Les Sorteliers

Chapitre 7 - Vena

Aaaaaaaaaah ! Je n'en peux plus ! Pourquoi j'ai aussi mal ? Depuis tout à l'heure, la douleur parcoure mon tout corps et je me tortille dans mon lit pour espérer que ça s'atténue. Ça a commencé quand je suis arrivée chez moi : j'ai été prise de démangeaisons un peu partout. Deux fois dans une journée, ça commence à faire beaucoup !

Jax m'a directement amenée dans la salle de bain puis est allé me chercher des vêtements avant de les déposer devant la porte. Je parie que mes parents lui ont à peine jeté un regard. Les démangeaisons se sont un peu calmées après un bain, mais une douleur telle une décharge est soudainement apparue et dure depuis ce qu'il me semble être une éternité, mais qui ne dois correspondre qu'à seulement quelques minutes.

Mon meilleur ami fait son possible pour essayer de calmer ma douleur mais il faut dire que les vampires ne sont pas des experts en médecine, étant donné que nous guérissons rapidement et avons une immunité à toute épreuve. C'est pour cela que ceux qui naissent avec un handicap sont tués immédiatement. Les vampires ont peur que leur réputation soit entachée, et de s'encombrer d'un poid inutile.

« … Le Prince est actuellement enfermé quelque part dans le château. Nous vous tiendrons au courant de son état dès que nous le retrouverons… Le pouvoir au peuple ! »

Le Prince ? Le château ? Une attaque civile ? Est ce qu'il va bien ? Ils ne vont pas lui faire de mal quand même ?

- Qu'est ce qui se passe ? je demande péniblement.

- Il paraît que deux personnes se sont introduites dans les appartements du Prince et l'auraient attaqué, me répond Jax. Ils auraient réussi à eux deux seulement à tuer l'entièreté des soldats de la garde royale. Le Capitaine est parvenu à les assommer au dernier moment, il est malheureusement décédé juste après. Le Prince est en sécurité et apparemment, il n'a rien. En même temps, un coup d'État aurait eu lieu à la capitale. Autant te dire que c'est la panique dans tout Sortelia.

Je soupire de soulagement. Ils disent que le Prince est en sécurité, c'est tout ce qui compte. Mais j'imagine que ce n'est plus pour longtemps au vu de ce qu'il se passe en ce moment. C'est vraiment n'importe quoi dans notre dimension actuellement !

- Et toi ? Tu vas bien ? il me demande.

A m'inquiéter pour Sa Majesté le Prince, et pour Sortelia, j'en avais complétement oublié la situation dans laquelle je me trouvais. Je soupire de soulagement : la douleur s'en va doucement.

- Oui, j'ai l'impression que ça s'est calmé.

- Tant mieux. Tu penses que je peux te laisser ?

- Oui, il doit se faire tard.

- Si tu veux je peux passer prendre des affaires chez moi puis revenir au cas où ça reprendrait, me propose-t-il.

Je n'ai pas envie de le retenir plus longtemps, ses parents vont sûrement encore le réprimander de traîner avec moi. J'ai peut être tort de vouloir qu'il reste le plus possible avec moi, mais je n'ai pas envie qu'on soit séparés à jamais… À chaque fois, il fait comme si tout allait bien alors qu'en réalité, je sais qu'il en est tout autre chose. Même si je n'ai jamais rencontré ses parents, il ne me parle pas moins de ce qu'ils lui disent. Il essaie justement de m'en parler le moins possible pour éviter que je ne culpabilise. Mais je ne suis pas dupe…

- Non, ça ira, ne t'inquiètes pas. Je suis capable de me débrouiller seule quand même.

- Ok, ton repas est sur ton bureau et je repasse demain pour les exercices.

- Ça marche, à demain.

- Salut.

J'entends ma porte se fermer et Jax dire au revoir à mes parents. Même si ceux-ci ne le calculent généralement pas, il reste néanmoins poli avec eux et les salue. Je ne sais pas pourquoi il persiste à le faire, mais je le laisse, ça ne peut pas nous attirer d'ennui. Bon, il est temps de manger. Mes parents cuisinent généralement pour deux personnes et moi ne dois me débrouiller , mais comme je suis aveugle c'est pas toujours facile…

Depuis qu'on se connait, c'est mon meilleur et seul ami qui me prépare le repas. Je cherche à tâtons mon bento. Jax m'en fait très souvent parce qu'il sait que j'adore ça. Après l'avoir dégusté, je m'allonge dans mon lit et me pose les mêmes questions que d'habitude : pourquoi ? Pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre ? Je sais que je devrais être contente d'avoir "survécu" mais je n'y arrive pas.

Peut-être n'aurais-je jamais rencontré Jax si j'étais dotée de la vue. Peut-être que j'aurai été comme toutes ces filles prétentieuses qui se moquent de toutes celles qui sont différentes. Personne ne parlerai de moi dans mon dos et mes parents me donneraient de l'attention…Quelqu'un toque à ma fenêtre, m'interrompant dans ma réflexion. Qui ça peut-être ? Jax à le double des clés et personne (je dis bien personne) n'oserait faire une violation de propriété.

Les vampires tiennent tellement à ce qu'ils ont qu'ils pourraient tuer pour que personne n'y touche. C'est pour ça que quiconque aurait fait ne serait-ce qu'un seul pas sur la pelouse sans autorisation de l'un d'entre nous serait déjà mort de la main de mes parents. Or, la personne qui retoque à ma fenêtre est bien vivante et n'a sûrement pas été invitée par mes parents. Je tourne la tête vers la fenêtre. Le bruit s'est arrêté. La personne doit sûrement se dire que je l'ai remarqué.

Si ça se trouve, c'est un petit animal… Je pense que je peux lui ouvrir, mes parents doivent s'en ficher ? Oui, ce doit être un petit oiseau…

- Oui ? je lui demande.

Je tend le bras pour que l'oiseau se pose dessus. A la place de petites pattes, c'est une main qui me touche le bras. Je suis si surprise que je recule d'un coup. La personne m'a sûrement touché le bras pour me signaler qu'il ne me voulais pas de mal. Je pense que c'est l'explication la plus plausible, sinon je serais déjà morte. Comment je sais cela moi ? Est-ce l'aura de cette personne qui me le souffle ? En tout cas son toucher ne dégageait aucune hostilité.

L'individu se glisse dans ma chambre. Quelque chose d'autre s'y glisse. Ce même truc se frotte contre mes jambes. Je me baisse et le caresse. On dirait un gros chat. Il n'a pas l'air de me vouloir du mal lui non plus, alors je pense que je peux être sereine. A vrai dire, j'ai remarqué que je mettais en confiance les animaux que je croise. L'animal ronronne. Je souris. Il m'appaise. Je devrais peut-être élever un chat…

Il se passe quelques minutes comme ça en silence. Je me relève enfin pour demander à la personne en face de moi ce qu'elle fait là. La mystérieuse personne me prend la main et la met face au plafond avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit. Elle y dépose quelque chose de froid, comme une chaîne avec une espèce de pendentif en boule avec deux piques attaché. Sa voix est étonnamment claire. Je parierais que c'est une fille.

- C'est pour toi. Garde le bien précieusement. Bientôt tu rencontreras ton plus grand rêve. Ne le suis pas. Suis plutôt ceux qui auront tout perdu. Tu es la clef.

Elle me lâche la main et son animal s'éloigne. Je le laisse partir presque à contre cœur. Ce n'est qu'au bout de cinq minutes que je me rends compte qu'ils sont partis. Je ferme la fenêtre d'où vient un courant d'air plutôt frais. Cette rencontre était décidément étrange, un peu comme un rêve. Mais la chaîne toujours aussi froide dans ma main me dit le contraire…