CHAPITRE 56 : TOUCHER SA CIBLE

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Ellie 

La nuit était tombée sur la villa des jumeaux, et je pensais pouvoir enfin profiter d'un sommeil réparateur. Mais le silence fut soudainement interrompu par des bruits sourds, presque comme des coups ou des objets tombant au sol. Éveillée en sursaut, je sortis de mon lit, enfile un peignoir léger et me dirigeai vers la source du bruit.

En arrivant dans la cuisine, je découvris Angelo dans un état déplorable. Il était assis sur le sol, adossé contre le mur, les jambes repliées sous lui. Son jogging gris, déjà usé, était maintenant déchiré à plusieurs endroits. Les lambeaux de tissu pendaient lamentablement, et ses parties intimes étaient presque entièrement découvertes, accentuant sa vulnérabilité.

Sa posture était celle d'un homme complètement abattu. Ses cheveux étaient en désordre, et ses yeux semblaient rougis et fatigués, comme s'il avait pleuré ou avait passé des heures à boire. Des bouteilles vides traînaient autour de lui, témoignant de son état d'ébriété. Il était évident qu'il avait tenté d'effacer ses pensées avec l'alcool, mais les preuves de son désespoir étaient toujours là.

« Ellie... » Sa voix, rauque et brisée, perça le silence alors que je m'approchais. Il leva les yeux vers moi avec une intensité déchirante, comme s'il cherchait désespérément quelque chose, ou quelqu'un, pour le ramener à la réalité.

« Je... je n'arrive pas à dormir, » murmura-t-il, la voix tremblante.

Il avait l'air si misérable que, même avec la colère et la douleur qui me bouillonnaient à l'intérieur, je fus un moment touchée par son état. Ses mains tremblaient légèrement, et il semblait lutter contre une vague de désespoir qui le submergeait. Sa présence, pourtant familière, était maintenant empreinte d'une tristesse désespérée qui me tiraillait.

Je voulais à tout prix éviter de céder à cette faiblesse, de ne pas me laisser attendrir par la détresse qu'il affichait. Je savais qu'il cherchait à raviver une connexion que j'avais décidé de couper. Le voir ainsi, ébranlé et saoul, ne faisait que renforcer la douleur et la confusion qui régnaient en moi.

- J'ai besoin de toi, Ellie. Reste avec moi cette nuit...

« Angelo, autrefois j'avais besoin de toi, et tu ne m'as pas voulu. Maintenant, je n'ai plus besoin de toi. Trouve-toi une autre poupée de porcelaine à qui déblatérer tes disquettes. »

Ma voix était glaciale, et chaque mot semblait me brûler la langue. Je cherchais à maintenir la distance nécessaire, malgré l'effort que cela représentait. Mon cœur se serrait à l'idée de le laisser dans cet état, mais la rancœur et le désir de vengeance prenaient le pas sur toute autre émotion.

Sans lui accorder plus d'attention, je me retournai, déterminée à retrouver la tranquillité dans ma chambre. En me glissant sous les draps, je tentai de calmer les battements affolés de mon cœur, consciente que la confrontation n'était que le prélude aux jours encore plus difficiles qui nous attendaient. La nuit continuait de s'étirer, emplie de réflexions et de remords, alors que je cherchais désespérément à trouver le sommeil, laissant Angelo seul avec ses démons.

Alors que j'étais couchée, tentant de faire abstraction du tumulte émotionnel, un cri perça le silence, brisé et désespéré.

« Elllllliiiiiieeee ! »

Le hurlement d'Angelo résonna à travers les murs, plein de douleur et de désespoir. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine, et je me redressai brusquement, les draps se froissant autour de moi. La voix déchirante semblait emplir la villa, m'arrachant de mon lit avec une force presque surnaturelle.

Je me précipitai vers la porte, les pensées se bousculant dans ma tête. Mais au moment où je la franchis, je perdis ma détermination. Les cris d'Angelo continuaient, se répercutant dans le couloir, semblant se frayer un chemin jusqu'à mon âme. Mon cœur se serra, et je sentis une vague de compassion et de faiblesse m'envahir. Je me baissai brusquement, le souffle court, essayant de rassembler les morceaux de mon calme intérieur.

Je savais que je ne devais pas céder, pas maintenant. Angelo cherchait à raviver une connexion que je m'étais juré de couper. Je retournai dans ma chambre avec une détermination acharnée, mes mouvements fébriles mais résolus. Je regagnai mon lit en me forçant à ignorer la douleur croissante dans ma poitrine, en me concentrant sur l'urgence de maintenir mes résolutions intactes.

Les cris continuèrent, plus forts, plus désespérés, fendillant l'air nocturne comme des lames tranchantes. Mon cœur battait à toute allure alors que je me recroquevillai sous les draps, cherchant à faire taire le tumulte intérieur que les cris d'Angelo provoquaient.

Après un moment qui sembla une éternité, j'entendis la porte de la chambre d'Eden s'ouvrir avec un fracas soudain. Ses pas précipités résonnèrent dans le couloir, se dirigeant vers la cuisine où Angelo était toujours en détresse. Le bruit de ses pas se perdit peu à peu alors qu'il descendait les escaliers en vitesse pour rejoindre son jumeau. Je restai allongée, le cœur lourd et les pensées tourbillonnantes, consciente que cette nuit ne me laisserait pas de répit.

THE TWIINSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant