5.1 - premier acte

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Bleu de la tristesse


Dylan était tristement assit sur un mur de sa ville, en plein réseau industriel, là où traîne toutes les mauvaises fréquentations. Mais il n'y pouvait rien, il vivait là et ne pouvait pas beaucoup y changer quelque chose. Il vivait au mauvais endroit et cela n'était pas très présentable sur son curriculum vitae. Il regardait autour de lui, les épaules voûtées et les yeux remplis de vide. Il laisse un soupir lui échapper, sans même le vouloir ni le contrôler. Il plisse un instant les yeux en contractant sa mâchoire avant de desserrer le tout entièrement. Il était totalement désemparé.

Dylan avait été, tout un temps un homme heureux, mais c'était quand la vie lui souriait encore au lieu de lui faire un doigt d'honneur de la taille du Bing Ben. Il souhaiterait découvrir le monde et les cultures de toute origine, mais on ne lui en laisse malheureusement pas l'occasion. Il regarde devant lui, remplit d'une tristesse qui lui bouffe les entrailles tel un charognard sur un cadavre encore frais. Il se sent ainsi, bouffer de l'intérieur par quelque chose qu'il ne saurait se débarrasser par des médicaments. Il n'aime pas ça de toute façon, les médicaments bon à rien.

Dylan se massait les tempes en réfléchissant à un moyen de gagner de l'argent facilement sans avoir réellement de travail puisque le monde avait l'air d'être contre lui quand à ce sujet, par contre pour le foutre dans la merde cela n'avait l'air d'être ainsi. Il regardait devant lui, tous les bâtiments abandonnés d'anciennes usines qui se faisaient incendiées presque tous les soirs ou alors qui servaient de lieu de rendez-vous pour dealer de la drogue. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait -un jour- aimé toute cette vie et qu'il était même tombé dedans - comme un gros con.

Dylan se leva et partit du muret, les mains dans les poches et la tête baissée. Son regard fixait la pointe de ses chaussures parce qu'ici, ou bien tu regardes le sol et tu es tranquille ou bien tu lèves la tête et tu te la fais défoncé à coup de pioche et de coups de poings américains. Il tenait à sa belle gueule d'ange, qui pourrait très bien faire publicité pour une marque de sous-vêtement masculin d'ici peu de temps. Il se pinça les lèvres quand il entendit des voix. Il valait mieux faire comme si de rien n'était.

Dylan ne cherchait pas les emmerdes, ayant déjà assez comme ça que pour rajouter une couche. Il voulait faire profil bas et ne pas s'intéressé à ce qui se passait sur le trottoir d'à côté, parce que la curiosité le mènerait à sa perte. Il entendait des voix qui s'élevaient de plus en plus haut, il ne valait mieux pas s'en mêler parce qu'il finirait la tête sur le bucher à se mêler des affaires des autres qui ne le regardent en aucun cas. Il ne leva pas le regard, les deux gars qui se disputaient ne le remarquèrent pas.

Dylan tourna à gauche au coin de la rue, passant devant quelques maisons pour la plupart habités par des réseaux de drogues ou des revendeurs. Il fit profil bas là aussi puisqu'on pourrait facilement le remarquer, ce qui ne serait pas vraiment très bon pour lui. Surtout vu comment il s'était fait jeté de son gang, comme une sous-merde, vaudrait mieux ne pas les croiser dans la rue s'il veut garder chez millimètre de sa peau. Il ne fit pas attention à ce qu'il y avait autour de lui, pas même aux sons de gyrophares qui passèrent à une rue.

Dylan sortit son téléphone et y brancha ses écouteurs quand il sortit de « la zone à risque » comme il appelait. Il glissa entre les buissons et grimpa au dessus d'une clôture d'une maison familiale. Il connaissait ce raccourci par cœur, l'ayant emprunté de nombreuses fois pour éviter de se faire attraper par les policiers qui lui courraient après lui et ses « potes ». Cela lui redonna quelques souvenirs, parfois douloureux et d'autres plus joyeux. Il se demandait comment il avait fait pour croire qu'il avait été heureux ainsi et comment il avait fait pour tomer de la sorte.

Dylan passa sa main dans ses cheveux entre deux passages au dessus de clôture qui en revenait à faire du parcours. Il souriait en se souvenant de quand il était beaucoup jeune et qu'il n'était encore qu'un petit garçon sans défense et tout bonnement innocent qui ne demandait qu'à grandir. Il n'avait même pas la taille pour passer au dessus d'une telle clôture, pourtant il y arrivait parce qu'il était aussi agile qu'un petit singe. Il aurait pu devenir athlète professionnel, mais n'avait fait comme si de rien n'était puisqu'il était con et qu'il s'en foutait de tout, tout le temps.

Dylan cracha sur le sol avant de marcher un peu plus vite pour ne pas se faire repérer. Il tourna encore au coin d'une autre rue qui le mena jusqu'au centre ville. Il aurait aimé pousser toute cette masse de population qui l'étouffait constamment, mais il ne pouvait rien y faire. Quand il voyait toutes ces personnes qui avaient réussies leur vie, se plaindre de quoi que se soit lui mettait les nerfs à bloque. Il tentait de se calmer, mais c'était extrêmement dur quand des gens rigolaient forts tout autour de lui. Il en avait la gorge serrée et en feu.

Dylan regarda le ciel, qui noircissait à vue d'œil. N'importe qui aurait cherché à rentrer tôt chez soi, mais lui préférait encore traîner quelque instant. La masse de population bougeait encore, de ci et de là pour rentrer avant l'averse ou passer prendre quelque chose. Il entendait des personnes qui rigolaient ou qui avaient une discussion sérieuse -ou pas- au téléphone. Il crispa sa mâchoire, pour ne pas frapper sur le premier passant venu et serra les poings aussi forts qu'il le pouvait. Il était un colérique professionnel et aurait su neutralisé toute cette foule rien que par la force de la pensée tellement qu'il était fort et douer dans les sports de combats. Il avait du muscle et une mâchoire carrée, un sacré « coup de boule » connu dans la région environnant le gang.

Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant