Chapitre II

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Pourquoi de si belles créatures étaient si mal aimées ? Cette question tourmentait mon esprit alors que mes yeux verts contemplaient les chevaux squelettiques aux ailes de chauve-souris qui tiraient notre calèche. Bien sûr, les sombrals n'étaient pas les créatures magiques les plus esthétiques de ce monde. Leur pelage sombre et leurs yeux vitreux pouvaient effrayer ceux qui posaient le regard sur eux. Pourtant, leur véritable nature restait méconnue pour la plupart. Seuls ceux ayant fait face à la mort pouvaient les percevoir. Cela devint une réalité pour moi l'année dernière, lorsque Georges Osrick, l'ami du professeur Fig, perdit la vie suite à l'apparition soudaine d'un dragon qui attaqua notre calèche.
Les Sombrals, jusqu'alors invisibles à mes yeux, se révélèrent immédiatement à la seconde même où Osrick fut déchiré par les crocs de la bête.
Sous les lueurs de la lune, en direction de Poudlard, leurs formes éthérées mêlées à une tristesse profonde suscitèrent en moi un mélange complexe de fascination et de compassion. Les sombrals, malgré leur aspect effrayant, devenaient pour moi les gardiens silencieux des moments les plus sombres. Une beauté mystique se cachait derrière leur apparence, une beauté que seuls quelques privilégiés pouvaient appréhender même si parmi ces privilégiés, beaucoup les considéraient comme annonciateurs de malheur.

"Tasha, tu ne m'écoutes plus ?" Poppy Sweeting, assise en face de moi, me tirait de ma contemplation. Je posais alors mon regard sur la petite brune au visage angélique. Ses yeux ambre, de la même couleur que notre uniforme de poufsouffle, m'offrait un regard déçu. Elle s'était rendue compte que je ne l'écoutait plus. Loin de moi l'idée de ne pas connaître les détails de son été au Brésil où elle était persuadée d'avoir vu un Curupira protéger la forêt amazonienne, mais je reconnaissait que j'étais ailleurs.
"Navrée Poppy, je suis fatiguée par le voyage." Je me penchai pour doucement attrapé sa main, un regret sincère dans le regard. "Tu me raconteras tout ça au petit déjeuner demain, je serai réveillée, je te le promets." Sur mes mots, son sourire naturel revenait illuminé son visage.

La calèche tanguait doucement sous l'impulsion des roues malmenées par la route sinueuse. Mon épaule cognait alors doucement contre celle d'Ominis jusqu'à ce que nous descendions de la calèche devant les portes de Poudlard.
Revoir les murs sombres de l'école, ses hautes tours qui pouvaient presque toucher la lune pleine, provoquait au fond de mon cœur une agréable chaleur. Un sentiment d'appartenance. Je ne m'étais pas rendu compte, l'année dernière, à quel point je m'y sentais chez moi. Poudlard, était ma maison.

Nous nous sommes dirigés vers la grande salle, tous les trois au départ, puis rapidement rejoints par d'autres élèves de tout âge. Poppy continuait de parler, sans s'arrêter, déversant un flot continu de paroles qui emplissait l'air autour de nous. Ominis à mes côtés restait étrangement silencieux. Je savais qu'il endurait douloureusement les états d'âmes de mon amie. Il n'était pas friand de la compagnie des Poufsouffle, mais notre amitié avait été forgée par quelque chose de plus fort, quelque chose qui dépassait les frontières des maisons de Poudlard.

C'était grâce à autre chose que nous avons été poussé à nous rapprocher, ou plutôt, grâce à quelqu'un. Sebastian évidemment. J'aimais cependant me dire, qu'après les différends que nous avons eu, Ominis et moi étions réellement amis. D'autant que je savais, à travers ses lettres, qu'il détestait les bavardages inutiles et intempestifs. Le voir ainsi, à ma gauche, tenant fermement sa baguette sans un mot désobligeant pour la petite boule d'énergie à ma droite, me fit me dire, qu'il appréciait assez ma compagnie pour supporter ce qu'il n'aimait pas. C'était un bon ami, et sa présence calme et résolue à mes côtés créait un équilibre apaisant dans cette tumultueuse marche vers le lieu du banquet.

"Oh Lenora ! Il faut que je te raconte ce que j'ai vu cet été !" S'exclamait Poppy, lâchant mon bras pour aller attraper celui d'une camarade jaune et noir. Au même instant, c'était un soupire de soulagement qui venait caresser mon oreille de gauche. Un petit rire dépassait alors mes lèvres en poussant la porte de la grande salle.

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