4.2 - deuxième acte

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Vert du refus

Natacha regardait partout autour d'elle, ne sachant pas où réellement poser son regard alors que les trois autres personnes atour d'elle entamaient une discussion auquel elle ne voulait sous aucun prétexte participer. Elle préférait encore se jeter sous un pont que de participer à une conversation dont elle aimerait se casser en vitesse pour ne pas entendre un mot de plus sortir de la bouche des trois autres individus. Elle aimerait se lever et partit en courant, tracer sa vie pour ne plus jamais revenir. Elle aimerait tellement pouvoir le faire et essayait de savoir ce qui la retenait de le faire.

Natacha en avait marre que ce Bruce la colle de cette façon. Elle prit son sac, se leva de sa chaise en prenant doucement sa boisson et se tira de là sans même qu'aucuns des trois individus ne le remarquent directement. Il fallut attendre qu'elle soit en dehors du café pour que Bruce remarque son absence. Elle allait partir loin de tout ce capharnaüm et de toute cette folie dont elle ne veut pas être la victime. Pour elle, ce n'était pas ainsi qu'elle allait rencontrer le grand amour, mais plutôt une simple partie de jambes en l'air, qu'elle regretterait.

Natacha regardait tout autour d'elle pendant qu'elle marchait. Elle voyait en les gens ; toute leur surprise, leur haine et leur tristesse envers le monde. Chez certaines personnes, elle arrivait à distinguer tellement de tristesse qu'elle se demandait pourquoi ils ne s'étaient pas encore jetés d'un pont. Mais c'était comme pour elle, quelque chose la retenait encore dans ce monde et elle ne pouvait le nier, elle ne pouvait pas faire semblant. Elle avait la main sur le cœur et le cœur sur la main, mais aucun des deux ne sera éternel et aucun des deux ne la sauvera non plus.

Natacha accordait peut-être beaucoup trop d'importance au monde, bien plus qu'elle ne le devrait et bien plus qu'elle ne s'en accorde à elle-même. C'est presque si elle ne s'en fout pas d'elle-même et qu'elle ne porte attention qu'au monde, qui ne lui accorde pas son attention en retour, du moins pas à la même intensité ni à la même force. Elle s'enfonce sans même le savoir, sans même le reconnaître, sans même le voir, sans même le remarquer. Elle va dans un endroit trop sombre pour elle mais la peur de l'inconnu n'existe pas pour elle alors elle fonce, tête baissée.

Natacha marcha dans les rues, regardant le visage de chaque passant témoignant de réflexions différentes. Certains avaient le sourire alors qu'ils n'avaient pas vraiment l'air heureux, tandis que d'autres qui étaient heureux intérieurement se brûleraient s'ils souriaient. Elle aimerait tellement pouvoir, être capable d'améliorer la journée de ses personnes mais le souci c'est que la plupart l'enverraient voir ailleurs, alors qu'elle voulait les aider. Elle croyait, dur comme fer, qu'en sauvant les gens, on se sauvait soi-même, mais ce n'est pas du tout le cas et ça ne le sera jamais, qu'elle soit ou non encore en vie. Elle aura beau espérer.

Natacha bouscula sans le vouloir, une personne de sexe féminin. Elle sentit une décharge électrique dans tout son corps. Elle eut le vertige, d'un seul coup et se demanda comment elle faisait encore pour tenir sur ses jambes alors qu'elle flageolait tel un piquet flexible sous un vent dépassant les centaines de km/h. C'était une question, qui comme la plupart des questions de ce monde, n'avait pas de réponses. Ce n'est pas une équation à deux inconnues, où toutes personnes pourraient répondre si on lui explique le procédé à suivre pour y arriver, y subvenir, le réussir et s'en vanter.

Natacha releva la tête pour voir la personne qu'elle avait bousculée, elle voulait s'excuser pour montrer ses bonnes intentions mais elle n'y parvint pas, ou en tout cas plus quand elle vit le visage de la jeune fille en face d'elle. Celle-ci était irrésistiblement belle, brune avec des yeux noisette et un teint de peau tellement pâle qu'on pourrait qualifier sa beauté de froide. Elle en eut le souffle coupé et se demanda comment la jeune fille faisait pour ne pas avoir tous les regards braqués sur elle, contrairement à l'héroïne qui en avait strictement marre de cela et espérait en finir.

Natacha aida la jeune fille et la regarda dans les yeux sans savoir prononcer quoi que se soit. Jamais elle n'aurait cru qu'une jeune fille aussi belle puisse être ainsi cachée dans l'ombre, puisse ne pas se faire remarquer partout où elle allait. Elle n'en revenait pas de ne pas l'avoir remarqué elle-même, malgré qu'elle était dans son point mort et qu'il lui était impossible de la voir arriver. Elle soupira quand elle vit que la jeune fille sans nom lui souriait et n'avait pas l'air de s'être fait mal. Elle se remercia même de l'avoir bousculer, de l'avoir heurter.

-Comment tu t'appelles ? Demanda la jeune fille.

-Jenna et toi ? Lui retourna la question, la jeune fille.

-Natacha, tu es du coin ? Lui demanda-t-elle.

-Je suis d'Oxford et toi ? Lui demanda Jenna.

-De France, Lille tu connais ? Demanda Natacha en espérant qu'elle connaisse.

-Oui, je connais. Qu'est-ce que tu fais là ? Enfin, je veux dire, une française ici, habituée à Londres, je ne vois pas cela tous les jours, commenta Jenna.

-Je viens ici couramment, répondit Natacha avec assurance.

-Je ne t'avais jamais vu, prononça Jenna, le mal à l'aise tirant sur ses traits.

Natacha ne savait même pas pourquoi elle avait fait cela, mais elle en avait ressentie le besoin. Elle leva les yeux vers la prénommée Jenna, puis posa ses yeux sur ses lèvres qui ont l'air si douces pour déposer, ensuite, ses lèvres sur les siennes. Elle ne comprenait pas vraiment son geste, mais elle en ressentait le besoin ; pour sauver Jenna et se sauver elle-même. Elle ne savait même pas pourquoi elle agissait de la sorte, mais ce qu'elle avait comprit était que Jenna voulait et désirait la même chose, du moins elle en avait eu aussi envie, puisqu'elle répondit à son baiser.

Natacha mouvait ses lèvres sur celles de Jenna, qui rendait le mouvement. Elles s'étaient aimées dès le premier regard et personne ne pouvaient leur envier cela. Les gens se retournaient sur leur passage pour voir leur baiser. Beaucoup tiraient une mine dégoûtées puisqu'ils sont homophobes dans le fond mais le nie comme la peste. Certains avaient le sourire parce qu'ils y avaient enfin des personnes qui assumaient leur amour, même s'ils étaient détestés et n'en avaient rien à foutre du regard des autres. Elles vivaient pour elles-mêmes et Bruce n'en croirait pas ses yeux s'il était là. Elle n'aimait pas les hommes, mais les femmes et Jenna était parfaitement son type.

Toutes les couleurs de l'arc-en-ciel [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant