Chapitre 14

44 5 0
                                    

Ce jeudi, nous préparons un sac d'affaires pour chacune, puis nous nous mettons en route pour le chantier où la journée s'écoule tranquillement. Il n'y a pas de nouvelles découvertes dans le sable dégagé dernièrement, donc nous ordonnons les dossiers, et je vois avec Suzy et Toufik pour le lendemain ce qu'il y aura à faire en priorité. Quand il apprend pour mon séjour au Caire, même si je ne dis pas où je vais résider et surtout chez qui, j'élude en parlant d'un appartement, Toufik, ayant eu l'occasion de travailler sur le site des pyramides, me prodigue des conseils et des anecdotes, qui plaisent beaucoup à ma fille, puis je me rends directement au palais. Je gare mon véhicule dans la cour. Un homme vient chercher mes clés et va conduire ma voiture dans le garage, où je trouve qu'elle tranche avec les autres. Je songe à ma petite Peugeot restée en France, dans mon jardin, et je pense qu'avec sa carrosserie un tantinet passée, ce serait la même chose. Je suis dans un monde très différent du mien, et sachant le moyen de transport qui va nous emmener au Caire, je me demande si un jour on se fait à cela alors que l'on a connu tout autre chose. Mais quand Djalil vient vers nous avec Amir, qui se saisit de nos sacs, je ne vois plus que son sourire, la tendresse dans son regard, ainsi que le soulagement. Doucement, il pose une main dans mon dos après que ma fille l'a salué avec enthousiasme, pour me guider vers l'écurie, puis en direction de l'aire d'atterrissage pour hélicoptère qui se situe derrière.

Cette fois, je profite du panorama, et avec ma fille nous apprécions en silence de discerner sous nous les dunes s'étendre à perte de vue, dans un chatoiement orangé et jaune, avec en toile de fond un ciel d'un bleu uni.

— Tout va bien ? s'enquiert Djalil qui est assis en face de moi.

— C'est super beau ! rétorque ma fille.

— Je confirme ! acquiescé-je.

— Il est vrai que la dernière fois que tu as voyagé ainsi, tu n'étais pas en état de te rendre compte de la vue !

— Plutôt !

Il se contente d'incliner la tête et nous laisse à notre contemplation. Puis j'aperçois dans le lointain l'aéroport de Louxor où nous ne faisons que passer, car très vite nous montons à bord du jet. Et là, je suis dans un autre monde, très éloigné des vols dont j'ai l'habitude.

La banquette sur laquelle nous prenons place est très confortable, et je savoure avec bonheur de pouvoir étendre mes jambes, même si avec mon mètre soixante-cinq je ne suis pas trop gênée. Djalil, lorsqu'il entend mon soupir de soulagement me lance un coup d'œil interrogatif, et je lui dis sans ambages :

— Il y a de la place !

— Et encore, notre jet est assez petit par rapport à d'autres.

Je lève un sourcil, et il ajoute :

— Et il sert pour toute la famille, et même des amis, si tu veux tout savoir. Quand je vais aux États-Unis, je prends un vol régulier généralement.

— En classe affaires ?

— En classe affaires.

— Et tu peux le conduire ?

— Oui, toutefois je suis plus enclin à laisser cela au pilote. Ainsi, je travaille à bord. Il est possible de manger ici, mais peut-être préférerez-vous dîner tranquillement dans mon appartement ?

— Je pense qu'après un tel périple, ce sera plus simple.

— Bien, alors je préviens Mounia, qui s'occupe de l'entretien de l'appartement, qu'elle nous prépare quelque chose de rapide que nous trouverons à notre arrivée.

Passion dans les dunesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant