Wendy tome 4 : Le sauvetage de Lutalica

Chapitre 15

 Lorsque le voile de lumière tomba, les lutaliciens reconnurent immédiatement l'endroit où ils avaient été téléportés. La grande salle de réception du palais de Senca était totalement vide à cette heure-ci. Voir cette salle ainsi était des plus étrange vu qu'ils étaient habitués à y croiser au moins un ou deux dragons.

Wendy n'était pas totalement remise de ce qu'elle venait de vivre et encore sous le choc d'avoir échappé de peu à la mort. Se trouver là, en sécurité alors qu'une créature mythique avait bien failli la tuer quelques minutes auparavant troublait ses sens qui restaient en alerte.

Malgré cela, l'adolescente sursauta lorsqu'elle sentit deux bras passer autour d'elle et la serrer. En tournant la tête, elle vit le visage de son grand-père crispé dans une expression de tristesse et dont des larmes traçaient des sillons sur ses joues.

— J'ai eu si peur de te perdre, hoqueta-t-il. Quand elle s'est mise à te poursuivre, j'ai bien cru que mon cœur allait cesser de battre.

— Je vais bien, lui assura-t-elle en se tournant pour, elle aussi, l'étreindre.

— Tu es sûre ? Questionna Fréone avec une inquiétude certaine dans sa voix. Tu donnes l'impression de n'avoir pas dormi depuis des jours.

Ça, elle ne pouvait pas dire le contraire. Il n'y avait aucun miroir qui pouvait lui permettre de se voir, mais elle croyait son ami, surtout avec la fatigue qu'elle ressentait. L'apprentie-mage était absolument vidée de toute son énergie. Ses membres étaient engourdis et, à présent que la pression était retombée, ses sens aussi commençaient à lui faire défaut.

— Je suis désolé, s'excusa Sixircun.

— T'excuser de quoi ? Tu m'as sauvé la vie et tu étais prêt à te sacrifier pour moi ! Ce serait plutôt à moi de m'excuser de ne rien avoir pu faire pour te protéger. Si Zuria n'était pas intervenue, ça n'aurait pas été mon faible bouclier qui t'aurait protégé.

Sans dire un mot, le mange-magie lui prit la main et provoqua chez son invocatrice une légère grimace de douleur. Pour la protéger, il avait dû se séparer d'elle et l'avait donc mordue sous sa forme de lapin. La plaie était encore bien visible et du sang continuait de s'en échapper.

Enfermant la blessure dans ses mains, Sixircun lui produisit un sort de soin qui apaisa instantanément la douleur. Lorsqu'il les retira, la trace de morsure avait totalement disparu. Lui semblait cependant toujours culpabiliser pour ce qu'il lui avait fait.

— Quand il y a eu cette déferlante d'énergie avant que le phénix n'arrive, j'ai cru que j'allais perdre la tête. C'était encore pire que dans le cœur de Lutalica. Même si j'ai eu ton accord, j'ai honte d'avoir cédé à mes pulsions.

— Tu n'as pas à avoir honte. Je savais que cela pouvait arriver. Je ne t'en veux absolument pas pour ça.

— J'ai cru... J'ai cru que je n'arriverai pas à m'arrêter, s'étrangla-t-il. J'ai cru que c'était moi qui allais finir par te tuer à cause de ma faim.

— Mais non, j'avais confiance en toi et...

— Non ! Tu ne comprends pas ! Insista le mange-magie en haussant la voix. Il s'en est fallu de très peu. Une poignée de secondes de plus et je me serai abandonné à ma faim... Une poignée de secondes en plus et je t'aurai tuée !

— Mais tu ne l'as pas fait et tu m'as ensuite sauvé la vie, contredit calmement son invocatrice en le prenant dans ses bras. Si c'était à refaire, je n'hésiterais pas une seule seconde. J'ai confiance en toi, je sais que tu n'iras jamais jusque-là.

— Tu as tort, souffla-t-il en pleurant sur son épaule. Ne me laisse plus jamais me servir comme ça. Je ne veux plus te faire de mal.

Impossible de le raisonner dans son état actuel, se dit Wendy. Tout ceci était encore bien trop frais pour qu'il se rende compte qu'il n'était en rien fautif et qu'il avait pris la meilleure décision dans ces circonstances. L'apprentie mage n'ajouta donc rien et le laissa pleurer sur son épaule tout en le réconfortant et en glissants d'autres remerciements pour l'avoir sauvée de l'attaque du phénix.