THE TWIINS

CHAPITRE 51 : L'ÉVEIL DE LA LAME

Eden

Cela fait quelques jours qu'Ellie a changé. Un changement si brutal, si profond, que j'ai encore du mal à m'y habituer. Elle n'est plus la même personne, et pourtant, c'est toujours elle. Une version d'elle-même que je ne pensais jamais voir, mais qui, au fond, semblait attendre d'être réveillée.

Tout a commencé lorsque nous avons intensifié les entraînements. Elle ne laissait rien au hasard, se jetant corps et âme dans chaque exercice, chaque combat. Sa détermination était palpable, presque effrayante. Chaque jour, je la voyais repousser ses limites, et chaque jour, elle devenait plus forte, plus rapide, plus précise. C'était comme si elle avait décidé de se forger une armure indestructible, non seulement pour se protéger des autres, mais aussi pour se protéger d'elle-même.

Austin, le spécialiste des couteaux et des lames, a rapidement remarqué ce potentiel en elle. Il l'a prise sous son aile, lui apprenant tous les secrets de son art. En quelques jours à peine, Ellie est devenue redoutable. Sa maîtrise des couteaux était impressionnante, presque surnaturelle. C'était comme si ces armes étaient le prolongement naturel de ses mains. Ses mouvements étaient fluides, calculés, d'une précision chirurgicale. Elle n'avait plus besoin de force brute ; sa technique suffisait à terrasser n'importe quel adversaire.

Mais ce n'était pas seulement son corps qui avait changé. Son esprit, lui aussi, s'était métamorphosé. Ellie était devenue une machine de guerre, dépourvue d'émotions apparentes. Là où autrefois je pouvais lire ses pensées dans ses yeux, maintenant, ils étaient froids, inaccessibles. Elle avait érigé un mur autour de son cœur, un mur que personne, pas même moi, ne pouvait franchir. Je me souviens d'une conversation que nous avions eue il y a longtemps, où elle me parlait de ses peurs, de ses doutes. Tout cela semblait si lointain maintenant. Elle avait effacé ces faiblesses de son esprit, les avait remplacées par une détermination implacable. Sa vulnérabilité avait disparu, remplacée par une force glaciale. Quand je la regardais, je ne voyais plus cette lueur de douceur qui faisait autrefois partie d'elle. Elle s'était enfermée dans un silence de plomb, une prison dont elle seule détenait la clé.

Lors des entraînements, elle ne montrait aucune pitié, aucune hésitation. Elle se battait avec une rage contenue, une précision qui faisait froid dans le dos. Même les plus aguerris d'entre nous hésitaient à croiser son chemin. Elle n'était plus seulement une membre du gang ; elle était devenue une force de la nature, un adversaire que personne ne voulait affronter.Mais ce qui me troublait le plus, c'était ce vide dans son regard. Comme si elle avait éteint la lumière en elle, pour ne laisser place qu'à une ombre. Je pouvais voir qu'elle souffrait, mais elle refusait de l'admettre, même à elle-même. Elle avait choisi cette voie, celle de la guerre, celle de l'isolement, et elle s'y accrochait de toutes ses forces.

Un soir, alors que nous étions seuls après un entraînement particulièrement intense, j'ai tenté de briser ce silence, de retrouver la Ellie que je connaissais. Mais elle n'a fait que me regarder, ses yeux glacés posés sur moi, sans rien dire. Pas un mot, pas un geste. Comme si elle avait perdu l'envie de communiquer, comme si le monde extérieur n'avait plus aucun intérêt pour elle.

Je voulais lui dire que je comprenais, que je voyais à travers cette façade, mais les mots sont restés coincés dans ma gorge. Elle n'aurait pas écouté, de toute façon. Elle était déjà loin, perdue quelque part entre la rage et la douleur. Et moi, je ne pouvais rien faire d'autre que de la regarder s'enfoncer un peu plus chaque jour dans cette obscurité. Je connaissais la raison de ce changement soudain : mon jumeau Angelo.

Ellie était devenue une arme, une lame affûtée prête à tout trancher sur son passage. Mais en se transformant ainsi, elle avait laissé derrière elle quelque chose d'essentiel : son humanité.

Et je craignais que plus le temps passé, plus elle s'éloignait de celle que nous connaissions, et qu'on ne la retrouve jamais.