2.2 - deuxième acte

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Orange de gêne

Emma souriait nerveusement trouvant ce jeune homme d'environ son âge avec une allure rebelle irrésistiblement attirant. Elle tenta de cacher ces joues rougissantes, mais le garçon remarqua bien vite la gêne qui commençait à gravir le corps de la belle. Elle était gênée que ce jeune homme qu'elle n'avait jamais vu auparavant, soit fasciné par ses mots. Des mots que peu de personne emploient dans l'établissement scolaire, les jugeant tabou, inapproprié ou encore qui ne se trouveraient pas dans le contexte que la jeune fille manipule. Personne n'aurait utilisé la froideur et la chaleur dans un contexte pareil, pourtant elle l'avait fait.

Emma cacha son œuvre, ces quelques mots parmi des milliers qu'elle avait déjà couché sur le papier. Ceux-ci étaient spéciaux, se disait-elle pour elle-même. C'était les premiers qu'une autre personne que ces parents avaient pu lire. Les premiers qu'un inconnu avait réussit à percevoir et il en était bluffé. Il n'aurait jamais cru trouver une personne qui aligne les mots d'une telle manière, qui les enchaîne de cette façon. Jamais il n'y aurait cru, pourtant elle était là, devant lui et cachait du mieux qu'elle le pouvait une preuve de son énorme talent pour l'écriture, une partie d'elle-même, une partie de ce qu'elle cache.

Emma était presque sur le point de remballer ces affaires quand le jeune la stoppa en posant sa main droite sur le bras gauche de la jeune fille en lui offrant un mince sourire. Il s'assoit à ses côtés en déballant ses affaires à lui. Il lui offre son plus beau sourire et la jeune fille perd ses mots. Elle aimerait fuir, ou encore se jeter par la fenêtre mais elle ne peut pas parce que ce jeune garde en lui une chose qui attire la jeune fille. Les mots. Deux fous des mots, qui aiment tant les aligner ne peuvent que se comprendre, surtout s'ils sont des incompris finis.

-Je me doutais que savait jouer avec les mots, mais à ce point-là, je n'aurais jamais y cru, dit le jeune homme.

-On se connaît? dit la belle en restant sur ses gardes.

-Je te connais un peu, mais pas beaucoup, du moins pas assez que pour savoir que tu avais un talent si fou pour les mots, mais aussi un si beau sourire et une façon d'interpréter différemment les mots que le monde entier. C'est presque si tu ne leur donne pas une nouvelle définition, blagua le jeune homme à la coupe de cheveux hirsute et aussi noir que les plumes d'un corbeau.

-C'était toi la fleur? demanda la jeune fille, toujours sur ses gardes.

-Oui, bien sûr, c'est une aconit tue-loup, ajouta le jeune homme.

-Ce n'est pas toxique? s'étonna la belle.

-Je lui ais retiré ce pouvoir-là, sinon je ne te l'aurais pas donner, commenta le jeune homme, je n'aurais pas cru que tu le saurais pour le poison qu'elle contient, tu m'étonneras toujours.

-Comment tu t'appelles? questionna Emma.

-Alan Teasdale et toi tu es Emma McGuire, répondit le jeune homme sans aucune pression.

-Que me veux tu? ajouta l'étudiante.

-Partager avec toi cette folie, cette frénésie des mots qui nous empoigne le cœur et guide nos doigts, énonça toujours sans aucune pression Alan.

Emma souriait niaisement parce qu'elle avait enfin trouver quelqu'un qui avait la même façon d'interpréter les choses qu'elle, qui avait enfin le respect des mots et ne les employait pas comme des vulgaires chaussettes. Elle avait enfin quelqu'un comme elle, qui change la façon de voir les mots, qui les emploi à leur juste valeur, qui cherche après lequel pourrait être meilleure dans telle ou telle situation. Elle avait enfin trouver quelqu'un comme elle, son double en version masculin. Elle offrit son plus beau sourire au jeune homme qui n'en avait rien à faire qu'elle ait ou non une tête de caniche à cause de ses cheveux mouillées parce que ce n'est pas une coupe de cheveux qui fait la personne mais sa façon d'utiliser les mots pour le jeune homme.

Ils avaient tous les deux passés une bonne partie de leur vie à écrire, graver, coucher, souiller le papier de mots. Mais jamais ils n'avaient penser qu'une personne identique à eux puissent exister, ils s'étaient enfin trouvés. Ils avaient réussit à trouver leur alter-égo. La jeune fille avait de quoi être fière et le jeune homme aussi parce qu'ils pouvaient déjà commencer à partager leur vision sur le monde, partager à travers les mots leur sensation face aux autrui. Ils avaient leur façon de considérer les humains, et ils se devaient de se la dire pour mettre les choses au clair un minimum. Mais la cloche sonna.

-Tu aimes ce cour? posa la question le jeune à Emma.

-Non, et toi? retourna la question la jeune fille à Alan.

-Pas plus que toi, apparemment. Je trouve qu'il utilise mal ces mots et qu'il pourrait utiliser plus de synonymes. Il devrait ouvrir un dictionnaire et lire plusieurs définitions par-ci par-là. Cela le rendrait plus intelligent mais aussi les autres élèves, s'enquit le ténébreux Alan.

-Je suis sûre que plus de la moitié des mots qu'il emploi, il ne sait même pas ce qu'ils veulent dire, ajouta la réservée Emma.

Ils faisaient bonne paire tous les deux ensemble, deux rejetés partageant une même passion pour l'écriture et qui partageaient une vision du monde presque similaire. Ils étaient très bien assortis et pourraient s'entendre parfaitement, surtout qu'ils avaient la même beauté froide et glaçante aux premiers regards. Ils avaient le même regard perçant, glacial qui gèlerais un esquimau sur place. Ils avaient tout pour s'entendre parfaitement et s'était le cas. Dès que leur regard s'était croisé, l'étincelle avait fusionné pour n'en former plus qu'une et que deux cœurs à moitiés cassés ne forme plus qu'un cœur entier et un autre complètement déglingué.

-Cela te dirait de fuir le monde? demanda Alan.

-Mais on se connaît à peine? s'enquit Emma.

-Et alors? On a la même façon de voir le monde, le même genre de pensées morbides et malsaines, la même passion pour l'écriture et on est tous les deux des rejetés de la vie. Tu n'as pas sentis l'alchimie qui passe entre nous? questionna le jeune homme en touchant le bras gauche dénudé de la jeune fille.

-Si, mais..., commença la jeune fille.

-Tu veux fuir? redemanda le jeune homme.

-Oui, bien sûr, répondit la belle.

-Alors, fuit avec moi, conclut le jeune homme.

Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant