CHAPITRE 10 : RÉVÉLATIONS OBSCURES

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Aujourd'hui, c'est lundi, et je récupère ma voiture ce soir. Rien que d'y penser, ça m'enthousiasme. Hier, j'ai passé la journée à lire et à finaliser les dossiers pour la semaine. Ce matin, c'est Eden qui m'a conduite au travail. C'était agréable, même si, au fond de moi, j'aurais préféré qu'Angelo vienne à sa place. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que quelque chose a changé entre nous. Pourtant, je me dis que je me fais des films. Il doit s'en foutre de moi.

Mais aujourd'hui, je me sens bien, prête pour une semaine intense de travail.

— Ellie, tu pourrais faire quelque chose pour moi ? me demande Eden.

— Bien sûr. Que puis-je faire ?

— J'aurais besoin du dossier de monsieur Loveni Ricardo. Il devrait être dans la salle des archives. Tu pourrais aller le chercher ?

— D'accord, je m'en occupe. Il y a quelque chose de spécifique dont tu as besoin dans ce dossier ?

— Non, juste une mise à jour standard.

— Très bien, je vais le chercher tout de suite.

Je me glisse silencieusement dans la salle des archives. L'endroit est feutré, imprégné de l'odeur distincte du papier vieilli. Les étagères métalliques s'étendent du sol au plafond, pleines de dossiers soigneusement rangés dans des boîtes en carton jaunies par le temps. Les lampes suspendues diffusent une lumière faible, créant des ombres dansantes qui projettent des silhouettes mystérieuses sur les rangées interminables de boîtes.

Le sol, recouvert de tapis épais, étouffe mes pas alors que je me fraye un chemin à travers l'allée principale. Le silence est pesant, rompu seulement par un léger souffle d'air qui s'infiltre par une fenêtre entrouverte. J'ai l'impression d'être seule dans un autre monde, un endroit où les souvenirs enregistrés sur ces vieux papiers semblent être les seuls à parler.

Je cherche le dossier de Loveni Ricardo dans l'obscurité. Les étiquettes décolorées sur les boîtes se fondent dans l'ombre, rendant difficile la tâche de retrouver le bon dossier. J'avance plus profondément dans la pièce, ma main glissant sur les boîtes. Lorsque j'atteins enfin la section des L, je renverse une pile de boîtes précaires. Des dossiers s'éparpillent bruyamment sur le sol, résonnant dans l'atmosphère silencieuse.

T'es vraiment une empotée, Ellie.

Je me fige, redoutant que quelqu'un ait entendu le bruit. J'attends quelques secondes, scrutant l'obscurité pour vérifier que personne n'approche. Le directeur me tuerait s'il voyait ce désordre. Personne à l'horizon. Je me penche pour ramasser les papiers, essayant de remettre de l'ordre dans le chaos que j'ai créé. En ramassant les documents, une étiquette attire mon attention : Lombardo-Parisi, Eden.

Quoi ? Je ne comprends pas.

Ce n'est pas le dossier que je cherche. Mais la vue de ce nom me stoppe net. J'hésite un instant, puis je prends le dossier entre mes mains. La pièce obscure des archives semble retenir son souffle tandis que je me prépare à découvrir les secrets qu'elle cache. Une lueur de terreur et d'excitation danse dans mes yeux alors que j'ouvre le dossier. Les premières pages révèlent un récit troublant. Le nom d'Eden résonne différemment maintenant. Ce n'est plus simplement le frère sympathique, mais quelqu'un avec une vie que je ne connais pas.

Non... pas toi.

Des détails apparaissent, formant une image sinistre. Je sens mon cœur se serrer à mesure que je connecte les points. Le lien entre Eden et le directeur du cabinet, Erico Lombardo-Parisi, se dévoile d'une manière terrifiante. Pourquoi ont-ils caché cela ? Mes pensées s'agitent, cherchant à comprendre. Alors que je poursuis ma lecture, une révélation m'envahit : Eden et Angelo sont les fils du directeur. Mais pourquoi avoir gardé ça secret ?

Une simple information pourrait ne pas être inquiétante en soi, mais l'atmosphère dans cette pièce me fait frissonner. Des photos surgissent dans les pages : Eden et Angelo, plus jeunes, entourés de sacs d'argent et d'individus masqués. Des armes, des sacs remplis de billets, des hommes cagoulés... Mon estomac se tord.

Des criminels ?

Mon souffle devient court. Les preuves sous mes yeux montrent une autre réalité, bien plus sombre. Les fils d'un homme respecté sont impliqués dans des activités que je n'aurais jamais imaginées. Alors que je continue à feuilleter les pages, mon cœur rate un battement. Je tombe sur un dossier me concernant.

Pourquoi ont-ils un dossier sur moi ?

Les détails sur ma vie sont troublants. Des photos de ma chambre, des informations sur ma famille, des secrets que je n'ai jamais partagés avec personne, même des images de ma tache de naissance. Ils ont des informations intimes, que je n'ai jamais dévoilées. Mon journal intime... Ils ont lu des pages de mon journal intime. Des pages où je parle de ma mère, et de toutes mes agressions...

NON NON NON...

La trahison, l'humiliation... Je ne peux pas y croire. Comment ont-ils pu faire ça ? Des souvenirs de conversations avec Eden me reviennent en tête. Il savait des choses sur moi que je ne lui avais jamais dites. À l'époque, je pensais que j'étais paranoïaque, mais maintenant je comprends tout. Ils fouillaient dans ma vie privée depuis le début.

Je me sens trahie, manipulée. Mes pensées tournent, cherchant une explication. Je parcours les documents sur leurs implications dans des affaires louches. Les pièces du puzzle s'assemblent dans ma tête, créant un tableau terrifiant.

Au moment où je m'apprête à refermer le dossier, une voix familière résonne derrière moi. Je me retourne et vois Eden. Son expression se fige en voyant le dossier dans mes mains. Une tension palpable s'installe entre nous. Je sens mon cœur s'emballer.

— Ellie, tu tiens quoi entre les mains ? me demande-t-il, sa voix plus dure que d'habitude.

Je le fixe, incapable de parler.

— Eden... Qu'est-ce que tout ça signifie ?

Il me regarde, mais ne répond pas. L'inquiétude se lit sur son visage.

— Tu es un mafieux, Eden ? dis-je, ma voix tremblante.

Avant que je ne puisse comprendre la gravité de la situation, je sens quelque chose de froid contre ma tempe. Un pistolet. Mon souffle se coupe. Le même que celui que détenait Angelo dans la boite à gant de sa voiture...c'était donc un vrai.

— Lève-toi, Ellie. Tout de suite, et sans un bruit.

Je veux parler, mais les mots restent bloqués dans ma gorge. Mon corps tremble, mes mains se crispent sur le dossier. Je le regarde, mais je ne vois plus le sourire amical d'Eden. Tout devient flou, mes jambes cèdent sous moi. Un vertige oppressant me saisit.

Ne sois pas faible, Ellie.

Je lutte pour rester consciente, mais tout devient noir. Le bruit des dossiers qui tombent résonne faiblement alors que je sombre dans l'inconscience. Mon dernier regard croise celui d'Eden avant que je ne m'évanouisse, emportée par l'obscurité.

THE TWIINSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant