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La réunion se termina vers midi, et Alice accepta de m'accompagner pour déjeuner. Nous sortîmes du cabinet, et nous dirigeâmes vers un restaurant proche, où nous avions réservé une table. Je sentis une attirance irrésistible pour elle, mais je me retins de lui faire part de mes sentiments. Je me dis que ce n'était pas le moment, pas le lieu, pas la personne.

Nous étions à L'Orchidée, un restaurant français qui se distinguait par sa cuisine raffinée et son ambiance romantique. Le décor était élégant, avec des nappes blanches, des bougies, des fleurs. Le service était impeccable, avec des serveurs attentionnés, discrets, professionnels. La carte proposait des plats variés, savoureux, authentiques. C'était le lieu parfait pour un déjeuner d'affaires, ou d'amour.

- Qu'est-ce que tu prends ? Je lui demandai.

- Un verre de vin blanc, s'il te plaît. Elle me répondit.

- Moi aussi. Je dis au serveur.

- Très bien, je vous apporte ça tout de suite. Il dit en s'éloignant.

- Alors, tu es content de la réunion ? Elle me demanda.

- Oui, très. Je pense qu'on a bien préparé le procès. Et toi ?

- Moi aussi. Je suis impressionnée par ton professionnalisme. Et ton charisme. Elle ajouta avec un sourire.

- Merci, c'est gentil. Tu es très douée toi aussi. Et très jolie. Je lui rendis son sourire.

- Arrête, tu me fais rougir. Elle baissa les yeux.

- Non, c'est vrai. Tu es magnifique. Je lui pris la main.
- Tu es adorable. Elle me regarda dans les yeux.

- Tu es irrésistible. Je me penchai vers elle.

- Le serveur revint avec nos verres, et nous interrompit. Il nous demanda si nous avions choisi nos plats.

- Euh, oui, je vais prendre le saumon grillé, s'il vous plaît. Elle dit précipitamment.

- Et moi le steak-frites, merci. Je dis rapidement.

- Très bien, je vous apporte ça dès que possible. Il dit en repartant.

- Désolée, on a été coupés. Elle me dit.

- Ce n'est pas grave, on a tout notre temps. Je lui dis.

- Oui, tu as raison. Elle me dit.

- On parlait de quoi, déjà ? Je lui demandai.

- De nos envies. Elle me répondit.

- Ah, oui. Et tu as envie de quoi ? Je lui demandai.

- De toi. Elle me répondit.

- Moi aussi. Je lui dis.

On riait de nos anecdotes, de nos blagues, de nos bêtises. On se racontait nos expériences, nos souvenirs, nos rêves. On se découvrait des points communs, des affinités, des complicités. On se rapprochait physiquement, émotionnellement, intellectuellement. On se touchait les mains, les bras, les épaules. On se regardait dans les yeux, dans l'âme, dans le cœur. On se plaisait de plus en plus, on s'attirait de plus en plus.

Mais on fut interrompus, dérangés, séparés. Quand mon téléphone sonna, vibra, s'alluma. Quand je vis le nom de l'appelant, le numéro de l'appelant, le visage de l'appelant. Quand je reconnus ma mère, Elizabeth, qui m'appelait pour me parler, me gronder, me menacer. Je m'excusai auprès d'Alice, et je décrochai le téléphone, sans mettre le haut-parleur. Je portai le téléphone à mon oreille, et j'entendis sa voix.

- Allô, mon chéri, c'est maman. Tu vas bien ?
- Oui, maman, je vais bien. Et toi ?
- Moi, je vais très mal. Tu sais pourquoi ?
- Non, maman, je ne sais pas. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Il y a que ta femme, Kennedy, fait son défilé de mode aujourd'hui, et que tu n'es pas là pour la soutenir !
- Ah, oui, c'est vrai. J'avais oublié.

- Comment as-tu pu oublier ? C'est un scandale, un affront, une honte ! Elle a travaillé dur pour préparer cette collection, elle a investi beaucoup d'argent, de temps, d'énergie ! Elle a besoin de ton soutien, de ta présence, de ton amour !

- Ecoute, maman, je suis désolé, mais je n'ai pas le temps de parler de ça. Je suis au travail, j'ai un procès demain, c'est très important aussi.

- Plus important que ta femme ? Plus important que ton mariage ? Plus important que ta famille ?

- Ce n'est pas ce que je veux dire, maman. Mais tu sais que je n'aime pas les défilés de mode, que je n'y connais rien, que je m'y ennuie.

- Ce n'est pas une excuse, mon chéri. Tu dois faire des efforts, des concessions, des sacrifices. Tu dois montrer à ta femme que tu l'aimes, que tu la respectes, que tu la valorises. Tu dois la rendre heureuse, fière, épanouie.

- Mais maman, tu sais bien que notre mariage ne va pas bien, que nous nous disputons souvent, que nous nous éloignons l'un de l'autre.

- C'est justement pour ça que tu dois y aller, mon chéri. Tu dois essayer de sauver ton couple, de réparer tes erreurs, de renouer le dialogue. Tu dois lui donner une chance, une opportunité, une preuve.

- Maman, s'il te plaît, arrête. Tu ne sais pas de quoi tu parles, tu ne connais pas notre situation, tu ne comprends pas notre problème.

- Au contraire, mon chéri, je sais très bien de quoi je parle, je connais parfaitement votre situation, je comprends parfaitement votre problème. Votre problème, c'est que tu ne fais pas attention à elle, que tu ne lui accordes pas assez de temps, que tu ne lui exprimes pas assez tes sentiments. Votre problème, c'est que tu es trop pris par ton travail, que tu es trop obsédé par ton succès, que tu es trop égoïste. Votre problème, c'est que tu la négliges, que tu la délaisses, que tu la trompes.

Je sursautai, je rougis, je bégayai. Je regardai Alice, qui m'écoutait discrètement, qui me fixait intensément, qui me jugeait silencieusement. Je vis son expression changer, son sourire s'effacer, son regard se voiler. Je vis sa déception, sa colère, sa tristesse. Je vis qu'elle avait compris, qu'elle avait deviné, qu'elle avait souffert.

- Maman, comment oses-tu dire ça ? Comment peux-tu m'accuser de la tromper ? C'est faux, c'est injuste, c'est blessant !

- Ne me mens pas, mon chéri. Je le sais, je le sens, je le vois. Je le sais parce que je te connais mieux que personne, je te connais depuis toujours. Je le sens parce que je suis ta mère et que je t'aime. Je le vois parce que je l'ai vue, je l'ai vue avec toi, je l'ai vue hier.

- Qui as-tu vue, maman ? De qui parles-tu ?

- De cette fille, de cette avocate, de cette Alice. Je l'ai vue sortir de ton bureau, je l'ai vue monter dans ta voiture.

- Maman, tu te trompes, tu hallucines, tu délires. Ce n'est pas ce que tu crois, ce n'est pas ce que tu imagines, ce n'est pas ce que tu penses.

- Ne me prends pas pour une idiote, mon chéri. Je sais ce que je dis, je sais ce que je fais, je sais ce que je veux. Je veux que tu arrêtes de voir cette fille, que tu rompes avec elle, que tu l'oublies. Je veux que tu ailles au défilé de ta femme, que tu lui demandes pardon, que tu lui promettes de changer. Je veux que tu sauves ton mariage, que tu respectes tes vœux, que tu honores ta famille.

- Maman, tu n'as pas le droit, tu n'as pas le pouvoir, tu n'as pas le choix. C'est ma vie, c'est ma décision, c'est mon bonheur. Je ne veux pas aller au défilé de ma femme, je ne veux pas lui demander pardon, je ne veux pas lui promettre de changer. Je ne veux pas sauver mon mariage, je ne veux pas respecter mes vœux, je ne veux rien de tout cela.

Relation sous contratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant