Chapitre 1

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Deux ans plus tard.

Juillet, Lyra

Ça y est, j'ai reçu ma lettre d'admission à l'Université de Caroline du Sud. Ça fait des mois que je travaille d'arrache-pied pour intégrer cette école. Le papier en main, les yeux humides, je relis la première phrase pour la millième fois : « Nous sommes heureux de vous compter parmi nos nouveaux étudiants. » Je n'arrive pas à croire que j'ai réussi. Après tout ce que j'ai traversé, je vais enfin vivre la vie que j'ai toujours voulu mener. 

Depuis que je suis toute petite, je rêve de devenir danseuse classique. C'est ma mère qui m'a initiée à la danse à l'âge de quatre ans et depuis, et je n'ai cessé de bouger au rythme de la musique. Elle disait que j'avais un talent naturel et qu'un jour je brillerais sur scène parmi les étoiles. Ce moment est encore loin, mais je vois enfin la lumière au bout du tunnel.

Je dépose la lettre sur la table et traverse le salon pour rejoindre ma chambre. Il est dix heures et je suis toujours en pyjama. Je m'arrête devant ma commode sur laquelle repose une photo de Carmen et moi, bras dessus bras dessous, lors du spectacle de danse du lycée, et passe mes doigts sur l'image, comme pour caresser son visage. Elle me manque tellement. Je n'ai même pas pu lui dire au revoir. Ça aurait été trop dur. Elle aurait tenté de me dissuader de partir en me répétant que c'était trop dangereux, qu'on n'échappe pas aux Black Roses. 

Ma belle Carmen, pleine de vie, mon rayon de soleil. J'ignore comment elle peut supporter de vivre dans ce monde si sombre où elle est la seule lumière. Même moi, qui suis plutôt taciturne, n'y arrivais pas. Même si ma poitrine se serre de chagrin quand je pense à elle, j'ai l'intime conviction d'avoir fait le bon choix. Il n'y a pas une journée où je ne suis pas reconnaissante de me trouver ici et, surtout, d'être en vie. Si j'étais restée là-bas, je serais sans doute morte à l'heure qu'il est.

J'essuie l'unique larme qui s'est échappée de mon œil droit et chasse mes pensées sombres. Aujourd'hui est un grand jour, je ne vais certainement pas le gâcher en m'apitoyant sur mon sort.

J'attrape mon téléphone sur la table de chevet et compose le numéro de Kyle, mon meilleur ami. Il décroche à la deuxième sonnerie sur un ton enjoué.

— Alors, as-tu reçu ta lettre ? me questionne-t-il avec enthousiasme.

— Oui, je viens tout juste de la lire. Je suis prise ! réponds-je en sautillant sur place.

— Je savais que tu allais réussir, tu t'es tellement entraînée.

Mon cœur n'a pas encore repris son rythme habituel, trop excité par la nouvelle.

— Et c'est grâce à qui ? Je n'y serais pas arrivée sans toi ! m'exclamé-je en m'échouant sur mon lit.

De l'index, je joue avec une mèche de cheveux.

— Bien sûr que si, je t'ai seulement épaulée !

— Tu as fait bien plus que ça. Tu m'as enseigné des nouveaux pas et tu m'as aidée avec ma chorégraphie.

Mon meilleur ami est trop modeste. Il est une équation importante dans ma réussite, un soutien moral sans faille.

— Peu importe. Tu es prête à fêter ton entrée à l'université ?

— Absolument ! À quoi tu penses ?

Je suis curieuse de découvrir ses plans. Ça fait des mois qu'on attend la décision du jury concernant mon entrée dans le programme de danse. Je n'arrive pas à croire que ce soit enfin officiel.

— J'ai tout prévu, tu n'as qu'à être prête pour vingt-deux heures.

— Comment ça, tu as tout prévu ? Et si j'avais été recalée ?

Black Roses- TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant