Destin et Assassin - Tome 2

Chapitre 5 : Natacha

Le bruit de la terre battue grince sous mes pieds lorsque je sors de la voiture. Il n'y a personne, simplement Angel et moi qui sommes venu jusqu'au hangar pour « une petite affaire à régler ». Je dois avouer que ça m'étonne mais j'ai tellement l'habitude de ses changements de dernières minutes que je ne préfère pas y faire attention. Probablement pressé d'en finir avec ce qu'il avait prévu, il se dirige vers la grande porte me forçant ainsi à trottiner afin de le rattraper. Une fois que nous pénétrons dans le bâtiment, la pénombre du soir me fait frémir et je déglutis difficilement en constatant qu'il n'y a en effet personne.

Je le regarde en biais, croisant les bras sur ma poitrine tandis qu'il allume un baffle positionné sur une table à en faire froid dans le dos. Il s'avance ensuite au centre du hangar sans un mot pendant que Jesus he knows me de Ghost envahit la pièce. Son attitude est suspecte et je commence réellement à me poser des questions sur la raison de notre venue ici. Je l'inspecte sans retenue pendant qu'il s'aventure près des chaines suspendues au plafond et dont chacune est reliée de part et d'autre d'une structure en métal. Il balance sa tête en arrière et pince une cigarette entre ses lèvres avant de l'allumer.

- Méga ? Pourquoi tu nous as amené ici ? demandé-je calmement.

Il ne répond pas et laisse échapper la fumée de sa bouche d'une allure si énigmatique que cela en devient effrayant. Pour rien arranger à la situation, le peu de lumière que l'on percevait à travers les fenêtres a à présent presque disparue. Seul l'adaptation de mes yeux dans l'ombre me permettent de deviner sa silhouette dans ce bâtiment froid et lugubre. Mon cœur tambourine dans ma poitrine mais j'essaye de maintenir le contrôle de mes émotions afin de ne laisser rien transparaitre. La satisfaction que je discerne en lui me déstabilise tout de même, à croire que c'est ce qu'il cherche à faire. Je m'approche lentement et ainsi appuyer ma question à laquelle il n'a guère daigné répondre.

Il s'avance à son tour jusqu'à atteindre ma hauteur et plonge ses yeux dans les miens. Le clair de ses iris est presque comme des phares à travers l'obscurité qui nous a engloutit. De deux doigts, il attrape sa cigarette toujours coincée entre ses lèvres charnures et la place devant les miennes. Je l'attrape en frôlant au passage ses phalanges et ainsi laisser une sensation agréable parcourir mes lèvres. Son regard s'attarde sur mes cheveux volumineux, passe par mon cou et s'aventure plus bas dans mon décolleté. Au même moment, j'inspire profondément, faisant gonfler inconsciemment ma poitrine sous ses yeux curieux.

Il ne se gêne pas pour baisser la tête et chatouiller mon front du bout de ses mèches rebelles. Un sourire espiègle arbore son visage et me donne envie de fixer sa bouche provocatrice. Je ne sais pas à quoi il joue mais une chose est certaine, il n'en a pas terminé avec moi. Je devrais m'y être habituée, il n'abandonne jamais. J'ai beau ressasser tout ce qu'il s'est passé depuis qu'il m'a récupérée aux bras de Francesco mais rien ne me frappe réellement en plein esprit. Je ne crois pas avoir commis le moindre faux pas. A moins qu'il n'ait entendu ma conversation de ce matin avec Sofia mais si c'est le cas, je serais peut-être déjà une femme morte. Il n'aurait pas osé m'emmener ici dans le but de se venger des propos que j'ai tenu ? Et pourtant, plus j'y pense et plus cela devient crédible dans mon esprit. Quand nous discutions, il est brusquement intervenu comme si de rien n'était mais rien ne me garantit de son oreille innocente.

- J'aime te voir réfléchir à toutes les raisons qui m'ont poussé à t'emmener ici lady, murmure-t-il mutin.

- Quoi ?

Il a pénétré mon esprit ou quoi ?

Alors que je le dévisage incrédule, il referme subitement des grosses menottes autour de mes poignets. Mon regard se baisse sur ce qui vient de sceller mes futurs déplacements pour ensuite le regarder à nouveau avec une hargne folle qui monte en moi. La gorge nouée et les sourcils froncés, je me jette sur lui mais il esquive facilement et saisit les deux chaines accrochées à la structure en métal.