Coup foudre d'adolescente / Felix Straykids

18. La détresse de Shin Hyun

Do Ra :

Ma mère s'est endormie. J'ai décidé de rester dormir avec elle. Je l'imaginais plus forte, mais, elle est dévastée. Quelque chose ne va pas. Elle ne devrait pas se laisser glisser vers le bas, sans réagir. J'ai peur pour elle. C'est comme si elle considérait que son existence n'avait plus de raison d'être. 

"Et moi pourtant, j'en suis une !" J'ai envie de l'en informer.

Inutile de l'enfoncer davantage.  Je vais rester avec elle quelques jours pour qu'elle puisse se remettre, histoire de lui refaire prendre goût à la vie. J'aimerais connaître la cause de cette chute. J'aurais l'impression d'être indiscrète, cependant, il faut que je sache pour pouvoir l'aider.

"- Pourquoi tu te mets dans cet état !" Je laisse échappé à moitié en colère, à moitié suppliante.

Elle lève son visage vers moi. Ses yeux sont remplis de larmes. Cette vue me brise le cœur. Elle reflète son état d'esprit actuel. Elle a touché le fond.

"- Tu dois te ressaisir pour moi !" Je lui impose.

Je ne suis pas douée avec le réconfort. Je me suis tellement renfermée sur moi-même pour cacher mon mal être pendant mon enfance et mon adolescence que j'ai des difficultés à exprimer ma compassion. Pourtant, elle est ma mère, mon unique famille. Je ne peux plus agir avec lâcheté. Je tend ma main vers elle, ce qui est déjà un geste immense pour moi. Elle l'attrape. Je l'aide à se relever de la chaise et je la serre contre moi.

"- Je perds tous ceux que j'aime ! J'ai peur de te perdre toi aussi !" Elle s'exprime enfin.

"- Me perdre ?" Je m'étonne.

"- Quand tu te marieras, je serais seule ! Je ne sais pas si je pourrais le supporter !" Elle poursuit.

"- Tu ne perds pas tout ! La maladie a eu raison de papa, mais ce n'est pas ta faute !" Je tente de la raisonner.

"- Il est le deuxième homme que j'ai aimé qui m'abandonne !" Elle se confie.

"- Le Deuxième ?" Je suis surprise.

Elle me scrute comprenant qu'elle en avait trop dit. Elle baisse la tête. Elle hésite à me parler. Je m'impatiente parce que je veux savoir. Elle reste silencieuse, je pense qu'elle ne me révèlera rien de plus. Je ne cherche pas à la forcer à se confier. Je lui laisse le temps de m'avouer la raison de cette exclamation sans la brusquer parce qu'elle ne me confiera rien sinon. En tous les cas, je laisse tomber pour l'instant, mais je reviendrais à la charge sur ce sujet.

"- J'étais amoureuse d'un autre homme avant ton père !" Elle commence.

J'écarquille les yeux. Je ne rebondis pas sur ses paroles. Je lui permets de prendre son temps. Je ne désire pas la brusquer. Elle se reprend pour enchainer :

"- J'étais amoureuse d'un homme qui a choisi sa carrière à notre histoire d'amour. Et ton père est parti, également !".

Je ressens sa détresse. Je la serre dans mes bras, pour lui apporter ma maigre contribution, mon affection. Elle soupire et sanglote. Je suis désemparée. Ma mère pleure dans mes bras, cette pensée me déboussole. Normalement, ce sont les parents qui réconfortent les enfants. Maladroitement, je caresse ses cheveux. Elle sanglote toujours.

"- Tu ne dois pas penser ainsi, maman !" Je tente de la convaincre. 

"- Je sais. Je suis juste triste !" Elle me rassure.

"- Je vais rester avec toi quelques jours !" Je lui annonce.

Elle me sourit à travers ses larmes. Elle est touchante. Je peux saisir sa tristesse et sa douleur.  Je prépare ma chambre, et, je lui prépare à manger. Elle déguste quelques bouchées, et, repousse l'assiette.