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Le lendemain matin, je me rendis au bureau de ma mère, accompagné de Kennedy, qui avait pris soin de se maquiller pour montrer à quel point elle était grièvement malade. Je frappai à la porte, le cœur battant. J'entendis la voix d'Elizabeth nous inviter à entrer. Je poussai la porte, et je vis ma mère assise à son bureau, devant un ordinateur. Elle nous regarda avec un sourire qui ne présageait rien de bon.

- Bonjour, mes enfants, nous dit-elle, d'une voix faussement chaleureuse. Asseyez-vous, je vous en prie.

Je m'assis sur une chaise, en entraînant Kennedy avec moi. Je sentis sa main se serrer dans la mienne. Je lui lançai un regard rassurant, mais je n'étais pas sûr de moi. Je me demandais ce que ma mère nous voulait, ce qu'elle savait, ce qu'elle allait faire.

- Je vous ai convoqués pour vous parler d'un sujet très important, reprit-elle, en posant son regard sur Kennedy. Il s'agit de votre santé, ma chère.

Je sentis un frisson me parcourir. Avait-elle découvert notre mensonge ? Avait-elle analysé l'échantillon de sang ? Avait-elle vu à travers notre stratagème ?

- Quoi ? balbutiai-je, en essayant de paraître surpris. Qu'est-ce qu'il y a ?

- Ne fait pas l'innocent, mon fils , me lança-t-elle, en me fusillant du regard. Tu sais très bien de quoi je parle. Tu sais très bien que Kennedy n'est pas malade. Tu sais très bien que vous m'avez trompée.

Je restai bouche bée. Elle savait. Elle savait tout. Comment avait-elle fait ? Comment avait-elle découvert notre secret ? Comment avait-elle déjoué notre plan ?

- Comment... comment le sais-tu mère? demandai-je, d'une voix tremblante.

- Ne me prend pas pour une idiote, Maximilian, me dit-elle, en haussant le ton. Tu croyais que je n'avais pas remarqué vos manigances ? Tu croyais que je n'avais pas vérifié vos dires ? Vous pensiez que je n'avais  pas fait ma propre enquête ?

Elle appuya sur une touche de son ordinateur, et l'écran s'alluma. Je vis apparaître le visage du Dr. Harrison, le médecin qui nous avait aidés à falsifier le diagnostic de Kennedy. Il avait l'air terrifié, et il était attaché à une chaise.

- Bonjour, Dr. Harrison, lui dit-elle, d'une voix glaciale. Je vous présente Maximilian et Kennedy, les deux personnes qui vous ont impliqué dans leur complot contre moi. Vous les reconnaissez ?

-Oui... oui, je les reconnais, répondit le Dr. Harrison, d'une voix faible. Ce sont eux qui m'ont demandé de leur fournir un faux certificat médical. Ce sont eux qui m'ont dit que Kennedy était atteinte d'une maladie incurable. Ce sont eux qui m'ont entraîné dans leur conspiration.

-Et pourquoi avez-vous accepté de les aider ? l'interrogea Elizabeth, d'une voix cinglante.
Parce que... parce que Kennedy est une amie d'enfance, avoua le Dr. Harrison, en levant les yeux. Parce que je savais qu'elle ne voulait pas se marier avec Maximilian. Parce que je voulais la protéger de vous.

-De moi ? s'étonna Elizabeth, d'une voix ironique. Et pourquoi donc ?

-Parce que vous êtes une femme sans scrupule, dit le Dr. Harrison, en prenant son courage à deux mains. Parce que vous ne vous souciez pas du bonheur de votre enfant. Parce que vous ne cherchez qu'à assouvir votre soif de pouvoir.

-Quelle audace ! s'exclama Elizabeth, d'une voix furieuse. Vous osez me juger, vous qui avez trahi votre serment de médecin ? Vous qui avez menti, trompé, falsifié ? Vous qui avez pactisé avec eux ?

Elle appuya sur une autre touche, et l'écran changea. Je vis apparaître une série de vidéos, qui retraçaient les actions de John. Il avait placé des photos compromettantes dans le bureau du Dr. Harrison, pour le faire chanter. Il l'avait suivi jusqu'à notre rendez-vous, pour nous surveiller. Il avait profité de notre inattention, pour échanger l'échantillon de sang de Kennedy, par un autre. Et nous avait laissé faire, en jouant l'ignorant.

Je n'en croyais pas mes yeux. John nous avait bien eu. John nous avait piégés. John nous avait livrés à Elizabeth.

-Vous voyez, mes enfants, dit-elle, en se tournant vers nous. Vous avez été dupés, par celui que vous croyiez être votre allié. Vous avez été démasqués, par celle que vous croyiez être votre ennemie. Vous avez été vaincus, par celle que vous croyiez pouvoir renverser.

Elle se leva, et se dirigea vers nous. Elle nous regarda avec mépris, et nous dit :

-Vous avez commis une erreur, une erreur irréparable. Vous avez oublié qui je suis, qui vous êtes, ce que vous me devez. Vous avez oublié que je suis Elizabeth, que je suis la plus puissante, la plus intelligente, que je connais tous vos secrets, que je n'ai aucune pitié.

Elle appuya sur un bouton, et éteignit l'écran. Puis, elle nous regarda avec un sourire cruel.

- Alors, qu'avez-vous à dire pour votre défense ? demanda-t-elle, d'une voix sarcastique.

Nous n'avions plus rien à dire. Nous baissions les yeux, honteux, humiliés, vaincus. Moi, j'étais dégoûté et en colère. J'étais en colère de la manière dont ma mère avait pu lire en moi comme dans un livre ouvert. J'étais en colère de la manière dont elle avait pu nous manipuler, nous piéger, nous détruire. J'étais en colère de la manière dont elle avait pu nous imposer sa volonté, sans nous laisser le choix.

Ma mère reprit la parole, d'une voix triomphante :

- Puisque je vous ai mis à genoux, je vous propose un accord. Vous ne pouvez pas le refuser, car vous le regretteriez si vous tentiez de me défier ou de me tromper encore. L'accord est simple : vous allez former un couple pendant un an et demi. Si à la fin de cette période, vous n'êtes pas tombés amoureux l'un de l'autre, et que vous constatez que vous n'êtes pas compatibles, vous pourrez vous séparer et reprendre votre vie. Si vous acceptez, signez ce contrat. Et méfiez-vous, si vous essayez de faire autrement.

Elle nous tendit un document, où étaient stipulées les conditions de notre relation sous contrat. C'était un contrat de mariage, en quelque sorte. Un mariage forcé, sans amour, sans liberté, sans espoir.

Je regardai Kennedy, qui me regardait aussi. Nous étions désespérés, effrayés, révoltés. Nous ne voulions pas de cet accord. Nous ne voulions pas de ce mariage. Nous ne voulions pas de cette vie.

Mais nous n'avions pas le choix. Nous savions que ma mère ne plaisantait pas. Nous savions qu'elle était capable de tout. Nous savions qu'elle ne nous laisserait pas en paix.

Nous signâmes le contrat, d'une main tremblante. Nous scellâmes notre destin, d'un geste fatal. Nous entamâmes notre relation sous contrat, d'un pas résigné.

Relation sous contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant