Hurle mon nom

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Foncez lire Instinct de @Pimpampomme ! C'est l'une des inspirations du texte un peu. 


Maxime est né. Ce fut le premier de tous ses malheurs. Puis, devant ses yeux, son oncle avait tué son père pour une vulgaire histoire de pouvoir. Simple enfant de huit ans, spectateur impuissant du massacre, ses yeux s'étaient teints de bleu larme. Dès lors, il avait cessé de croire en l'existence de liens du sang. Le mot famille, exprimant un concept pourtant élevé sur un piédestal chez lui, devint presque une insulte dans sa bouche. Maxime n'avait plus jamais considéré les siens comme la sienne. Sa mère : l'ombre d'elle-même. Sa sœur : bien trop jeune pour ne se souvenir rien que du visage de son père. Il resterait seul dans sa peine à jamais.


En primaire, il finit par trouver deux camarades de jeux, Ben et Élian, avec qui il s'amusait beaucoup dans la cours de récréation. Ils étaient comme ses vrais frères, ceux que personne ne pourrait lui enlever. Enfin, il le pensait avant que sa mère ne lui explique un jour, que ses amis ne le comprendraient jamais complètement. Elle lui intima de couper les ponts avec eux ou son oncle se chargerait de leur couper la gorge. 


Ce fut le début d'une longue période de solitude noire. Mais en comparaison avec le collège, le début du lycée fut plutôt doux. Au moins, on le laissait seul sans chercher à l'importuner, sans chercher à le harceler. La passivité et le calme dont il avait dû faire preuve pendant quatre ans, pour ne pas arracher la tête des brutes le malmenant, fut un exercice rude. La tranquillité qu'on lui accordait désormais lui était agréable. Toutefois, l'oncle de Maxime, désolé de voir son précieux neveu, la prunelle de ses yeux, dans un tel embarra, dans un tel mal-être, décida de lui offrir le plus beau des cadeaux. Le quarantenaire passa trois mois à observer les camarades de classe de Maxime. Il cherchait le candidat parfait pour devenir le compagnon de route de son neveu. Quoi de mieux qu'un ami partageant la même vie que lui pour s'épanouir complètement ? Son oncle jeta finalement son dévolu sur un adolescent qui jouait au basket comme personne. La musculature que l'on devinait sous ses habits ferait de lui un sujet résistant. Le métis survivrait, il en était certain.

Un soir, en rentrant des cours, Maxime retrouva son camarade attaché à sa tête de lit avec des menottes en argent. La détresse dans son regard était palpable et, sous la surprise, Maxime laissa tomber son téléphone au sol tandis que le prisonnier écarquillait les yeux. Ensuite, l'adolescent se jeta sur le corps du prisonnier pour essayer de le libérer, en vain. Dans la manœuvre, il aperçut une blessure étrange présente sur son omoplate. Avec toute la douceur du monde, il souleva le T-shirt de Matthis pour mieux la voir. Là, son cœur se stoppa. Il se recula brusquement et fonça dans le salon pour confronter le chef de famille. Les poignets du prisonnier commençaient à devenir douloureux, son dos brûlait, et avec les éclats de voix de Maxime, dont les propos lui parvenaient par bribes, Matthis crut que cette dispute sonnait la fin de sa vie.

Quand son geôlier revint, dix minutes plus tard, il pleurait et une trace rouge en forme de main ornait sa joue. Il ferma la porte de sa chambre derrière lui et s'effondra sur le matelas, tentant médiocrement de dissimuler sa grande détresse. Il s'excusa pendant de longues minutes.


- Libère-moi. Supplia le pauvre adolescent qui commençait à douter de l'implication de Maxime dans son kidnapping.


- Je... ne peux pas... Son ton était tellement sincère que Matthis ne parvint même pas à lui en vouloir. 

Une année passa, durant laquelle la vie de Matthis changea du tout au tout. Sa mère crut d'abord qu'il se droguait ou se dopait, voire les deux, il excellait dans sa discipline sportive, mais une fois par mois, disparaissait la nuit entière pour dormir chez son meilleur ami qu'elle n'avait même jamais vu. Et son fils devenait beaucoup plus impulsif, la colère, les répliques cinglantes, et même les coups violents dans les murs lorsque quelque chose venait à le contrarier étaient autant d'éléments qui inquiétaient son instinct maternel.


Elle insista donc pour rencontrer Maxime. Un garçon frêle sans histoire et d'une gentillesse infini, rien d'un dealer. Voilà l'impression qu'elle tira de cette entrevue. Matthis hocha la tête lorsque sa mère lui en fit conte. C'était bien. Sa maman l'adorait et n'avait plus de doute. En réalité Matthis le détestait. Symboliquement du moins, parce que dans une moindre mesure, il représentait l'origine de son mal. Ils étaient comme des frères, avec une relation fusionnelle à en faire pâlir les plus grandes bromances. C'était trop. Parce qu'ils n'avaient pas vraiment eu le choix. Maxime savait qu'il pourrait confier sa vie à l'autre et inversement. Cette dépendance les faisait profondément chier.  

C'est un capOù les histoires vivent. Découvrez maintenant