Bratva : TOME 2 : Mon pire cauchemar [BoyXBoy]

Chapitre 28 - Pères fondateurs

            Debout devant cette belle maison aux briques rouges repeintes en grise, la boule que j'ai coincée dans le ventre me force à faire un arrêt. J'inspire et j'expire de nombreuses fois tant les souvenirs qui me reviennent me font mal à la poitrine. 

— Est-ce que ça va chéri ? Me demande mon père
— Oui...
— Prends tout ton temps... Sourit-il en se dirigeant vers la porte, accompagné de ma mère

Je le vois sonner à la porte puis celle-ci s'ouvre, laissant apparaître le large sourire de Mona. Cet accueil me pousse à avancer. 

— Comment tu vas ? Me demande-t-elle en caressant mes joues de ses mains
— Ça va... Souris-je
— Bienvenu chez toi, mon grand ! Énonce son mari

            Ses paroles me réchauffent le cœur et mes lèvres s'élargissent instantanément après qu'ils nous aient naturellement invité à entrer. Ça me fait vraiment bizarre de revenir ici, de sentir ce parfum à nouveau, un mélange de lavande et d'agrumes, aujourd'hui un peu camouflé par l'odeur de la nourriture. Mes yeux se posent sur les escaliers, à ma gauche, où j'avais l'habitude d'abandonner mes chaussures et mon manteau pour me ruer à l'étage, et une autre dizaine de souvenirs me reviennent.

          Déchaussé, sans même m'en rendre compte, je rejoins le salon, suivi des autres adultes présents, qui me laissent aller à mon rythme, aussi lent soit-il, et de nouveaux souvenirs me percutent lorsque je me retrouve face au canapé, j'ai l'impression que ça n'en finira plus. Je ne saurais dire le nombre de fois où l'on y s'est affalé, prêts à parler de tous les potins de la journée ou de notre prochaine sortie. 

          Je m'y installe doucement, comme si le siège allait s'effondrer sous mon poids, comme si j'avais peur de l'abîmer. Mon regard est porté sur les photos encadrées au dessus de la cheminée, ainsi que celle accrochées au mur, je suis sur chacune d'entre elles, sans exception. Je me rappelle de chacune de ces photos, du contexte dans lequel elles ont été prises jusqu'au moment où on a décidé qu'elles méritaient cette place. 

          Nous prenons place à table et Luis débouche une bouteille de vin rouge avant de servir les verres de mes parents et de sa femme ainsi que le sien, pendant que cette dernière remplit le mien d'une citronnade bien fraîche.

— Je l'ai fait comme tu l'aimes... Me chuchote-t-elle dans un large sourire
— Merci...

          Ils se mettent à parler de choses ordinaires telles que leur boulot, l'actualité politique ou encore la nouvelle boutique qui a ouvert dans le centre-ville, mais tout ce que je vois, moi, c'est les deux places vides à mes côtés, et le silence qui y règne. L'air que contenait mon corps disparaît petit à petit. 

— Est-ce que je peux monter... avant de manger ?... Demandé-je, les yeux imbibés de larmes
— Oui... Bien sûr... Réponds le père de mes meilleurs amis

          Je m'exécute sans m'attarder une seconde de plus. Face aux marches, je sens mon corps s'alourdir et les larmes couler à mesure que je monte, et je crains que mes jambes ne soient pas assez fortes pour supporter mon poids. Je décide de pénétrer dans la chambre de Savannah en premier, où l'on sent encore son parfum. Le lit est parfaitement fait et la pièce est bien rangée. 

          Ma main vient effleurer le bois de sa coiffeuse et mes poils s'hérissent. Les joues noyées, je m'installe dans son fauteuil et me remémore toutes les fois où je l'ai regardé se maquiller en me racontant ses histoires de cœur ou en se taquinant l'un l'autre sur le personnage préféré de nos séries, ce qui me fait sourire. De là où je suis, je pourrais presque entendre sa voix. 

          J'admire les décorations et photos minimalistes qui se trouvent autour de moi avec une immense nostalgie. Il y a cette fameuse photo de nous trois, à Disneyland Paris, qu'on avait prise sur le vif entre deux beignets, ainsi que de multiples photos de Simon et elle. D'ailleurs, en parlant de lui, il faudrait que je pense à prendre des nouvelles plus souvent.