Pff. J'en ai marre. Je m'ennuie tellement... Je regarde la TV. Ces idiots d'humains en ont aussi dans leur dimension. Ils sont un chouia plus intelligents que je ne le pensais. Je ne la regarde que distraitement, d'ailleurs, il n'y a que des programmes inintéressants ici. Ils n'ont pas une seule chaîne où nous voyons des exécutions publiques. De plus, alors qu'à Sortelia, nous avons de bonnes comme de mauvaises nouvelles, sur Terre, ils n'en ont que des mauvaises. Pas étonnant que le taux de suicide soit élevé dans cette dimension...
Je ferme les yeux. Peut-être que je devrais me remettre à l'endroit, car je sens le sang me monter à la tête. Fryn m'a dit de ne pas rester dans cette position, puisque c'était mal élevé, mais je m'en fiche bien de ce qu'elle peut penser. Je suis sur le canapé, les jambes passées au-dessus du dossier, le dos collé au siège, et la tête qui pend, me faisant voir la TV à l'envers. Je pensais que j'arriverais à me détendre de la sorte après que cet imbécile de Magicien m'a réveillé de ma sieste.
- Elden...
Encore Jux. Encore et toujours lui, quand on n'a pas besoin de lui. Qu'est-ce qu'il vient me faire chier ?
- Quoi ?
- Ça pourrait t'intéresser.
Sur ces paroles, il monte le volume avec la petite boîte. Qu'est-ce que ? Je me remets droit pour être sûr que mes yeux ne me jouent pas un tour. Je relis le titre. On est dans la merde...
- Mets en pause, je vais chercher les autres, je lui ordonne.
Je me précipite dehors.
- Vena, il faut que tu viennes.
Elle se retourne vers moi. Elle était assise en tailleur. Ses yeux blancs me font toujours un drôle d'effet. Ce n'est pas de la peur, non, ni de la pitié ou encore de la tristesse. Je dirais plutôt un mélange d'admiration et de compassion. Les autres !
- Va dans le salon et assieds-toi, je lui exige avant de repartir.
Fryn est dans la cuisine et Doryl a dit qu'il allait prendre un bain. D'abord Fryn.
- Il faut que tu viennes voir ça.
- J'arrive, fait-elle avec son habituelle mine heureuse.
Elle va très vite perdre son sourire. Je monte les marches quatre à quatre. Il y a toujours de la lumière dans la salle de bain. J'expire, ça ne me ressemble pas d'hésiter comme ça. Je toque trois coups.
- Doryl ?
J'essaie d'avoir la voix la plus posée possible.
- Qu'y a-t-il ? Qui me dérange ?
- T'as intérêt à te grouiller pour sortir de là, on fait un rassemblement.
Je réprime un vomissement. Ce mot m'arrache la bouche. Il est tellement affreux. On ne prononce ce mot que dans les histoires, lorsqu'il y a "une équipe". Rien que d'y penser, ça me fout la nausée. La bande de bras cassés qui m'accompagne ne ressemble en rien à une quelconque équipe idyllique que l'on retrouve dans ces films pour bambins.
- J'arrive, répond-il simplement.
Je redescends. Les trois autres sont déjà assis. Fryn toujours avec son sourire que j'ai envie de lui arracher, et Jux en train de parler avec Vena. Lorsque je m'assois à côté de cette dernière, ce que dit Jux m'exaspère au plus au point.
- Je peux te décrire les images si tu le souhaites.
Vu la tête que fait Vena, je devine que ça la dérange plus qu'autre chose.
- Jux ? je fais.
- Oui ?
- Je ne pense pas que tu sois sa mère, alors ferme ta gueule.
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Les Sorteliers
FantasyQui sont donc ces cinq Sorteliers, privés de magie et exilés sur Terre ? Pourquoi se sont-ils retrouvés mêlés a une histoire de renversement des forces du pouvoir ? Et quelles sont donc les intentions de cette mystérieuse femme leur ayant donné un...