Chapitre 29 : Temps compté

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Natacha

Mon sang s'éveille comme une bouilloire remplie sur le feu. Je suis figée, prête à l'affut du moindre mouvement qui serait un signe d'attaque. En quelques regards, j'analyse la pièce autour de moi dans son ensemble. Les fenêtres à demi cachée derrière les stores. Les rideaux ne sont pas tirés. La table est vide de tout instrument. Mais de la vaisselle sale attire mon attention dans l'évier. Un couteau de cuisine affûté y trône, une échappatoire que je serais prête à saisir dès que l'occasion se présentera à moi. Son postérieur est assis sur mon précieux fauteuil, les jambes croisées à jubiler. Je me risque à l'approcher de deux pas lorsque sa voix rompt le silence mortuaire.

— Je suis plutôt content de voir que tu ne m'as pas oublié.

Seuls les battements de mon cœur lui laissent réponse. Je feins le calme tandis que mon cerveau tourne à n'en plus pouvoir. Ses yeux sont perçants. Comme la fois où nous nous sommes embrassés. Cette idée me rebute. A croire qu'il pense que je suis restée la petite biche perdue qu'il a trouvé. Mais il se trompe.

— Je suis surpris que tu n'aies pas vu le moindre de mes signes.

Nos yeux parlent pour nous. Pris en chien de faïence, je refuse de lui donner la satisfaction qu'il a une quelconque emprise sur moi. Il a joué un rôle important sur mes dernières actions mais ça en restera là. Son corps entier semble brûler d'impatience à l'idée de me mettre la main dessus. Quant à moi, je n'aspire qu'une chose, lui effacer ce sourire mutin qu'il arbore. Le bruit de son anneau qui claque frénétiquement contre le verre entre ses doigts me fait grincer des dents. Son expression s'accentue et il semble prendre plaisir à jouer avec mes nerfs.

Il a osé se servir dans mon bar à alcool. Enfoiré.

— Tu comptes venir me saluer ou tu vas me regarder comme ça encore longtemps ? Pas que ça me dérange qu'une femme aussi séduisante me matte, surenchérit-il avec un rictus. Mais je vais finir vexer si tu ne ramènes pas tes petites fesses ici.

Si je prends le risque de m'approcher, ça sera pour lui planter un couteau dans la carotide. Il faut à tout prix que je reprenne le dessus sur la situation avant que Sofia ne rentre afin d'éviter de la mêler à cette confrontation. Elle et son frère. D'une profonde inspiration, j'emmagasine toute la hargne que j'ai en moi et lorsque j'expire, je me mets à courir jusqu'à l'évier. Il se relève et se déplace à une vitesse déconcertante. D'une main habile, j'attrape le manche du couteau et m'apprête à me retourner. Mon corps se raidit en sentant un bras s'enrouler autour de ma taille et l'autre saisir mon poignet. Un cri m'échappe avant que nos masses percutent le meuble derrière nous. Un détail me fige à nouveau dans mes mouvements. Un détail quelque peu encombrant contre le creux de mes fesses. Le haut de mon visage s'enflamme comme si le feu allait me consumer et je parviens à sentir sa respiration altérée dans mon cou.

— Francesco, lâche-moi !

Son souffle témoigne de son amusement. Il resserre son emprise, sa force brute m'immobilisant contre lui. Le couteau glisse de ma main et tombe avec un bruit métallique.

— Ce n'est pas comme ça que j'imaginais nos retrouvailles mademoiselle Natacha.

— C'était donc toi. Ce putain de motard.

Il relâche légèrement sa prise, permettant à mon bassin de s'éloigner de lui. De ses mains robustes, Francesco attrape mes hanches et me retourne avant de me coincer contre la table de cuisine. Nos regards finissent par se croiser et ne plus se quitter. Ses yeux noisette scintillent d'une lueur dangereuse, un mélange de désir et de défi.

⸺ Je suis venu chercher ce que tu me devais, entame-t-il en ignorant mes dires.

Mon sang bouillonne dans mes veines alors que je l'attrape par la gorge. Les doigts serrés autour de son pouls.

Destin et Assassin - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant