problème réglé.

 
—    Travailler dans le social : un plaisir, réponds-je sarcastique. Moi je me suis embrouillée avec l’une de mes collègues qui ne pouvait s’empêcher de ne considérer aucune de mes pistes au sujet de mon affaire.
 

Destin et Assassin - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant