2.1 - premier acte

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Orange de gêne

Emma regardait tout autour d'elle, dans son monde de papier et de lettres, quelques croquis et frasques ornaient les quatre murs de la petite chambre. Elle n'était pas très grande, mais suffisait amplement à la jeune fille qui sortait les crocs dès qu'elle le devait. Tant qu'elle avait son lit, son bureau, son petit ordinateur portable, des petits cahiers, des feuilles de bloc et de quoi écrire, c'était tout ce dont elle avait besoin. Elle avait une façon de décorer ces murs assez particulière que ces parents ne pouvaient pas lui en vouloir. Elle écrivait quelques mots sur le papier et prenait celui-ci pour le coller sur son mur. Ou alors, elle dessinait et cela finissait aussi sur son mur.

Par contre, ce qu'Emma ne faisait pas et qu'elle ne fera jamais, c'est de partager ces écrits ou ces dessins. Même si elle les colle sur les murs, elle ne laisse pas ces parents les regarder et ne garde cela que pour elle. Il y a aussi des posters, des croquis et des images de pingouins pour compléter le tout. C'était son antre, son havre paix et personne ne pourrait lui retirer cela. Personne ne pourrait lui retirer le soulagement qu'elle ressent quand elle met un premier pied dans sa chambre après une journée de cours, que celle-ci soit ou non supportable.

Emma enfila son petit gilet noir, doux au toucher avant de descendre les escaliers et de lancer un bref "au revoir" à ses parents encore dans la cuisine. Elle sort de la maison et descend du perron. Elle marche sur le trottoir, les mains dans les poches de son jean bleu délavé troué au niveau de ses genoux, de ses cuisses et une dernière fois à ses mollets. Elle retroussa les manches de son gilet et replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Elle soupira et leva les yeux au ciel et en voyant au loin un groupe de garçons de son lycée. Encore eux, lâcha-t-elle dans ses pensées.

Emma changea de trottoir et regardant l'heure sur sa montre argenté. Pour une fois, elle était en avance pour aller vers l'école. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi ce groupe de jeunes marchaient dans le sens opposé alors que les cours allaient commencés, mais elle ne se posa pas plus de questions. C'était des sécheurs. Elle marchait à une vive allure, accélérant le pas pour pas qu'elle les remarque. Elle voulait les transformer en pingouins, mais elle n'avait pas de pouvoir magique, n'était pas ne sorcière et ne pratiquait point la magie noire.

Emma marcha encore une bonne dizaines de minutes, regrettant de ne pas avoir prit ses écouteurs dans son sac avec son téléphone portable pour écouter la douce voix de Shawn Mendes, mais la vie est trop courte que pour commencer à regretter quoi que se soit. Emma le savait et s'en contentait amplement. Elle regarda droit devant elle, laissant un mince sourire frôlé ses lèvres qui se dissipa rapidement quand une voiture passa à toute vitesse dans un nid de poule remplit de la pluie de la veille, qui l'éclaboussa. Elle était passer au mauvais moment et se retrouvait tremper. Elle s'arrêta net et regarda l'état de sa tenue, pas trop mal en point.

Emma continua son chemin, ne prêtant pas plus d'attention que cela aux regards qui s'étaient posés sur elle. Elle n'en avait rien à faire, totalement. La tête haute, les cheveux déjà en train de frisés, la tenue mouillée et son mascara qui commençait doucement à couler, elle continuait sa route ne se préoccupant pas des autres. Elle était dans le principe que si on ne faisait pas les choses, personne ne viendrait les faire à notre place. Alors si elle ne se sauvait pas elle-même de cette situation, qui allait le faire? Personne.

Emma cachait bien son jeu en sortant sa botte secrète qu'est la fierté. Peu importe le moment et ce qui était en train de se passer, elle ressortait sa fierté et sortait les crocs en plus s'il le fallait. Jamais elle ne s'était pliée à l'exigence de qui que se soit. Personne n'avait jamais réussit à la faire plier un genou, ou encore à se mettre à genoux et ce n'était pas vraiment aujourd'hui que quelqu'un y arriverait. Elle regardait encore et toujours, un point au loin ne voulant rien montrer dans ce qui se passe à l'intérieur de son crâne, de sa tête. Elle contrôlait tout, encore une fois.

Emma arriva rapidement jusqu'à l'établissement scolaire où elle s'engouffra avec tout le peuple dans les couloirs déjà bondé. Elle aurait encore préféré arriver en retard mais sa fierté était bien trop forte pour qu'elle se l'avoue. Elle alla jusqu'à son casier où elle perdit toute sa fierté. On avait tagué son casier de grossièretés dans un peu tous les genres, allant de "pute" à "dauphin". Elle soupira et ouvrit son casier, un sourire niais dessiner sur le visage. Une fleur s'y trouvait. Une belle fleur de couleur pourpre, comme elle les aime.

Emma souffla un petit coup, prit la fleur et la mit dans son sac, qu'elle referma quand elle avait fait son petit échange de casier. Elle regarda l'état de son visage dans le miroir dont elle avait enfin trouver une utilité. Elle avait une grande partie des regards braqués sur elle, attendant qu'elle fasse une erreur sous la pression de ceux-ci mais cela ne lui faisait rien du tout, étant habituée avec les années. L'invisible avait enfin tous les regards sur elle et ne semblait pas s'en soucier plus que cela. Son cœur était trop froid que pour sentir la chaleur des projecteurs.

Emma alla jusqu'à la salle de son premier cours, envisageant déjà d'écrire quelques mots sur le papier avant que celui-ci ne commence. Son obsession pour l'écriture la tuerait un jour, mais elle en avait besoin pour se sentir vivante, pour se sentir bien dans sa peau sans que la fierté ne s'en mêle. Elle déposa son sac au sol, prenant place sur le siège le plus éloigné du professeur. Elle voulait écrire en paix pour ne pas commencer à mélanger les mots qu'elle alignerait sur le papier. Elle sentit une respiration sur l'arrière de son crâne et vit un rejeté, lui aussi. Il avait l'air d'aimer les mots vus comment il regardait ceux que la jeune fille avait couché sur le papier.

"Les humains regardent et envient toujours ce qu'ils n'ont pas. Ils préfèrent la chaleur au froid, parce qu'ils préfèrent mourir brûlés que gelés puisque la chaleur tue plus rapidement que le froid."

Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant