Les Fables des Cinq Mondes - Tome I : La princesse vagabonde.

Chapitre 6 : Une princesse mal aimée.

Dans une chambre richement meublée, une jeune fille est accroupie au pied d'un lit à baldaquin. Recroquevillée sur elle-même, elle semble triste mais pourtant, aucune larme ne coule sur ses joues. Pourquoi est-elle autant accablé ? Pourquoi le regret se fait-il de plus en plus persistant dans son esprit à mesure qu'elle réfléchit ? Elle ne devrait pas éprouver tant de chagrin. C'est une jeune fille bien lotie, qui au demeurant, ne pourra jamais affronter les épreuves que traversent les petites gens, au quotidien. Alors, pourquoi tant de doutes et de questions assaillent autant son esprit ? Pourquoi est-ila habité que par de sombres pensées ? Est-elle aussi malheureuse qu'elle ne le laisse paraître ? Une question revient sans cesse dans son esprit et ne cesse de la tourmenter. La jeune fille aimerait tellement la ranger dans un coin de son esprit afin que celle-ci la laisse tranquille l'espace de quelques instant seulement, mais elle imagine bien que cela ne pourra jamais se faire. Elle ne peut exiger une réponse de la part de quiconque et surtout pas de sa mère.

« La princesse Artémise mérite-t-elle vraiment de mourir ? »

Cette question taraudait sans relâche Anja, à chaque heure du jour et de la nuit. Depuis quelques temps, en effet, le simple fait de réfléchir à ce sujet précis tournait presque à l'obsession pour l'adolescente et, de surcroît, la jeune princesse eu souvent l'impression qu'elle ne pourrait résoudre ce type d'énigme, même en dépit des efforts qu'elle déploierait. Ses faibles capacités de réflexion n'étant pas à la hauteur, elle ne voyait pas bien comment elle pourrait apporter une réponse crédible à une question aussi perturbante et cela devenait de plus en plus déroutant pour elle. Anja aurait bien aimé pouvoir se détendre sans être la proie de doutes incessants mais son esprit était comme prit dans une sorte de filet où chaque questionnement correspondait à une maille et celui-ci continuait à se resserrer vigoureusement, ne pouvant lâcher prise.

A chaque fois qu'Anja essayait tant bien que mal de s'adonner à n'importe quelle activité normale, la question surgissait immédiatement dans sa tête, la prenant de court. Elle tentait, pourtant, de ne pas y songer mais malheureusement, un étau de culpabilité se resserrait toujours autour d'elle, l'étouffant davantage au fur et à mesure qu'elle pensait à Artémise. Effectivement, Anja se sentait coupable de ce qui arrivait à l'héritière du trône et elle connaissait bien les raisons de ce sentiment qui la prenait sans cesse à la gorge. Cet état était lié aux agissements de sa mère et Anja était suffisamment intelligente pour reconnaître que celle-ci était la personne la plus mauvaise qui soit. C'était une femme puissante, dominante même, qui n'hésitaient pas à manipuler ceux en travers de sa route tout en jouant de ses atouts et il n'était jamais bon de l'avoir pour ennemie pour la simple et bonne raison que qu'elle était une des nombreuses maîtresses du roi. Ainsi, elle exerçait une grande influence sur ce qui se jouait à la cour et n'hésitait à le faire savoir à ceux ayant l'audace de la contredire. Malheureusement, si il n'y avait que cela...  

Anja n'était pas une sombre idiote contrairement à ce que les autres pensaient. Elle était bien consciente que sa mère s'adonnait à de sinistres activités liées au meurtre, notamment. Celle-ci était si mauvaise et si effrayante qu'elle aurait pu faire paniquer le pire des truands et la jeune fille rougissait de honte lorsqu'elle se repassait mentalement les actes perpétrés par sa propre génitrice. D'ailleurs, il lui était presque impossible de les oublier même si ils s'étaient déroulés il y a une dizaines d'années.  Anja était bien consciente que leurs images ne s'effacerait pas aussi facilement et qu'elle les garderait en tête jusqu'à la fin de sa vie.  Elle ne parviendrait jamais à oublier le visage des victimes que sa mère s'était amusé à éliminer et cela lui était d'autant plus insupportable lorsqu'elle connaissait les raisons de leur mort.  Au cours du temps, l'adolescente avait eu la malchance d'assister à d'horribles spectacles dont sa mère était la principale actrice. Elle en était ressortie, traumatisée, doutant même de l'attachement qu'elle ressentait envers sa mère et pleurant le soir, dans son lit, à la simple pensée de tous ces enfants ayant soufferts aux mains de celle-ci. Pourtant, ce n'était rien en comparaison du triste sort que réservait sa mère pour Artémise et Anja frissonna rien que d'y songer.  Elle ne convaincrait jamais sa mère à propos de l'héritière du trône et ce même si elle trouvait les bons arguments pour la détourner de son objectif.