Peine de cœur

58 3 2
                                    

Il pleut. Il fait nuit. Et Maxime se trouve dehors, au bord de la route, seul et désespéré. Il n'a sur lui qu'un sweat noir pour le protéger, la capuche ne sert presque à rien tant elle est imbibée d'eau et un moment, le jeune homme se dit que s'il l'enlevait, il aurait peut-être un peu moins froid. Dès qu'il entend une voiture s'approcher, il lève son pouce, espérant que l'on ait assez pitié de lui pour le prendre en voiture. Pour le moment, Fortune ne l'aide pas tellement. Les phares l'éblouissent, les gens klaxonnent pour qu'il s'écarte, mais ne se stoppe pas. Maxime commence vraiment à croire qu'il va devoir terminer la route à pied, géographiquement, il se situe à quatre heures de sa destination.

Finalement, après un long moment d'errance, une voiture noire ralentit enfin en ouvrant la fenêtre.

- Mec ? Tu fais quoi au bord de la route, avec ce temps en plus. Monte, je te dépose. Le ton presque trop familier effraie quelque peu Maxime. Il craint la mauvaise rencontre, mais il est frigorifié et n'a pas d'autres alternatives. Sans un mot, il grimpe dans le véhicule. Le conducteur lui jette des coups d'œil réguliers et inquiets. Ramasser des auto-stoppeurs sur la route n'est pas ce qu'il préfère, lui aussi craint les problèmes. Pourtant, dans un élan d'humanité, il lui a paru impossible de laisser ce garçon sous la pluie. L'homme est curieux, mais ne pose pas de questions et Maxime voit bien l'hésitation que son sauveur exprime lorsque qu'il ouvre la bouche. Il apprécie la discrétion dont il fait preuve.

- Sur la banquette arrière, il doit y avoir une couverture, prend la. D'un geste, il augmente le chauffage dans la voiture. Maxime est touché par l'intention. Je m'appelle Sidjil.

- Maxime... Murmure-t-il en réponse.

- Tu veux aller quelque part en particulier ? Parce que je t'avoue qu'il est cinq heures du matin alors...

- Dépose-moi dans le prochain village, je me débrouillerai.

- Hors de questions. Loin de moi l'idée de te séquestrer hein. Mais je ne te laisse pas dehors. Je te propose de rester chez moi ce soir, on arrive dans dix minutes environ et demain, je te conduis où tu veux.

Maxime hésite, la peur lui tient la gorge. D'un autre côté, sa mère pense qu'il est encore chez sa copine. Elle ne s'inquiétera pas s'il ne rentre pas avant demain. Cependant, se rendre chez un inconnu pour dormir... Ça ne l'inspire pas non plus.

- Je ne te force pas surtout, si tu préfères que je t'amène direct là où tu veux aller, ça me va. Intervient Sidjil. C'est juste que si c'est loin... La voix posée du conducteur le rassure. Il semble avoir son âge, et dans son discours, Maxime a l'impression qu'il s'inquiète vraiment pour lui. Il hoche la tête.

Finalement, il a le droit de prendre une douche chaude, Sidjil lui prête des habits et il l'installe confortablement dans le canapé. Il dort bien. Mieux que la veille et l'avant-veille, mieux que depuis des mois, en fait.

Passé le premier moment de désorientation au réveil, Maxime remercie chaleureusement son hôte. Il ne répond rien d'autre qu'un sourire sincère. C'est suffisant pour que Maxime repense à son ex petite amie. Alors il pleure. Étonné, Sidjil s'approche et le prend dans ses bras. Les sanglots les bercent tous les deux, ils pourraient rester longtemps dans cette position. Pourtant, Maxime doit rentrer.

Une fois devant sa maison, Maxime exprime sa gratitude pour Sidjil, ce dernier lui donne son numéro de téléphone. Il faudra bien qu'il lui rende ses vêtements un jour. Sa mère l'accueille, un peu surprise, elle pensait qu'il serait resté plus longtemps chez sa copine. Et puis, qui est la personne qui l'a ramené ? Sûrement pas le père de Leïla. Le jeune homme pleure de plus belle et se réfugie dans les bras de sa mère.

- Je l'ai quitté Maman. Et je suis parti. Sidjil m'a hébergé pour la nuit.

- Ton ami ?

- Il m'a pris en stop. Il sait comment sa mère va réagir, sa façon de se comporter est vraiment irresponsable. Enfin, il pensait savoir, parce qu'elle se contente de le serrer plus fort dans ses bras.

- Pourquoi tu ne m'as pas appelé ? Qui avait-il de pire pour une mère que de n'avoir pas pu aider son enfant ?

C'est un capOù les histoires vivent. Découvrez maintenant