J'ai laissé Alejandro et Pablo dans le salon, le temps d'aller vérifier qu'est-ce qui arrive à Natacha. Son regard livide et son teint blafard m'ont de suite fait remarquer que quelque chose n'allait pas au Festin. Elle n'était même pas impliquée dans la réunion que l'on a eue et heureusement qu'Alejandro m'avait prévenu de son état. Ce n'était pas une si mauvaise idée de rentrer vu qu'elle s'est mise à courir jusqu'à l'étage. C'est d'un pas décidé que je la rejoins et que j'aperçois la porte de ma chambre entrouverte. Elle a probablement dû aller dans la salle de bain en urgence.
Quand je pousse la porte, je me fige en voyant la rouquine et Tania se tenir devant la salle de bain. Un soupir m'échappe et elles se rendent compte de ma présence dans une gêne qu'elles essayent de dissimuler. Décidément, personne ne manque à l'appel sauf moi. Elle est bien mignonne la rouquine mais qu'est-ce qu'elle me tape sur les nerfs à se trouver partout où elle ne devrait pas être. Lorsque je m'avance, j'entends les pleurs de la lady de l'autre côté de la pièce. D'un regard glacial, je fais rapidement comprendre aux filles de débarrasser le plancher, ce qu'elles font sans protester. Bien que Sofia ait longuement hésité en me détaillant. Il ne m'aurait pas fallu plus de temps pour la dissuader de rester. Je tente d'appuyer sur la clenche mais elle semble verrouillée.
- Lady ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Ouvre.
Les pleurs cessent subitement comme si elle avait été surprise sur le fait. L'oreille collée contre la porte, je pourrais presque l'entendre retenir sa respiration comme si j'étais assez con pour penser qu'il n'y a personne. Un petit reniflement se fait entendre avant un raclement de gorge.
- Ça va tout va bien. J'avais juste mal au ventre. C'est passé, dit-elle d'une voix qui se veut convaincante.
- Non pensare che io sia stupido.
Ne me prends pas pour un abruti.
- Ça va je t'assure.
- Sai che ho una chiave di riserva. Quindi aprire, se non volete che mi arrabbi.
Tu sais que j'ai un double des clés. Alors ouvre si tu ne veux pas que je m'énerve.
Un silence s'installe durant quelques instants qui me parait s'éterniser. Mais un bruit de serrure se fait entendre avant que je n'ouvre impatient. La lady qui se dresse devant moi a le regard fuyant, les yeux bouffis et la peau frileuse. Ce n'est pas la personne que j'ai l'habitude d'admirer au quotidien, celle-ci est vulnérable et fragile. Je ne sais pas exactement ce qui a pu la mettre dans cet état mais je n'ai pas l'impression qu'il s'agit uniquement de douleurs provoquées par sa maladie.
- Natacha... Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Une crise mais elle est passée. Je t'assure, prononce-t-elle en fixant ma mâchoire.
D'un geste lent et doux, je la repousse vers la cuvette afin de l'inciter à s'assoir. Je m'accroupis devant elle en posant mes mains sur ses genoux alors qu'elle ne parvient même pas à dissimuler les larmes qui lui montent à nouveau aux yeux.
- Je vois bien qu'il y a autre chose. Parle-moi, insisté-je d'une voix suave.
- Ma mère me manque.
Je déglutis difficilement et passe une main dans mes cheveux en réalisant la gourde que j'ai commise. C'est vrai que je lui avais promis qu'elle pourrait l'appeler. Depuis je n'ai pas respecté mon engagement mais je vais réparer cette erreur tout de suite. Un soupir m'échappe lorsque je me redresse pour retourner dans la chambre. En fouillant dans les tiroirs de la table de nuit, je retrouve le téléphone prépayé que j'avais acheté pour ses coups de fils. J'aurais dû y penser plus tôt. D'un pas pressé, je retourne auprès d'elle et le lui tend sous son regard ahuri.
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Destin et Assassin - Tome 2
RomansaAprès s'être prise d'une affection profonde pour la personne qui a changé le courant de sa vie. Natacha se voit se retirer quelques temps de la partie afin de revenir plus forte et déterminée que jamais. Si d'apparence, elle souhaite faire confianc...