CHAPITRE 70 : LE POID DE LA VÉRITE

39 4 1
                                    

Ellie

Je fixais le plafond de la cave, mes poignets en feu à force d'être attachés depuis des heures. Le froid de la pièce s'infiltrait jusque dans mes os. C'était absurde que je sois là, dans cette cave, à l'endroit même où tout avait commencé pour moi, mais avec une différence cruciale : aujourd'hui, c'était mon propre père qui m'avait enlevée. Antonio Blackwood. Ce nom qui ne signifiait plus rien pour moi. Un fantôme du passé, censé être mort, mais bien vivant.

La porte s'ouvrit avec un grincement lourd, et je n'eus pas besoin de lever les yeux pour savoir qui entrait. Son odeur, son aura, tout en lui me rappelait le monstre qu'il était devenu dans mes cauchemars. Mais maintenant, il était réel. Il s'avança lentement, ses bottes résonnant dans la cave humide.

« Ellie. » Sa voix grave résonna dans la pièce.

Je ne répondis pas, serrant les dents, sentant la rage grandir en moi. Il s'approcha de moi, son ombre s'étalant sur le sol comme un poids écrasant.

« Je sais que tu as beaucoup de questions. »

Je levai enfin les yeux vers lui, mon regard dur et glacial. « Pourquoi m'avoir enlevée ? Pourquoi maintenant ? Tu es censé être mort. C'est ce que tout le monde croyait. » Je crachai presque mes mots, le dégoût m'envahissant.

Il croisa les bras, son visage marqué par les années, mais ses yeux perçants ne vacillaient pas. « C'est vrai. J'ai laissé le monde croire que j'étais mort, y compris toi et Lenny. C'était nécessaire pour vous protéger. »

Je ris amèrement, un rire vide. « Me protéger ? Tu te fous de moi ? J'ai vécu dans un enfer pendant que tu te cachais comme un lâche. »

Il hocha la tête lentement. « Je comprends ta colère. Mais écoute-moi. Ta mère... elle savait. Elle a accepté de te laisser croire à ma mort parce que c'était la seule solution. J'étais en prison, mais savoir que j'étais en vie, aurait mis ta vie et celle de Lenny en danger. »

Mon cœur s'arrêta un instant. « Quoi ? Ma mère savait... et elle n'a rien dit ? »

C'est vraiment une sacré salope.

Il acquiesça. « Oui. Elle savait. Je lui envoyais de l'argent chaque mois pour qu'elle garde le silence, pour qu'elle s'assure que tu sois en sécurité. »

Je serrai les poings, mon esprit embrouillé par la rage et la trahison. « Ma mère m'a menti toute ma vie. Toute. Ma. Vie. Elle a préféré l'argent plutôt que la vérité. »

Les souvenirs d'enfance, les cris, les coups, tout refit surface avec une violence inattendue. « Et pendant ce temps, tu croyais que j'étais protégée ? Que cette femme était une mère pour moi ? Elle ne l'a jamais été ! Elle me battait, m'humiliait à chaque occasion, elle m'a détruite ! »

Antonio me regarda, l'expression un peu troublée. Je savais que mes mots l'atteignaient, mais pas assez pour lui faire comprendre toute l'ampleur du mal que j'avais subi.

« Et où étais-tu, hein ? » Je continuai, la voix tremblante sous l'effet de la colère. « Où étais-tu quand Lenny est parti, incapable de supporter ce que cette famille était devenue ? Où étais-tu quand j'étais seule, sans personne, avec elle ? Elle m'a laissée pourrir avec son mari, cet homme... ce monstre... » Ma gorge se serra à l'évocation de mon beau-père, et j'essayai de contenir mes larmes. « Tu sais ce qu'il m'a fait subir, ce que j'ai dû endurer en silence, pendant que toi, tu te cachais ? »

Je vis un éclat dans son regard. Peut-être de la culpabilité. Mais cela ne suffisait pas. Il n'y avait aucune excuse, aucune justification à tout ce que j'avais traversé.

« Ellie... je n'ai jamais voulu ça pour toi. Je n'ai jamais su que ta mère te faisait du mal, je ne savais pas que...qu'elle avait refait sa vie. Si j'avais su, j'aurais... »

« Quoi ? » Je l'interrompis avec hargne. « Tu aurais fait quoi, PAPA ? Tu n'étais même pas là ! Ne fais pas semblant d'avoir été une figure paternelle. Je n'ai jamais eu de père. »

Il reste silencieux un moment, puis reprit, sa voix plus dure. « Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour nous protéger, pour survivre. Mais je suis ici maintenant, et je te donne une chance de connaître la vérité. Erico Lombardo Parisi nous a tous trahis. Il a pris le contrôle et crée les Black Angels et il m'a volé ma place, celle qui me revient de droit. Je vais détruire Erico et tout ce qu'il a bâti, mais j'ai besoin de toi à mes côtés pour y parvenir. Nous pouvons reprendre ce qui est à nous. Ensemble. »

Il se fout de ma gueule ?

Je le fixai, choquée. « Tu crois vraiment que je vais t'aider ? Que je vais trahir ceux qui m'ont protégée, ceux qui ont construit quelque chose de juste ? Erico peut être un salaud, mais les Black Angels, eux, ne sont pas comme toi. Ils ne sont pas comme ton gang, qui se nourrit de drogue, de violence et de vol. »

Il fronça les sourcils. « Ce que tu dis est faux. Les Black Angels sont tout aussi corrompus que ceux que tu accuses. Erico n'est pas un héros. Il t'a menti, il t'a utilisée. »

Je secouai la tête, écœurée. « Je ne t'aiderai pas. Tu peux mourir, et ça ne me fera rien. Tu étais déjà mort pour moi. Tout ce que tu représentes, ce que tu as été, ne vaut rien à mes yeux. »

Son regard s'assombrit, mais il ne flancha pas. « Réfléchis bien, Ellie. Ce que je te propose est une opportunité. Apprends à me connaître. Ensemble, nous pouvons reprendre ce qui nous appartient. »

« Apprendre à te connaître ? » J'étais au bord de l'explosion. « Je n'ai aucune envie de te CONNAITRE. Je ne te dois rien. Tu n'es qu'un inconnu, un homme mort qui ressurgit pour m'utiliser. Je ne veux rien avoir à faire avec toi, ni avec ton monde. Libère moi parce que je ne t'aiderai pas.»

Il me regarda un moment en silence, comme s'il pesait mes mots. Puis, sans un mot de plus, il se tourna vers la porte et l'ouvrit. « Réfléchis bien, Ellie. Parce que tu vas coopérer, par ta volonté ou j'userai de la force. »

La porte se referme avec fracas, me laissant seule dans la pénombre glaciale de la cave. La colère bouillonnait en moi, mêlée à un sentiment de trahison que je ne pouvais même pas décrire. Mon père. Ma mère. Tous ces mensonges, toute cette souffrance. Je n'avais plus confiance en personne, et certainement pas en cet homme qui prétendait être mon père.

Toute ma vie est un amas de poussières, un mensonge. Que me reste t-il pour m'accrocher à la vie ?

THE TWIINSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant