L'EXPLOSION DE NOS CŒURS

𝗖𝗛𝗔𝗣𝗜𝗧𝗥𝗘 𝟭𝟲 | 𝖪𝖨𝖬𝖡𝖤𝖱𝖫𝖤𝖸

𝖪 𝖨 𝖬 𝖡 𝖤 𝖱 𝖫 𝖤 𝖸

–𝘜𝘯𝘦 𝘭𝘦𝘵𝘵𝘳𝘦 𝘱𝘦𝘶𝘵 𝘦̂𝘵𝘳𝘦 𝘱𝘰𝘳𝘵𝘦𝘶𝘴𝘦 𝘥𝘦 𝘮𝘢𝘶𝘷𝘢𝘪𝘴𝘦𝘴 𝘯𝘰𝘶𝘷𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘰𝘶 𝘮𝘦̂𝘮𝘦 𝘱𝘪𝘳𝘦𝘴–

Fin Janvier 2021

Aujourd'hui, les cours sont annulés. En raison de la tempête de neige qui fait ravage depuis déjà plus d'une semaine. Je n'ai pas eu de nouvelles des autres depuis deux jours. La dernière fois, c'était Franckie qui m'avait téléphoné pour m'avertir qu'elle ne pourrait pas venir me chercher et que la soirée film avait été annulée. Enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre avant que le coup de fil se fasse interrompre à cause des intempéries.

Blacky semble assez déçu de devoir rester dedans. Allongée depuis le canapé feutré, je le regarde. Il est assis sur la tablette de fenêtre, sa tête est orientée sur l'extérieur, où la neige fait ravage. Une rafale souffle contre le manoir, ce qui fait grincer le mur en bois droit vers mon chat. Blacky réagit dans un sursaut, mais reste tout de même face à la fenêtre.

Mes yeux fixent le plafond, plus précisément les moulures incrustées dans celui-ci. Pendant que j'observe les détails du bois sculpté, je réfléchis. Je ne peux m'empêcher de penser à ce que je vais devoir faire une fois mon année de lycée terminée.

Je retrouverai Aleksandra. Du moins, j'ose l'espérer. Je devrais quitter mes nouveaux amis. Et qu'en deviendra-t-il de Blacky.

Je n'imagine pas une seule seconde ma mère dire qu'il pourra venir avec moi. Il devra rester ici, seul. Chose que je refuse.

Tout ceci se passera dans cinq mois. Encore cinq mois avant de tout quitter pour retrouver ma vie d'avant. Enfin, non. Jamais je ne retrouverai mon ancienne vie. La maison étant vendue et mes parents vivant à Londres...

De plus, ils m'ont bien fait comprendre ce qu'ils attendent de moi. Que dès que je terminerai le lycée, je viendrai vivre à la capitale avec eux et que je devrai trouver directement une université. Maman m'a même apporté des prospectus sur quelques-unes et même sur des académies.

La bonne blague.

Tout ceci ne rime à rien. Ils ne savent pas que je ne compte pas poursuivre mes études. Que je ne souhaite pas leur ressembler. Je suis peut-être la copie conforme de ma mère sur le plan physique, mais jamais au grand jamais, je ne suis comme elle sur le milieu du travail. Elle était la première de sa classe au lycée et dans son université en Suède. Moi, je ne suis pas la plus nulle, mais je suis assez douée avec les mathématiques, pour le plus grand plaisir de maman et papa.

Je pousse un soupir en me frottant les yeux. Les mains toujours sur mes paupières, j'entends un bruit sourd et de petits pas courir vers moi. Blacky saute sur mon ventre et je pousse un gémissement de douleur en me redressant, les yeux gonflés.

— Chouchou, je râle en le prenant entre mes mains.

Je le couche sur mon torse et lui caresse la tête, puis lui fais un petit bisou. Il pousse un petit miaulement et enfonce ses griffes sur mon sternum à travers mes vêtements. Je grimace en sentant les pointes de ses griffes dans ma peau.

— Blacky ça fait mal, chuchoté-je en lui attrapant ses petites pattes entre mes mains.

Il me montre son mécontentement en faisant un bruit légèrement agressif, puis il saute du canapé et court jusque dans le hall où je le perds de vue. Je me lève à mon tour avec ma couverture enroulée autour de mon corps. Le visage enfoncé dans le tissu doux de celle-ci, je vois Blacky gratter la porte d'entrée d'un air excité.