Le Royaume d'Atales

CHAPITRE 4

Lorsque les retardataires finissent par arriver et que tout le monde est prêt, le professeur de combat, Monsieur Kijir nous explique les consignes.

« Bonjour à tous,
Cela fait plusieurs semaines que vous vous entraînez uniquement en 1 contre 1 et seulement sur un ring. Cependant, lorsque vous vous battrez en vrai, vous aurez peut être plusieurs adversaires devant vous, ainsi que des distractions et des obstacles. Nous allons aujourd’hui diviser le groupe en 2, donc 2 équipes de 6 personnes chacune. Vous aurez chacun un camp avec un drapeau. Le but est d’aller s’emparer du drapeau de l’autre équipe. Les règles sont simples : vous êtes battu lorsque vous n’êtes plus en capacité de résister et vous devez quitter l’arène pour rejoindre le plateau du haut avec moi. Interdiction d’utiliser ses pouvoirs. C’est uniquement du combat au corps à corps. Je vous laisse constituer les équipes. Voici des montres. Appuyez sur le bouton vert dès que vous êtes prêts. Si jamais vous ne pouvez plus bouger parce que vous êtes trop blessé pendant le combat, bouton rouge et je viens vous aider à sortir. Attention, c’est le dernier recours, personne ne devrait avoir à l’utiliser. A toute à l’heure. »

Le problème, c’est que Zéphir, Priam, Soen et Celyan se mettent évidemment ensemble, accompagnés de Raya, une peste maîtrisant les liantus, des plantes grimpantes très solides et de Sylnire, son acolyte pouvant orienter la lumière, donc potentiellement vous rendre à moitié aveugle. Julian et moi rejoignons les 4 autres personnes. Deux jumeaux que je ne connais presque pas ont la capacité de voir à travers les yeux de l’autre, une fille assez gentille nommée Padma peut plier le métal et un petit blond , Mélandro, peut sentir n’importe quoi arrivant à des kilomètres. Tous ont des pouvoirs qui auraient pu nous servir, mais aucun ne sait se battre à peu près correctement sans utiliser son don. Ils se reposent sur leurs pouvoirs sans travailler leur forme musculaire. A part Mélandro, qui n’est pas très imposant mais à une bonne technique, ils ne connaissent que des prises de base et ne tiendront pas face à nos adversaires, qui sont tous très bien entraînés. Les équipes sont complètement déséquilibrées, mais c’est toujours mieux que de devoir se retrouver à faire équipe avec l’un de nos ennemis. J’observe Julian et le regard qu’il me lance montre qu’il pense la même chose que moi.

« C’est juste un exercice, même si ça va être la honte, au moins c’est pas l’exam… me dit-il.

De toute façon, on a pas le choix.

Padma nous interrompt :
- Il nous faut une stratégie si on veut avoir une chance.

Mélandro rétorque :
- On a aucune chance, vous faites pas trop d’idées. Mais pour que cette défaite soit moins cuisante, on peut se répartir plus en défense.

Julian remarque :
- Oui enfin si on essaye même pas de choper leur drapeau, c’est sûr qu’on va pas gagner.

- T’as écouté ce que j’ai dis ? On a aucune chance. J’essaye juste de faire en sorte que ça soit pas bouclé en 5 minutes. Bon du coup, Padma tu peux te poster en dernier rempart juste devant  le drapeau. Les jumeaux vous vous mettez un à gauche et un à droite. Moi je vais plus en avant pour leur tomber dessus en premier si ils arrivent. Julian tu vas au fond avec Padma pour pouvoir aider n’importe qui qui en aurait besoin et..

Julian n'en reviens pas d'être relégué à un poste aussi ridicule :
- Quoi ?! Mais je…

- Laisse moi gérer s’il te plaît. Lyvia tu peux les surveiller depuis les hauteurs et nous prévenir quand tu vois quelque chose.

J’opine du chef et m’éclipse directement pour ne pas avoir à entendre les plaintes de Julian qui voulait aller chercher le drapeau de nos ennemis. Padma va se placer devant lui pour essayer de le convaincre d’écouter.
Je prends de la hauteur. L’arène est un labyrinthe de ruelles et de cachettes, mais il y a aussi de rares immeubles desquels on peut observer ce qui se passe en dessous. J’agrippe le mur de béton et grimpe aussi vite que possible. Arrivée en haut, j’observe mon équipe. Les jumeaux se sont positionnés sur les côtés, chacun derrière un petit mur intercalé. Astucieux. Ainsi, les ennemis ne pourront les voir qu’au dernier moment. Il faut jouer sur la surprise si on ne peut pas rivaliser en force. Padma a apparement réussi à calmer Julian qui se place devant elle, dos au drapeau et face à une immense rue. Il est complètement à découvert cet abruti. Mélandro s’est perché sur un mur, à 2 mètres du sol environ. La rue semble dégagée mais il pourra tomber sur nos ennemis dès qu’ils arriveront. Je les vois appuyer sur leurs montres, signe qu’ils sont prêts. J’appuie sur la mienne et attends.

Attends. Attends encore. C’est trop long, il y a un problème. Je me tourne vers mon groupe, qui a l’air autant dans l’incompréhension que moi. Et c’est le moment qu’elle choisit pour me tomber dessus. Erreur de débutante, j’ai détourné mon regard trop longtemps de ma cible. Je me prend un coup de pied dans les côtes. Je roule jusqu’au bord du toit et me rattrape de justesse avant de tomber dans le vide. Je me relève rapidement pour esquiver le prochain coup et me redresse difficilement pour voir mon adversaire. Sylnire se tient face à moi, accompagnée de Priam qui reste en retrait. Je ne peux pas prévenir mon équipe sans mettre notre drapeau en danger. Je dois donc me débrouiller seule contre 2 pros d’un coup. Su-per, ça commence bien.

Sylnire n’attend pas que je me remette de ma surprise pour se jeter sur moi. J’esquive ses coups assez facilement. Priam sourit derrière en attendant certainement que je me fatigue. Mais mon adversaire est trop sûre d’elle et j’ai juste besoin d’attendre un moment où elle ne fait pas attention à sa défense. Maintenant. Je lui assène un coup dans la gorge. Ma main, plate et tranchante, heurte son cou en plein vol. Elle émet un bruit sourd avant de s’effondrer en portant ses mains là où j’ai frappé.
C’était presque trop facile. La gorge est un des points faibles les plus fragiles et il faut la protéger à tout prix. Priam ne sourit plus. Il se précipite sur moi. J’esquive ses coups plus difficilement et il n’a pas la maladresse de me laisser percer sa défense. Il attaque sans relâche mais garde toujours une protection. Il finit par me faucher la jambe gauche et j’entend Sylnire qui se relève derrière moi. Ça ne va pas du tout, je commence à fatiguer et je suis face à deux adversaires. Je me relève après une roulade mais il suffit à Priam d’un mouvement de poignet pour me pousser vers le vide. J’essaye tant bien que mal de me rattraper à une poutre. Mes ongles griffent la pierre mais j’arrive à me retenir, saute sur une frêle passerelle et cours le plus loin possible. Je ne servirais à rien si je me fait mettre hors-jeu direct, alors oui, la fuite c’est pas très glorieux, mais je n’ai pas d’autres choix.

J’entends Priam crier :
« N’essaye pas de t’échapper… »

Sylnire rit et s’élance à ma poursuite.
J'entends leur pas résonner sur la pierre derrière moi et cours le plus vite possible.