CHAPITRE 9

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Le soir, lorsque je passe l’imposant portail du domaine de mon père, l’excitation commence à redescendre. Je réalise que si je veux participer à cette mission, il ne suffit pas de le vouloir. Déjà, il faut convaincre mon père de me laisser postuler. Ensuite, il faut postuler. Et enfin, il faut être prise. Je laisse Scar à l’écurie et me dirige vers l’immense demeure. Je marche directement en direction du bureau de mon père sans passer par ma chambre. Sur le seuil de la porte, je n’hésite qu’une seconde avant de toquer. Une voix ennuyée me réponds :

« Entrez. »

Je tourne la poignée et entre dans la pièce. 

Il est assis de dos, derrière un large bureau en chêne et face à une cheminée dans laquelle brûle un feu ardent. Il ne m’a pas encore vue, et pourtant, il sait déjà que c’est moi. Avant même que je commence à parler, il me lance sèchement :

« Que veux-tu ? »

Je sais qu’avec mon père, ça ne sert à rien de tourner autour du pot pendant une éternité, donc j’inspire un grand coup, et dis d’une voix étrangement posée :

« Je veux partir avec l’expédition du Roi. Je veux postuler demain. »

Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il se retourne enfin. Lorsqu’il est face à moi, j’ai l’impression de redevenir une enfant. Il me toise d’un regard méprisant avant de commencer à sourire. C’est mauvais signe.

« Toi ? Tu veux postuler ? Sérieusement ? »

Je plante mon regard dans le sien (je ne sais pas où je trouve ce courage), avant de répondre :

« Je suis sûre de mon choix. »

Un rictus mauvais se dessine sur ses traits et il me lance sur un ton condescendant :

« Ma pauvre enfant, tu n’as pas dû bien lire les affiches. Le Roi cherche des personnes ayant des pouvoirs assez puissants pour pouvoir aller chercher sa ressource. Sauf erreur de ma part, tu n’as rien. Pas une seule étincelle de magie. C’est une expédition royale, pas une opération deuxième chance pour laisser les ratés tenter de faire leurs preuves. Evite de nous faire honte une fois de plus et n’essaye même pas de passer les tests. »

Les mots, tranchants, sont sans appel. Je ne prend pas la peine de lui répondre, consciente que si j’essaye, je risque de dire quelque chose que je regretterais. Je me tourne et sors de la pièce, blessée et humiliée.

Le Royaume d'Atales Où les histoires vivent. Découvrez maintenant