Chapitre 10

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Janet sait que quelque chose tourne en boucle dans l'esprit de sa meilleure amie. Mais elle sait aussi que lui demander de s'expliquer au milieu d'une base sillonnée par un humanoïde malveillant n'est pas une bonne idée. Aussi, elle se contente de suivre le mouvement, sortant de l'ascenseur derrière la blonde, qui progresse lentement avec son P90 à la taille.

Par malchance, le laboratoire de Carter se trouve tout au fond du niveau, c'est-à-dire à l'autre bout du complexe scientifique. Cela paraissait une bonne idée au début, pour qu'elle dispose du calme relatif afin de travailler dans de bonnes conditions. Trop bonnes, même, songe Janet qui l'a déjà reçue à l'infirmerie sur ordre du colonel parce qu'elle était au bord de l'épuisement.

Mais pour aujourd'hui, devoir marcher autant signifie être vulnérables pendant trop de temps face au Reetou. Parce que Janet en est convaincue, la créature à laquelle ils ont affaire n'est rien d'autre que la même chose que les insectes géants auxquels s'attendaient Jack et Daniel. En plus humains, et plus cruels. Et donc, potentiellement en plus intelligents aussi.

Mais elle a bien remarqué que depuis qu'elle a été appelée en renforts par ses camarades, Sam n'a plus dit un mot. Et Janet sait bien qu'elle a déjà vu de pires attaques en mission hors monde sans être affectée. C'est donc que quelque chose la dérange, et qu'elle a besoin d'y trouver une réponse. La médecin connaît trop bien Sam pour passer à côté de ce genre de détails. Le major est pratiquement une deuxième maman pour Cassie, et passe plus de temps chez Janet que chez elle lorsqu'elle daigne enfin mettre le nez en dehors de son laboratoire pour autre chose que des missions où ses quartiers.

La brune la suit en silence, observant son langage corporel et suivant ses mouvements lorsque Sam se cache derrière un pilier et reste immobile quelques instants. Janet n'est pas vraiment à l'aise dans ce genre de conditions, mais comme avec Hathor, elle sait qu'elle est pourtant nécessaire. Après tout, être CMO dans l'armée nécessite de faire partie des missions d'urgences. Et le SGC est comme sa maison principale, elle se doit de le protéger. Bien qu'elle sait qu'ils n'ont pas eu le choix, Janet est consciente qu'elle aurait été totalement incapable de quitter le sgc même sur ordre du pentagone sauf en cas de danger d'autodestruction irréversible. Elle ne veut même pas imaginer le désarroi et l'impuissance des autres équipes forcées de partir, alors qu'elle ne se bat pas sur le terrain en général. Tandis qu'elles entrent sans un mot dans le laboratoire scientifique, Janet se dépêche d'aller s'asseoir contre l'un des plans de travail et de laisser l'espace à Sam pour verrouiller la porte. Mais une fois chose faite, la médecin n'a pas besoin de demander à Sam de s'expliquer. Le major tire sa chaise de bureau roulante vers l'un de ses microscopes et s'y laisse tomber en posant l'arme interphase désormais inutile en face d'elle. Puis, elle soupire et explique le fond de sa pensée d'elle-même.

-Je ne comprends pas. Les rebelles Reetous qui nous avaient infiltrés la dernière fois avaient des revendications précises : ils étaient là pour éliminer tout hôte potentiel à un Goaul'd, n'est-ce pas ? En vengeance à leurs passifs. Alors si ceux-là sont leurs descendants et qu'ils partagent les mêmes valeurs... Pourquoi ne s'attaquent-ils pas à Teal'c en premier ? Je veux dire, il a mené une attaque contre SG-1 et contre Daniel. Je pense que c'est assez aléatoire comme méthode d'action, et Teal'c aurait dû être la cible principale puisqu'il a déjà un symbiote Goaul'd en lui.

Elle marque une pause et Janet réfléchit sérieusement à la remarque. C'est vrai que le major n'a pas tort. L'objectif de tuer les Tau'ri pour éliminer les possibles hôtes des faux dieux est assez compréhensible, mais très radical. Et surtout sans doute impossible et extrêmement long. Les possibilités d'espèces pouvant être hôtes aux symbiotes sont assez variés et ne se résument pas qu'à la planète Terre.

-Je me dis qu'ils ont peut-être été sauvés par quelqu'un ou quelque chose, et que cette personne est la source de leur envoi ici ? poursuit Sam. Mais dans ce cas, ils seraient sous les ordres d'une autre puissance, qui cette fois, en voudrait spécialement à SG-1 ? Ça n'a pas de sens...

-Le nombre de personnes voulant votre mort ? suppose avec amusement Janet. Au contraire, je trouve ça assez limpide.

Sam ne trouve visiblement pas le commentaire maladroit très drôle car elle ne fait pas l'effort de le relever. Bien sûr qu'ils ont beaucoup d'ennemis, mais cette supposition est assez extravagante.

-Non, tout ça. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il se passe et pourquoi, et donc comment est-on sensés contrer une menace que l'on ne comprend pas ? Je veux dire, quand nous avons affaire à des Goa'ulds, c'est assez simple de savoir où ils veulent en venir puisque nous connaissons leur mode de fonctionnement, et surtout ce qu'ils veulent. Mais là...

-On ne sait ni pourquoi ils ont évolués de cette manière, ni comment, et pas non plus ce qu'ils viennent précisément chercher, complète Janet. Oui, je vois ce que vous voulez dire.

Les deux femmes gardent le silence un instant, perdues dans leurs pensées. Elles sont coupées par l'appel de Daniel a la radio, voulant simplement savoir si tout va bien. Après y avoir brièvement répondu, Janet sort son téléphone de sa blouse et adresse une grimace d'excuse à son amie.

-Il faut que je passe un coup de téléphone à Cassie, explique-t-elle. Je ne lui ai pas donné de nouvelles depuis hier et elle commence à s'inquiéter. Je n'en ai pas pour très longtemps.

Sam se contente de lui adresser un petit sourire et un signe de tête, son attention déjà occupée dans le module de programmation de l'arme interphase qu'elle vient d'ouvrir à l'aide d'un vieux tournevis. Sans perdre de temps, Janet s'éclipse dans un coin du labo et coince l'appareil contre son oreille, attendant que sa fille lui réponde.

Ses mains parcourant les fils multicolores qu'elle a elle-même reliés dans l'objet, Sam n'écoute que d'une oreille la conversation entre Janet et Cassie. Elle aurait aimé pouvoir se préoccuper uniquement de l'adolescente et de la situation à la base dans sa généralité, mais elle sait que le colonel attend sur elle pour réussir à les tirer de là. Le seul problème, c'est qu'elle ne sait pas encore trop comment. Elle étouffe un juron en manquant de se couper avec l'un des bords de la matrice et remarque son amie se tourner immédiatement vers elle. Bon sang, si seulement elle pouvait arrêter d'être aussi nerveuse, Sam aurait sans doute déjà compris la source du problème.

Avec un haussement d'épaule qu'elle veut rassurant, elle indique à Janet que tout va bien avant de se replonger dans son analyse inutile. La réalité, c'est qu'elle sait déjà où est le souci dans la fonctionnalité de l'arme. Le rayon n'est plus adapté, il faudrait pouvoir le régler à nouveau pour le mettre sur la bonne onde, mais sans avoir d'indices concernant l'évolution des créatures, elle ne peut rien faire de plus que le changer au hasard.

Ce qu'elle s'apprête à révéler à son équipe risque de ne pas leur plaire. Mais il n'y a pas d'autres solutions, et elle espère sincèrement que ce plan limite n'entraînera de conséquences graves chez aucuns membres de la base.

Simplement, il n'y a pas d'autres choix. Se mordillant la lèvre, elle balaye son bureau des yeux, accablée par le désordre ambiant qu'il règne dans la pièce. Les lames de microscope qu'elle était en train d'analyser avant la dernière mission sont éparpillées et des documents officiels gisent encore sur la surface du plan de travail. Sa calculatrice a rendu l'âme faute de piles, et au milieu de ce joyeux bordel est posé l'arme interphase qu'elle est venue récupérer il y a quelques heures avec Daniel.

De son côté, Janet semble complètement prise dans sa discussion sérieuse avec Cassie et Sam ne veut pas la déranger pour l'instant. Elle se contente de repousser sa chaise, chercher un sac à dos qui traine dans un coin qu'elle s'était promis de ranger la veille et de le poser contre le cadre du bureau. Elle y fourre l'arme toujours ouverte, tout ce qu'elle estime pouvoir être utile sans retourner dans son laboratoire et ferme la fermeture éclair d'un coup sec. Au fond d'un de ses tiroirs elle trouve une boite de munitions pour son P90 et la glisse au fond de la poche avant du sac.

Puis, elle se saisi de sa radio et attache le fil à l'une de ses sangles. C'est le moment d'expliquer son plan à SG-1 et elle espère simplement que le colonel ne va pas essayer de la tuer pour ça. Après tout, ce n'est pas elle qui a décidé qu'il serait coincé avec Hammond pour le reste de la mission.

Elle se contente de prendre la radio, de la porter à ses lèvres et d'actionner le bouton d'enregistrement.


La revanche des Reetous [Stargate SG-1 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant