Wendy tome 4 : Le sauvetage de Lutalica

Chapitre 6

 Si la rencontre avec Filloré avait été pour le moins traumatisante pour Wendy, les bonnes nouvelles apportées par Zuria lui remontèrent un peu le moral. Le cœur de Lutalica allait commencer à manquer d'énergie dans un mois, mais ça n'allait pas être un arrêt brutal du sort dans son intégralité. Dans ce genre de cas, le sortilège arrêtait tout ce qui n'était pas essentiel, tel que le sort d'invisibilité.

Sa chute ne serait pas non plus instantanée, mais lente et contrôlée. Le mieux aurait été que cela arrive sur le continent de l'ouest, mais il n'y avait plus assez d'énergie pour traverser la mer des maelströms. La ville devait d'ailleurs s'écraser peu avant cette barrière et, bien que ce soit un processus lent, une telle masse allait inexorablement créer des perturbations dans la mer qui allaient atteindre les côtes du continent.

Il n'était cependant pas encore trop tard pour faire changer de cap à Lutalica. Le meilleur point de chute devait être choisi judicieusement pour minimiser l'impact. En cela, la sagesse des descendants de Zuria pouvait être utile.

Wendy aborda aussi ses inquiétudes concernant le comportement des Lutaliciens en tant que réfugiés et le fait qu'ils ne parlaient pas la langue du continent. Elle avait déjà raconté ce qui était arrivé lors de la visite du premier village humain où Fréone et Agabir avaient commis un vol sans s'en rendre compte.

Pour ces points-ci aussi, la dragonne se voulut rassurante. Si les consignes venaient d'elle, elle était certaine qu'ils se tiendraient tous bien. Quant à la langue, ils n'auraient qu'à ressortir ou réenchanter des perles de traduction. Cet objet, dont Wendy n'avait jamais eu besoin, lui était totalement sorti de la tête. Ce petit objet à placer dans l'oreille avait cependant beaucoup servi à sa famille pour communiquer avec les Lutaliciens lorsqu'ils ne parlaient pas encore leur langue.

Si Wendy avait initialement prévu de parler de choses et d'autres avec Zuria qui lui avait servi de nombreuses fois de confidente, elle n'avait à présent plus l'esprit à ça. En attendant le retour de Senca et d'Enzo, elle aborda plutôt ce qui s'était passé entre Kanti et Drikinne. Même si elle n'entra pas dans le détail du combat, l'adolescente vit tout de même sur le visage de Zuria la peine qu'elle ressentait de savoir que ses descendants s'entre-déchiraient ainsi. Elle fut tout de même rassurée en entendant le dénouement.

La matriarche des dragons fut particulièrement intéressée par la doyenne des dragons ancestraux. Elle se désola d'être dans cet état et de ne pas pouvoir rencontrer et apprendre à connaître chacun de ses descendants. Ses seuls véritables contacts avaient été Senca et Zelen avec qui elle avait beaucoup parlé lors des quelques heures par jour où elle était éveillée.

Plusieurs heures s'écoulèrent avant que le groupe parti s'occuper de l'épée d'Enzo n'entre dans la chambre. Zuria et Wendy les informèrent immédiatement de l'intrusion de Filloré et de ce qu'il avait dit. Bien qu'ils n'auraient rien pu faire, George, son mentor et ses amis s'en voulurent de ne pas avoir été là pour la protéger.

— Vous auriez dû donner l'alerte, dit Senca.

— Vu l'état dans lequel elle était, ça n'était pas dans mes priorités, répondit Zuria. Et puis, Filloré devait déjà être loin. À part créer un vent de panique, ça n'aurait servi à rien.

— Certes, admit le dragon noir. L'important est que tu ailles bien, même si cela a dû être traumatisant. Nous savons aussi qu'il ne va pas partir dans une destruction aveugle de tout ce qui l'entour. Reste à savoir comment il va procéder pour s'emparer du monde.

— Dans tous les cas, dragon surpuissant ou non, il n'a pas intérêt à croiser ma route après s'en être pris à ma petite fille, ragea George.

Si sa remarque se voulait sérieuse et servait à exprimer sa colère de ne pas avoir été présent pour la protéger, elle eut pour effet de faire rire la plupart des personnes présentes, dont Wendy. Elle ne se contenta cependant pas de ça et alla l'embrasser pour lui montrer que ces paroles, bien qu'insensées, la touchaient tout de même.