Sur mon chemin vers l'hôpital, me doutant que Kazamuadi serait à la résidence Kiyungu, je m'arrêtai devant le portail d'entrée car je tenais à voir quelles autorités policières ou militaires s'étaient déjà rendues sur place ; cela pouvait m'éclairer sur les personnes derrière ce carnage. Je descendis de ma moto et m'avançai vers l'entrée de la résidence, faisant face aux trois militaires qui la gardaient. Ils me reconnurent sans mon uniforme, me saluèrent et me firent entrer sans hésiter. A l'intérieur, deux véhicules de police et une petite foule de personnes discutaient par petits groupes. L'Inspecteur Provincial en chef, le lieutenant Mavinga et l'insolent adjudant Kolesha, étaient présents. Kolesha se retourna, me regarda, puis s'avança dans ma direction. Il me salua et m'invita respectueusement à discuter en aparté. L'insolence dont il débordait à notre première rencontre semblait s'être complètement dissipée. Dans son regard, je pouvais lire qu'il savait que j'avais tué deux membres de son unité cette nuit.
'' J'ai appris que vous aviez été attaqué cette nuit à votre domicile, et j'en suis vraiment désolé, '' commença-t-il. '' Je peux vous fournir des informations capitales sur les raisons de cette attaque, ainsi que les noms de toutes les personnes impliquées. Mais vous devez me promettre de faire quelque chose pour moi, en échange. ''
'' Que veux-tu en échange ? ''
'' Le soldat qui a été arrêté par la police est mon beau-frère. La cour martiale le condamnera à mort, si vous ne l'innocentez pas. Ce n'est pas un assassin. Veuillez Expliquer à la police qu'il n'a rien à voir avec ceux qui étaient à votre domicile, et je vous dirai tout ce que je sais sur ce qui vous est arrivé cette nuit. ''
'' Tu n'as aucune idée de la personne que je suis, pour oser me demander de prononcer un faux témoignage dans le but de sauver un criminel. J'ai le pouvoir de te mettre immédiatement en état d'arrestation pour chantage. Alors tu vas me dire tout ce que tu sais, sinon je veillerai à ce que la cour martiale se charge également de toi, '' le menaçai-je.
'' Je sais maintenant que vous avez des amis puissants dans l'armée. Je sais... Mais j'essaie seulement de sauver la vie d'un innocent, '' dit-il doucement.
'' Un innocent qui se trouve être de la même unité que les assassins qui ont tiré sur ma femme à bout portant ? Kolesha, c'est à présent ta propre vie que tu devrais essayer de sauver en me disant ce que je dois savoir. Avec ou sans toi, sache que je finirai par tout découvrir. ''
Il regarda autour de nous pour s'assurer que personne ne nous observait ni ne pouvait nous entendre.
'' Le colonel Kams était ici hier soir pour voir le sénateur. Pendant que les deux discutaient à l'intérieur, un homme est arrivé, demandant à voir d'urgence l'honorable Kiyungu. L'homme fut reçu sur la terrasse, loin du colonel Kams. Il informa le sénateur que vous étiez en train d'enquêter sur le meurtre de ses gardes et que vous seriez proche d'en découvrir tous les auteurs parce que vous avez un excellent passé d'enquêteur. Il rappela qu'il vous avait formellement été interdit par votre hiérarchie de vous mêler de l'affaire mais que vous teniez absolument à la déchéance du sénateur en tentant de démontrer faussement son implication dans le triple assassinat. L'homme dit ensuite ne pas comprendre votre haine envers le sénateur et continua de vous diaboliser tout au long de l'entretien. L'honorable Kiyungu remercia l'homme mais prétendit qu'il ne tenterait pas de vous arrêter car il n'avait rien à se reprocher. Dix minutes plus tard, l'homme s'en alla, et le sénateur retourna discuter avec Kams. L'homme ne recherchait évidement que votre perte en parlant ainsi au sénateur. Lorsque le colonel sortit de la maison, j'allai lui parler en privé en vue de déconseiller toute initiative à votre encontre, et lui expliquer que ce n'était qu'une machination orchestrée par quelqu'un qui vous haïssait. Pendant que nous parlions, le sénateur sortit pour se rendre à une soirée. Puisque je n'avais pas fini de parler au colonel, j'ordonnai à l'un de mes hommes d'accompagner l'honorable Kiyungu à ma place. Mais après le départ du colonel, vu sa réaction à mes propos, j'eus l'impression de m'être également mis en danger en tentant de vous sauver ; Kamango était un homme dangereux et imprévisible. C'était moi qui aurait dû sortir avec le sénateur Kiyungu hier soir. C'est donc moi qui serais mort à l'heure qu'il est. Voilà qu'en tentant de vous sauver, je m'étais en réalité sauvé moi-même. Et vous ne me croirez pas si je vous dévoile l'identité de l'homme qui était venu parler au sénateur hier. ''
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Capitaine MASAKI, Un paradis aux âmes mal nées
Misterio / SuspensoAu lendemain de l'assassinat de trois policiers à la résidence d'un sénateur influent, le capitaine Masaki, de retour d'un long congé, se réjouit de se voir écarté par sa hiérarchie de l'affaire, dont ni les coupables ni les victimes n'intéressent l...