Chapitre 3

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 Bien que le récit de George se soit arrêté à leur arrivée à Lutalica, Agabir, lui, avait décidé de repartir bien plus loin dans le passé. Il conta ainsi la naissance de la toute première ville des mages, ceux-ci s'étant réunis autour d'une dirigeante qui n'était autre que Zuria, la toute première dragonne, créée par la déesse de la vie originelle.

Vint ensuite la trahison des humains qui, ayant trouvé un moyen d'exploiter le pouvoir des dragons, s'étaient mis à les chasser pour gagner en puissance et avaient notamment développé des techniques et des procédés alchimiques létaux pour cette espèce. Cette traîtrise de la part de ceux qui, pour beaucoup, avaient appris la magie et l'avaient perfectionnée justement grâce aux enseignements des dragons avait forcé la dirigeante à séparer la ville du continent, emportant avec elle les mages loyalistes et tous les dragons.

Depuis lors, la ville se déplaçait dans le monde entier, à l'abri des regards et des intempéries grâce à une magie à la puissance incommensurable. Les dragons avaient fini par partir, se sentant trop à l'étroit sur un ci-petit territoire et étaient retournés sur le continent ou avaient colonisés d'autres terres, laissant la dragonne originelle seule avec les humains qu'elle avait emmené avec eux.

— Si je comprends bien, nous, les habitants du continent, sommes les descendants de ces traîtres, réfléchit le roi.

— Les mages étaient en grande minorité dans le monde, comme c'est le cas aujourd'hui. À l'échelle du continent, il s'agissait d'une poignée de rebelles qui ont précipité le départ des dragons, le reste de la population, donc l'extrême majorité, n'y étaient pour rien dans tout ça. La plupart ne connaissaient même pas Lutalica ou bien seulement de nom.

— Existe-t-il une rancœur entre les habitants de votre ville et le continent ?

— Une rancœur ? Répéta Agabir.

Sachant pertinemment pourquoi il disait cela, Wendy lui donna l'équivalent en Lutalicien. Entendre une autre langue surprit le couple royal. Après tout, les humains n'en parlaient qu'une seule sur tout le continent et seuls d'autres races avaient un dialecte différent.

— Excusez-moi, j'ai beau avoir commencé à apprendre votre langue il y a six ans à l'arrivée de Wendy et de sa famille, certains mots me sont encore inconnus.

— Vous... Vous vous débrouillez très bien, bafouilla un instant la reine. Jusque-là je pensais que la langue parlée chez vous était la même qu'ici.

— Merci, votre compliment me touche. Pour en revenir à votre question, non, il n'y a aucun ressentiment. Comment pourrions-nous en vouloir à des personnes sur autant de temps et après tant de générations ?

— Et même Zuria qui a vécu à cette époque et fait s'élever Lutalica n'en veut à personne, ajouta Wendy. Elle est la gentillesse incarnée et a toujours traité ma famille comme des membres à part entière de ce peuple alors que nous venions du continent.

— Parce qu'elle est encore en vie ?! s'étonna la mère d'Enzo.

— Zuria est immortelle, répondit l'adolescente.

— C'est... étonnant, même si ça n'est pas la première fois que nous rencontrons ce cas, commenta le roi. Nous vous avons coupé, continuez, je vous prie.

Pour la suite de son récit, Agabir donna les différentes caractéristiques de Lutalica. Le fait que presque tous les habitants étaient dotés de magie surprit de nouveau le couple royal. Ni l'un ni l'autre n'avait de pouvoir, mais ils étaient au fait de beaucoup de choses qui concernaient ce sujet et savaient que la magie n'était pas héréditaire. Le fait que leur fille en soit doté et soit d'ailleurs très puissante en était d'ailleurs un parfait exemple.

Wendy tome 4 : Le sauvetage de LutalicaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant