Wendy tome 4 : Le sauvetage de Lutalica

Chapitre 4

 De retour au palais du sanctuaire, toute la délégation qui était partie à Trémiss pour rencontrer le roi se dirigea vers l'aile des invités. Zuria n'avait pas quitté sa chambre depuis la chute de la source des dragons et devait toujours s'y trouver. Wendy avait compris que seul l'espoir l'avait fait tenir jusque-là et permis de cacher son état de fatigue. Voir la source être détruite et son frère être libéré avait été un choc bien trop important pour elle qui ne restait à présent qu'au plus quelques heures éveillée chaque jour et qui ne mangeait presque rien.

Lui donner la réponse provisoire du roi de Trémiss n'allait certainement pas l'aider, mais elle était la seule à connaître les réponses qui pouvaient le faire changer d'avis et accepter les Lutaliciens en tant que réfugiés sur son territoire. C'était aussi un sujet prioritaire. Vu qu'elle n'était plus présente dans sa ville, celle-ci n'était plus alimentée en énergie, ce qui précipitait d'autant plus la menace de sa chute.

Au détour d'un couloir, alors qu'ils approchaient de la chambre de Zuria, le groupe vit Zelen, le dragon ancestral vert. Celui-ci, en les apercevant, courut à leur rencontre avec un air pour le moins préoccupé.

— Senca, te voilà ! Drikinne est folle de rage !

— D'accord, mais pourquoi cet air si pressé ? Ce que tu viens de me dire est aussi banal que d'annoncer que la nuit allait tomber ce soir.

— Je crois que tu ne prends pas la mesure de ce qui se passe. Là, elle est vraiment remontée. Elle a fini par retrouver sa fille en compagnie de ton fils !

— Elle ne lui a rien fait j'espère !

— Pour l'instant, non, mais il serait préférable que tu viennes.

Comme happés par cet événement, tous, même ceux qui n'étaient pas concernés, se mirent à suivre Zelen. Le dragon vert les guida dans le palais comme s'il s'agissait du sien et les emmena jusqu'à la grande salle de réception. Des éclats de voix pouvaient déjà être entendus depuis le bout du couloir qui y menait. Wendy reconnaissait évidemment celle de la dragonne ancestrale rouge, mais aussi celle de sa fille.

Tous les autres dragons ainsi que d'autres invités tels que les mages zoologistes ou la dirigeante du sanctuaire étaient présents. Certains restaient spectateurs tandis que d'autres essayaient de raisonner la dragonne furieuse et en prenaient pour leur grade dès qu'ils ouvraient la bouche.

Agrippée fermement par le poignet, Ména se débattait et tirait de toutes ses forces pour se libérer de l'emprise de sa mère. Tout ceci était vain et elle ne recevait que plus d'invectives à chaque tentative.

— Qu'est-ce qui se passe ici ?! Tonna le dragon noir en fendant la foule.

— Il se passe que j'ai retrouvé ton fils collé à ma fille, bien tranquillement allongés sous un arbre à l'abri des regards.

— On n'a rien fait de mal ! s'exclama Ména tout en tirant de nouveau sur son bras.

— Encore heureux !

— Tu ne trouves pas que tu vas un peu trop loin là ? Ils s'entendent bien, et alors ? Tu devrais être heureuse pour elle.

— Sauf que c'est un mâle et je sais très bien ce qu'il cherche à faire ! S'il veut ma fille, il n'a qu'à me défier pour l'avoir.

— C'est absurde, Kanti n'a aucune chance, c'est encore un...

— C'est d'accord ! Annonça une voix au milieu de la foule.

Redoutant sans aucun doute ces paroles, Senca ferma les yeux et souffla longuement tandis que son fils le dépassait pour faire face à Drikinne. Soutenant son regard comme pour appuyer ce défi, le dragon noir lui saisit le bras pour qu'elle lâche sa fille.