2} Michaela

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Une pluie fine tombe sur l'abri de bus. J'attends ma mère depuis une demi-heure, ce n'est pas normal. Elle n'est jamais en retard. Je n'ai même pas de téléphone portable pour l'alerter, mes parents refusent de me laisser en avoir un. Pourtant il m'aurait été bien utile. Quelques voitures passent, mais aucune ne s'arrête à ma hauteur.

- Michaela ?

Je tressaillis. La voix vient d'en face, d'une moto qui s'est arrêtée juste devant moi. Le conducteur est un garçon aux cheveux en brosse avec un T-shirt de métal - les manches courtes par ce temps ? - . Pas de casque, je note en bonne fille de gendarme. Si cet abruti tombe, il finira très mal.

- Qui êtes-vous ?

Ma question est énoncée sur le ton de la méfiance. Il le sent, car il grimace. Ou bien c'est parce qu'il a froid, ce qui est fort possible.

- Je m'appelle Nolan, commence-t-il d'un air anxieux. On n'a pas beaucoup de temps, Angélique n'a pas survécu et on doit refaire une série de tests si on veut sauver la base.

- Quoi ?

- Il se mord la lèvre et fixe le guidon de sa moto.

- Tu te rappelles pas, hein ?

- De quoi vous me ...

- Arrête de me vouvoyer, c'est soûlant. Tu faisais pas ça avant, je vois pas pourquoi tu le ferais maintenant.

- Je ne te connais pas, je rétorque.

- Je te l'ai dit, j'm'appelle Nolan.

- Un prénom, ce n'est pas une identité.

- T'arrêtes de faire des phrases compliquées ? Je sais bien que tu ne te souviens pas de moi, c'est pas la peine de faire la méfiante comme ça. On dirait Missy quand elle me voit.

- Missy ?

- Ma chatte. Bon, écoute, je ne peux pas...

- Fiche-moi la paix.

Il soupire.

- Je peux pas, c'est ça que tu dois comprendre. Si je te ramène pas, Matthias va encore me foutre à la corvée pendant trois semaines, et ça ferait vraiment suer.

- Alors tu viens ?

- Hors de question !

- Tu ne sais même pas où on va.

- Justement.

Il inspire profondément, puis s'arme d'un sourire narquois.

- Tu veux que je dise à ta mère que c'est toi qui as cassé son assiette porte-bonheur ?

Je me fige. Cette histoire date d'il y a sept ans, et c'est un secret que j'ai conservé au fond de moi. Le seul témoin de l'affaire, c'est Gribouille, mon hamster nain, et il dormait.

- Qu...

- Ça avance, l'écriture de Pas de pitié ?

Là, je flippe carrément. Pas de pitié¸ c'est le titre de la nouvelle que j'écris en ce moment. Je l'ai juste écrite au brouillon hier soir, toute seule dans ma chambre alors comment... ?

- Qu'est-ce que vous voulez ?

- Que tu viennes avec moi à la base.

- Quelle base ?

- La base de l'u...

Il s'interrompt, les mâchoires serrées, et lâche :

- Tu viens avec moi, c'est tout. De toute façon, tu vas y être obligé. Maintenant c'est à toi de voir, tu veux que je t'assomme pour t'embarquer ou bien tu vas avoir l'intelligence de me suivre gentiment et aimablement ?

- ...il n'y a pas d'initiative où je pars toute seule et où je ne te revois plus de toute ma vie?

- Aucune.

***
Chapitre assez semblable au premier, je rappelle que c'est un premier jet que j'ai à peine modifié et dont je ne sais pas encore l'issue !

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