Chapitre 7 : Un poème énigmatique.

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Une jeune fille aux longs cheveux roses est assise sur un petit tabouret en bois. Les yeux rivés sur un ouvrage volumineux aux pages jaunies par le temps, elle semble concentrée sur sa tâche. L'endroit où elle se trouve est vétuste et désuet mais l'adolescente n'a pas l'air de s'en préoccuper. Pourtant, les murs sont parsemés de petites tâches d'humidité et les planches de bois du sol sont recouvertes d'un immense tapis de poussière. Seulement, l'adolescente ne semble pas en tenir rigueur. Bien au contraire.

Face à elle, se trouve une table en chêne où est posé un manuscrit ancien dont elle essaie de lire le contenu avec énormément de difficultés. A ses côtés, des petites fioles en verre contenant une grande variété de liquides colorés occupent la majeure partie de la table. A sa gauche, se trouve une pile de grimoires anciens posée, dans un équilibre précaire et qui semble pouvoir s'écrouler à n'importe quel moment. Tout autour d'elle, les murs sont tapissés de grandes bibliothèques de bois dont les étagères croulent sous le poids des vieux manuscrits. Des lieux se dégage une odeur de renfermé, comme si la poussière avait imprégné l'air de la pièce. Pourtant, bien que provoquant chez l'adolescente, une longue série d'éternuements et de toux, cela n'a pas l'air de la déranger, outre-mesure. Sur son visage, elle esquisse même un léger sourire de satisfaction. Etrange... quelle peut bien être la raison de cette réaction ?

Plusieurs semaines s'étaient écoulés depuis qu'Artémise avait rencontré Aïdoneüs et le moins que l'on puisse dire, c'était que la jeune fille était plus heureuse que jamais de vivre aux côtés de ce curieux personnage. Certes, l'homme, au demeurant, ne semblait pas inspirer confiance et ne paraissait pas respirer la joie de vivre mais la princesse s'en fichait éperdument.

Les apparences sont parfois trompeuses et il vaut mieux parfois ne pas s'y fier constamment. La jeune princesse n'accordait peu, voir pas, d'importance aux physique du sorcier et bien qu'il paraissait effrayant, au premier abord, il était doté d'une grande patience et faisait preuve, par moment, de beaucoup de gentillesse et de compréhension envers Artémise alors lorsqu'elle peinait à apprendre la magie. D'ailleurs, elle lui en était infiniment reconnaissante et lorsqu'elle en avait l'occasion, elle le couvrait de compliments et le remerciait sans cesse pour sa gratitude même si cela semblait laisser Aïdoneüs de marbre...

Cet homme, dont elle avait fait la connaissance depuis très peu de temps, prenait la peine de lui expliquer longuement l'histoire de la magie et les meilleures façons de l'utiliser. Il lui enseignait aussi l'histoire de Bealtainne-Danann, la religion, les principaux mythes fondateurs mais aussi les mathématiques, la grammaire et l'orthographe. Artémise, bien qu'éprouvant des difficultés dans certaines matières, était fasciné par tout ce que l'homme lui apprenait et de fil en aiguille, elle fit de remarquables progrès, malgré quelques petites lacunes.

« Aïdoneüs est franchement un chic type, se disait Artémise durant ses leçons, Il m'a bien plus appris que tous les rares précepteurs que j'ai eu à la Citadelle.»

Pourtant, souvent, en dépit de cette grande soif d'apprendre, elle était la proie d'un étrange sentiment qui lui étreignait douloureusement le coeur. Cette sensation était liée au fait qu'elle ne connaissait rien de la vie d'Aïdoneüs et cela lui était presque désagréable de ne pas connaître suffisamment son mentor. Elle ne savait pas d'où provenait cette curieuse sensation ni pourquoi elle lui était si insupportable. Peut-être que cela venait du fait qu'elle détestait ne pas pouvoir discerner la véritable nature de la personne en face d'elle. Il était peut-être probable, à son humble avis, que si la personne ne s'épanchait pas sur son histoire et son vécu, elle cachait forcément de sombres desseins comme elle avait pu le voir chez les nobliaux habitant à la Citadelle.

Elle avait eu, maintes fois, l'impression qu'Aïdoneüs lui cachait certains choses sur sa propre vie et cela lui était d'autant plus insupportable qu'elle aurait bien aimé apprendre à le connaître davantage. A chaque fois, qu'elle trouvait le courage de l'interroger sur son passé, soit l'homme détournait facilement la conversation soit il la sommait de se taire en la gratifiant d'un regard froid. De toute évidence, Il n'avait pas l'air enclin à lui révéler quoi que ce soi sur lui-même et elle dû se résoudre, au bout d'un certain temps, à abandonner sa quête d'informations. Cela la frustra un peu de ne pas en savoir plus sur son maître mais après quelques jours d'intense réflexion, elle se força à ignorer de cette drôle de sensation qui la dévorait à chaque heure du jour et de la nuit. Bien qu'elle aurait être au courant de tous les secrets que le magicien lui dissimulait, elle arriva tant bien que mal à faire fi de sa curiosité et elle parvint, non sans mal, à oublier son intense curiostité vis-à-vis d'Aïdoneüs. Beaucoup de choses concernant son maître lui était encore inconnues mais là aussi, elle essaya d'en faire fi.

Les Fables des Cinq Mondes - Tome I : La princesse vagabonde.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant