Chapitre V

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La fin du cours était encore flou. J'avais été dispensé des autres classes de la journée. La tête me tournais encore, alors que j'étais allongée là, sur une roche près de la cascade qui descendait une course effrénée à côté du stade de Quidditch.

J'étais en dehors de l'enceinte de l'école, mais non-loin quand même, assez pour que seule Ominis et Sebastian sachent où me trouver. Mes yeux lorgnaient sur le coucher de soleil en contrebas de la vallée tandis que mes lèvres savouraient un nouveau morceau de chocolat.

Après le choc de la désolation, le professeur Hecat disait vrai, le chocolat était le meilleur remède. Il permettait de remettre les idées en place, de s'occuper l'esprit et de se sentir enveloppé de chaleur et de douceur. Les derniers rayons de soleil sur ma peau, avaient le même effet. Chocolat et soleil.

Néanmoins, ce cours m'avait fait prendre conscience que, malgré les quelques moments de bonheur que j'ai eu l'année dernière, ce n'était que de faibles bougies face au chaos. Je n'arrivais pas à me réjouir, ni d'avoir réussi mon examen, ni d'avoir découvert un monde merveilleux, ni d'avoir un don exceptionnel et sauvé des dizaines de créatures magiques. Tout ça, ce n'était rien comparé à la douleur du reste.

"Tu as mauvaise mine, Momo." Je n'avais pas besoin de lever les yeux pour savoir que c'était Ominis. Il ne pouvait pas voir mon visage, mais tentait une blague pour me faire sourire. C'était raté.

Il prit place à mes côtés et je sentit à nouveau sa main chercher la mienne. Au lieu de tapoter doucement dessus, il l'etreignit cette fois. Doucement, il entrelacaient ses doigts aux miens pour les serrés doucement. Les poils de ma nuque se hérissaient, alors que je tournais mon corps vers lui.

Allongé face à face, le fracas de la cascade dans mon dos, je l'observais prendre ma main, la caresser de son pouce, comme pour apaiser mes pensées. "Merci Ominis." Un souffle traversait mes lèvres tremblantes. Heureusement qu'il était là. Et ce qu'il avait fait en classe, était tout bonnement incroyable. "Ton patronus est un serpent magnifique." Il souriait alors doucement, cherchant un endroit où planté son regard malgré sa cécité. "Ce n'est pas étonnant quand on connaît ma famille."

C'est là, à la mention de sa famille, que je me souvenais de toutes les horreurs qu'il avait connu petit. Ominis abandonné à son propre sort, laisser pour compte avec pour seul compagnie un elfe aigri et son handicap. Forcé plus tard à lancer le sortilège Doloris sur des moldus, sous peine de le subir lui-même en cas de refus. Comment, dans ce chaos, avait-il trouvé l'étincelle de joie, pour produire ce gardien de fumé ?

"À quoi tu... Comment tu ...?" Je n'arrivais pas à poser ma question. Presque immédiatement, il froncait les sourcils, en comprenant la difficulté d'une telle interrogation. Il percevait sûrement plus que mon inconfort, car il plaçai sa main libre derrière ma tête pour m'approcher de lui. "Pleures, vas-y."

Mon cœur s'emballait si vite, qu'il était impossible qu'il ne l'entende pas, ni même qu'il ne le ressente pas contre sa propre poitrine au milieu de mes sanglots. Il me collait à lui, probablement dans une tentative de taire mes angoisses, mes interrogations et le torrent de larmes mais c'était un échec. De nouvelles pensées s'insinuaient dans mon esprits, sans que je ne réussise à y mettre un mot et de l'ordre.

"Je n'ai pas réfléchi. Je n'ai pensé qu'à toi, à tes lettres cet été qui était une bulle dans les ténèbres du manoir familiale. Tu es, sans aucun doute, Momo, ce qui se rapproche le plus d'une amie pour moi." Je n'avais plus les mots face aux siens, si doux. Un cœur pur dans un océan de noirceur. Ominis était de ses fleurs qui s'épanouissaient parmi les plus féroces tempêtes et les milieux hostiles.

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