3.2 - deuxième acte

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Jaune de l'indifférence

Louis tourna le regard et vit une jeune fille au regard bleu comme l'azur et un teint de peau bronzé, ainsi que des jolis formes et une corps -considéré- de rêve. Il la jugea du regard de haut en bas, en ne faisant pas comme tous les gars. C'est-à-dire, ne pas s'attarder sur ses formes. Il n'en avait rien à battre du physique des filles, c'était leur cœur et leur personnalité qui l'intéréssait surtout. Il n'avait pas l'habitude qu'on le détaille du regard comme il détaille les autres. Pourtant, la jeune fille était en train de faire exactement la même chose.

-Que veux-tu ? Demanda Louis sur le ton de la défensive.

-Juste parler et faire plus ample connaissance. Ce n'est pas la première fois que tu viens sous cet arbre, non ? Questionna la jeune fille.

-Oui et alors ? Demanda Louis en retournant la question vers la jeune fille.

-Je t'ai souvent vu sous celui-ci, je voulais juste être sûre que c'était bien toi et pas quelqu'un avec qui j'aurais pu confondre, s'enquit la jeune fille.

-Me confondre avec quelqu'un ? Je suis différent des autres, s'étonna le jeune homme.

-Pardon, s'excusa la jeune fille, le cœur battant.

Louis n'en avait que faire de ses excuses. Il s'en foutait totalement que cette belle fille s'intéresse à lui. De toute façon, elle n'était pas la seule et il en avait assez des remarques que le monde entier lui fait par rapport à son comportement avec les jeunes filles. Mais il est un solitaire et célibataire endurçit, ne croyant pas du tout en l'amour et en tout ce que cela puisse apporter de bon comme de mauvais. Il sent son monde partir en fumée, s'envolé vers un autre lieu à cause de la présence de la belle à ses côtés.

Louis souffla un petit coup, redoutant les représailles et les dégâts que son petit coin de paradis subit à cause de la présence de cette intruse. Il aimerait bien se débarasser, totalement, de tout cet amour qu'il ressent encore pour certaines personnes et qui le bouffe de l'intérieur. La musique l'apaise et l'empêche fortement d'exploser en mille morceaux, contrairement à ce que subit son cœur. Il aimerait tendre la main vers le soleil, mais il a peur de se brûler la peau. Il aimerait bien toucher les nuages, mais il a peur d'être pris de vertige. Il aimerait bien aller sur la lune, mais il a peur de l'ombre.

Louis sentit son cœur battre anormalement vite dans sa poitrine. Plus le temps passait, plus il sentait sa respiration devenir irrégulière. La jeune fille était en train d'envahir son monde, de le submerger et ni lui ni son monde n'appréciaient cela. Il aimerait lui dire de dégager rapidement, de le laisser tranquille mais sa conscience, son éducation et sa timidité l'empêche de lui cracher à la figure les mots qu'il aimerait tellement pronconcé : « Laisse-moi tranquille et dégage, tu me bouffes mon dioxygène ». Il souhaiterait le faire, mais quelque chose en lui l'en empêche, chose qu'il déteste.

Louis sent le corps de la jeune fille se rapprocher du sien, ce qui le met dans tous ces états psychologiques. Il n'aime pas quand les gens sont trop proches de lui physiquement. Il a toujours eu besoin de mettre une certaine distance avec les gens pour ne pas se sentir mal à l'aise et mettre les autres mal à l'aise aussi. Il faisait cela pour éviter tout malaise et avoir une discussion sereine et la jeune fille était en train de réduire son espace vital et serein. Elle était en train de tout détruire pour un rien.

Louis recula, pour mettre une distance avec la jeune fille et lui faire comprendre qu'elle ne devait pas s'approcher de lui, qu'elle était déjà bien trop près. Mais elle n'avait pas eu l'air de comprendre quoi que se soit ou si elle avait comprit, elle faisait semblant du contraire ou prétendait celui-ci. Il contracta sa mâchoire, la malaise montant en lui comme une fourmi sur un corps inanimé. Il soupirait du fait que la belle fille au teint bronzé et à la chevelure corbeau et légèrement bouclée -une sorte d'ondulation- ne faisait que réduire la distance entre eux alors qu'il essayait de l'augmenter.

Louis se leva carrément, trouvant son instant de plaisir mit à l'épreuve, mit à rude épreuve même. Il était venu là pour qu'on lui foutte la paix, pour qu'on le laisse tranquille et une jeune fille qui devrait -comme lui- se retrouver en cours venait le déranger dans cet instant de plenitude. Il pouvait bien essayer de venir dans le parc, sous l'arbre, la nuit mais il fait parfois trop froid ou encore, les portes sont fermés et les escalader est parfois trop dur. La journée, après les cours, les enfants viennent jouer, ce qui le dérange encore plus que tout.

Louis était totalement indifférent, même gêner de l'attention que lui porte cette jeune fille totalement trop envahissante. Il ne voulait pas d'elle comme il n'a jamais voulu de personnes. Il trouvait déjà qu'il y avait bien trop d'humains sur cette Terre, alors en mettre d'autres au monde n'est pas son idée première. Il préfère encore aller envoyer se faire voir le monde entier -la jeune fille comprise- que de vivre éternellement. Il aimerait être libre, avoir des ailes qu'il pourrait déployer dans le ciel tel un oiseau. Mais pas n'importe quel oiseau, un aigle royale, volatile qu'il a toujours admirer.

Louis partit les écouteurs dans les oreilles, tête baissée et les mains dans les poches. Ses pieds butaient sur le sol joncher de petit cailloux et de gravier. Il sentait la terre sous ses pieds supporter tout le poids du monde et grimaçait en pensant au fait qu'elle devait supporter son poids à lui aussi. Il aimerait bien être aussi léger qu'un grain de sable aux yeux du monde, mais plus lourd que tous les océans et mers réunis, parce qu'il est mal dans sa peau et qu'il est quelqu'un qui déteste tout et qui haït tout. Il est quelqu'un qui ne saura jamais apprécier les choses telles qu'elles le sont, comme il le faut. Cela décuplait son poids, parce qu'il est mal, un pied dans le vide et l'autre au bord, sur le point de flancher.

Louis ne serait sûrement pas partit s'il savait que la belle jeune fille attendait de lui tellement de choses qu'il n'en croirait pas ses yeux. Il ne serait pas partit s'il avait su que la vie de la jeune fille était entre ses mains et qu'en partant ainsi, il venait de signer son arrêt de mort. Elle avait arrêté de croire en les humains, en l'humanité tout entière et Louis semblait son seul espoir pour croire en quelque chose. Elle espérait que ce jeune homme, dont les traits étaient torturés par le poids de son mal être et des insomnies, puisse la sauver et lui redonner foi en le monde mais elle s'était tromper. Elle avait à présent les deux pieds dans le vide, les bras ballants et Louis dans son ombre, prêt à la suivre dans la seconde, parce que les âmes fortes finissent toujours par se rejoindre, sur terre comme dans le ciel, dans la réalité comme dans l'haut-délà, dans le ciel comme sur la terre ferme.

Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant