Chapitre IV

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La solitude était parfois ma seule compagnie. Ça ne me dérangeait pas plus que ça, d'observer le monde se mouvoir sous mes yeux sans que je n'y participe. Après avoir exploré la région entière sans relâche l'année dernière, j'avais décidé que cette année,  je resterai parfois bien à l'abri entre les murs de l'école. Même si le tournois avait bouleversé mes plans, j'appréciais mieux l'ambiance mystérieuse de Poudlard, assise ici devant le tableau du grand hall.

Ce tableau, qui s'appelait "Portrait d'amour", représentait un jeune homme qui jouait quelques accords en boucle sur une mandoline. C'était assez répétitif, comme si après huit ou dix accords il recommençait lentement son morceau. Cela ne changeait en rien la beauté de ces accords qui restaient mélodieux même si j'aimerais trouvé un moyen de connaître la suite de cette composition.

"Jolie, n'est-ce pas ? J'aime aussi parfois m'assoir ici pour l'entendre." La voix chaude et mielleuse de Nastai Onai, une Gryffondor au tempérament de feu me tirait de ma contemplation. Je lui répondais avec un sourire. "Je me demandais s'il serait d'humeur à finir sa mélodie un jour."

Un rire perçait les lèvres brunes de ma camarade. C'était plaisant de la voir debout après les évènements de l'année dernière. Elle qui s'était sacrifiée pour moi face à Harlow le vil braconnier et qui avait fini, les deux derniers mois de l'année, souffrante en fauteuil roulant. "Tu n'es pas au courant de la légende derrière ce tableau ?" Demandait-elle en s'asseyant prés de moi tandis que je haussais simplement les épaules. "Aucune idée. Il y a encore tellement de choses que j'ignore sur notre monde." Finis-je par dire dans un soupir.

Mon amie laissait distraitement ses doigts danser sur le carrelage devant nous, qui prenait une belle forme circulaire, comme au centre d'une salle de bal, sauf que nous étions sur un large palier d'escalier. "La légende raconte, qu'il ne termine sa chanson, que lorsque deux âmes sœurs se tiennent au centre du motif. Il leur offre alors une danse unique et passionnée." Illustrant ses propos, ses doigts se mouvaient dans une valse timide et douce. Je l'observait faire, passionnée par l'histoire. Je n'entendrai probablement jamais la suite de cette mélodie, mais savoir qu'il en existait une, me mettais du baume au coeur. "Une très belle légende en somme."

Le musicien recommençait ses premiers accords, tandis qu'Ominis et Sebastian descendaient les escaliers. Natty suivit alors mon regard pour le voir se poser sur les deux amis de Serpentard, visiblement animé par un débat qui leur était propre. Encore.

"Puisque je te dis que nous avons défenses contre les forces du mal ! Tu ne vas pas aller te balader autour du château Sebastian !" Ominis tentait de faire la morale à son ami, comme à son habitude tandis que le brun ne l'écoutait pas.

"Nous avons le temps ! On pourrait sortir et aller prendre une bierre au beurre avec quelques amis?" Sa question resta sans réponse puisque son regard se posait sur le mien. "Tasha, tu pourrais dire à Ominis que nous avons un peu de temps devant nous ?"

Je levais des yeux au ciel. Encore une fois, je devais raisonner l'un ou l'autre. Aujourd'hui, c'était Sebastian qui était en tort. "Non. Nous n'avons pas le temps, Sebastian. Natty et moi allions justement rejoindre la salle du professeur Hecat ! Si elle nous voyait tous en retard, tu sais aussi  bien que moi qu'elle serait capable de nous clouer sur le mur pour le restant de l'heure."

Je me levais en entraînant la Gryffondor avec moi, quittant la mélodie du tableau pour nous rendre en cours de Défense contre les forces du mal. Derrière moi, j'entendais Sebastian Pallow grogner un juron sous le rire triomphant d'Ominis.

La professeur Hecat, nous attendait déjà dans sa salle. Nous étions pile à l'heure, au grand dam du brun qui aurait aimé aller se désaltérer deux kilomètres plus au nord.
Dinah Hecat, était une femme usée par le temps et son ancienne carrière de langue-de-plomb au ministère. Revoir son visage strict trancher avec l'affection dans son regard provoquait à nouveau cette chaleur au creux de mon cœur. J'avais parfaitement ma place ici.

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