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Je n'avais pas le choix. Face à ma mère, je ne pouvais que me résigner à aller à la soirée. Elle m'avait fait un chantage odieux, me menaçant de me déshériter si je ne me réconciliais pas avec ma femme. Elle ne supportait pas que je sois avec Alice, cette avocate brillante et charmante que j'avais rencontrée au travail. Elle voulait que je reste avec Kennedy, cette mannequin superficielle et capricieuse que j'avais épousée par chantage de sa part.

La soirée avait lieu dans un grand hôtel de luxe, où Kennedy présentait sa nouvelle collection de mode.
C'était un événement mondain, où se pressaient des journalistes, des photographes, des célébrités. Je détestais ce genre d'ambiance, où tout n'était qu'apparence, hypocrisie, vanite. Je me sentais mal à l'aise, en décalage, en colère.

Je vis Kennedy apparaître sur le podium, vêtue d'une robe rouge éclatante. Elle était sublime et magnifique, je devais l'admettre. Elle avait un corps de rêve, un visage d'ange, un sourire ravageur. Elle défilait avec grâce, élégance, assurance. Elle captait tous les regards, tous les compliments, tous les applaudissements.

Je la regardais sans la voir, sans la désirer, sans l'aimer. Je pensais à Alice, à sa douceur, à son intelligence, à son humour, à son corps. Je pensais à nos moments de complicité, de tendresse, de passion.

Je vis que tout le monde s'approchait de Kennedy, voulait faire d'elle sien. Au début, je ne prêtais pas attention, je m'en moquais, je m'en fichais. Mais peu à peu, les hommes ont commencé à tourner autour d'elle d'une manière qui ne me plaisait pas, que je n'adorais pas. Ils la complimentaient, la courtisaient, la draguaient. Ils la touchaient, la caressaient, la tripotaient.

Je ne supportais plus de voir ces hommes tourner autour de ma femme, la traiter comme un objet, la manquer de respect. Je me levai de ma chaise, et je me dirigeai vers le podium. Je me frayai un chemin parmi la foule, en bousculant ceux qui me gênaient. Je montai sur le podium, et je pris ma femme par la main. Je la regardai dans les yeux, et je lui dis :

- Viens, on s'en va.

Elle me regarda avec surprise, incompréhension, curiosité. Elle ne dit rien, mais elle me suivit. Je la tirai vers la sortie, en ignorant les protestations, les questions, les regards. Je la conduisis jusqu'à ma voiture, et je la fis monter. Je démarrai le moteur, et je quittai l'hôtel.

Je roulai sans but, sans destination, sans plan. Je voulais juste être loin de cette soirée, de ces gens, de cette vie. Je voulais juste être avec elle, avec ma femme, avec Kennedy. Je voulais lui parler, lui expliquer, lui demander. Je voulais savoir ce qu'elle pensait, ce qu'elle ressentait, ce qu'elle voulait.

Je finis par arriver au bord de la mer, où il y avait une plage déserte. Je garai ma voiture, et je descendis. Je pris ma femme par la main, et je l'entraînai vers le sable. Je la regardai dans les yeux, et je lui dis :

- Ecoute, je sais que tu dois te poser plein de questions, que tu dois être en colère, que tu dois être déçue. Je sais que je n'ai pas été un bon mari, que je n'ai pas été présent, que je n'ai pas été fidèle. Je sais que je t'ai fait souffrir, que je t'ai fait pleurer, que je t'ai fait honte. Mais je veux que tu saches une chose, une seule chose, une chose importante. Tu es très importante moi.

Elle me regarda avec surprise, émotion, hésitation. Elle ne dit rien, mais elle me serra la main. Je la pris dans mes bras, et je l'embrassai. Elle me rendit mon baiser, et elle se blottit contre moi. Nous restâmes là, sur la plage, sous la lune.

Après un long silence, elle me dit :

- Tu sais, je n'ai pas toujours été mannequin. Quand j'étais petite, je rêvais de devenir médecin, comme ma mère. Elle était ma plus grande inspiration, ma plus grande fierté. Elle soignait les gens, elle les aidait, elle les aimait. Elle était respectée, admirée, aimée. Elle était tout ce que je voulais être.

Je l'écoutais avec attention, avec intérêt, avec curiosité. Je ne savais pas grand-chose de sa vie, de son passé, de ses envies. Je ne lui avais jamais posé de questions, je ne lui avais jamais prêté d'attention, je ne lui avais jamais montré d'affection. Je me rendis compte que je ne la connaissais pas, que je ne la comprenais pas, que je ne la méritais pas.

Elle continua :

- Mais un jour, tout a basculé. Ma mère est morte dans un accident de voiture, quand j'avais 16 ans. Elle revenait d'une mission humanitaire en Afrique, où elle avait sauvé des centaines de vies. Elle était ma raison de vivre, ma raison d'être, ma raison d'espérer. Quand elle est partie, j'ai perdu le goût de la vie, le goût de l'étude, le goût de l'amour. J'ai abandonné mes rêves, mes projets, mes ambitions. J'ai sombré dans la dépression, la solitude, le désespoir.

Je la regardais avec compassion, avec tristesse, avec regret. Je ne savais pas qu'elle avait souffert, qu'elle avait pleuré, qu'elle avait renoncé. Je ne savais pas comment la réconforter, comment la consoler, comment la rassurer. Je me sentis coupable, impuissant, inutile.

Elle poursuivit :

- C'est alors que j'ai rencontré Marc, un agent de mannequinat. Il m'a repérée dans la rue, il m'a abordée, il m'a proposée. Il m'a dit que j'avais un potentiel énorme, que j'avais une beauté rare, que j'avais une chance unique. Il m'a dit qu'il pouvait me faire devenir la meilleure mannequin du monde, qu'il pouvait me faire accéder à la gloire, qu'il pouvait me faire oublier ma douleur. Il m'a dit qu'il m'aimait, qu'il me protègerait, qu'il me rendrait heureuse.

Je l'écoutais avec méfiance, avec jalousie, avec colère. Je ne savais pas qu'elle avait aimé, qu'elle avait cru, qu'elle avait suivi. Je ne savais pas comment réagir, comment répondre, comment me défendre. Je me sentis jaloux, menacé, blessé.

Elle acheva :

- Mais il m'a menti, il m'a trahi, il m'a détruite. Il m'a fait entrer dans un monde cruel, un monde superficiel, un monde artificiel. Il m'a fait subir des pressions, des humiliations, des manipulations. Il m'a fait perdre ma dignité, ma personnalité, ma liberté. Il m'a fait souffrir, il m'a fait pleurer, il m'a fait honte. Il ne m'aimait pas, il ne me respectait pas, il ne me voulait pas.

Je la regardais avec tendresse, avec admiration, avec compassion. Je ne savais pas qu'elle avait été trompée, qu'elle avait été blessée, qu'elle avait été brisée. Je ne savais pas comment l'apaiser, comment l'aimer, comment la sauver. Je me sentis ému, touché, attiré.

Je lui dis :

- Je suis désolé, je ne savais pas, je ne comprenais pas. Je suis désolé, je n'ai pas été là, je n'ai pas été bon. Je suis désolé, je t'ai fait du mal, je t'ai fait du tort. Mais je veux que tu saches une chose, une seule chose, une chose importante. Je tiens à toi.

Relation sous contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant