CHAPITRE 17

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Iris reprend ses esprits et va se cacher derrière Aline, que je n’avais pas vue et qui est assise dans un large fauteuil.

« Va dire bonjour ma chérie. Ne sois pas timide. »

Iris s’avance doucement vers le Roi qui lui adresse un sourire chaleureux, loin de l’expression froide et impassible qu’il utilise pour faire ses discours. Iris effectue une petite révérence avant de courir vers sa mère pour se réfugier dans ses bras.

Finalement, mon père me remarque et ne me lance qu’un regard froid et un léger hochement de la tête. Je m’avance jusqu’au Roi. Il n’est plus le même depuis la dernière fois que nous nous sommes vus, dans l’arène. Il donne l’impression d’une force tranquille et calme, plus d’une boule de feu explosive. Il a l’air en pleine forme et ses deux grands iris bleus m’observent sereinement. J’effectue une révérence puis me redresse pour croiser son regard.

« Votre Majesté. »

Il me répond gentiment.

- Comment allez-vous ? Avez-vous pu vous remettre de vos blessures ?

- Je vais bien, merci. Le don de ma belle-mère m’a beaucoup aidé.

Mon père me coupe.

- C’est un honneur que vous nous faites de venir dans cette demeure. Voulez-vous boire quelque chose ?

- Je vous en prie, ce n’est rien. Dois-je vous rappeler que votre fille m’a sauvé la vie ? Il est tout à fait naturel que je vienne la remercier en personne. Et non merci pour la boisson. En fait, je suis venu pour une raison bien précise.

Nous nous tournons tous vers lui, attentifs. Étonnamment, c’est moi qu’il regarde avant de dire :

« Je ne sais comment vous remercier pour ce que vous avez fait pour moi. Vous étiez blessée, très blessée, et vous auriez pu vous enfuir. Au lieu de cela, vous n’avez pas hésité à tuer cet homme pour m’aider. Demandez moi ce que vous voulez, et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous l’obtenir.

Tout le monde reste silencieux après ces mots. J’ai conscience que c’est un immense honneur que le Roi me fait, et que je devrais réfléchir sérieusement à la question avant d’y répondre impulsivement, mais je n’ai qu’un seul souhait.

« Majesté, j’aimerais partir avec l’expédition. »

Il semble surpris.

« Mais.. Ce n’est pas.. C’est encore un service que vous me rendrez en y allant. Ne voulez-vous pas autre chose ?

Mon père s’avance et ne me laisse pas le temps de répondre.

« Excusez-moi. Il semble que je me sois un peu trop relâché sur l’éducation de ma fille. Elle vous est extrêmement reconnaissante. Elle va encore réfléchir à son souhait. Merci infiniment. »

Je n’en reviens pas. Il tente de m’humilier pour détourner le sujet. Vu la punition que je vais me prendre et que je ne suis plus à ça près, je m’avance devant mon père et affirme d’une voix ferme :

« Votre Majesté, j’ai conscience de l’immense honneur que vous m’accordez. Mais je n’ai fait que mon devoir en vous protégeant. De même que les gardes qui gardent le palais ou que vos soldats qui défendent nos frontières. Cependant, si vous tenez à me remercier, je vous assure que rien ne me plairait plus que de partir avec cette expédition.

Je ne respire plus, essoufflée d’avoir parlé si vite. Le Roi semble hésiter devant le refus évident de mon père.

Finalement, il répond :

« Si c’est votre souhait le plus cher, alors il sera exaucé. Vous pourrez partir avec cette expédition. »

Je me retiens de hurler de joie ou de le serrer dans mes bras.

« Merci infiniment votre Altesse. Je ne sais comment vous remercier. »

Il rit.

« N’inversez pas les rôles mademoiselle. C’est moi qui vous remercie. »

Et lorsque je me retourne, même le regard glacé de mon père ne peut refroidir ma joie.

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Mes parents ont invité le Roi à rester dîner mais il nous annonce qu’il doit retourner au palais. Il salue mes parents et mes soeurs avant de se tourner vers moi.

« Voulez-vous bien m’accompagner jusqu’à ma monture ?

Je suis fatiguée, mais ne peut refuser : ce serait impoli. Je lui souris avant de le suivre en direction des écuries. Nous marchons en silence jusqu’à ce que nous rejoignions ses gardes déjà à cheval. Il s’arrête quelques mètres plus tôt, se tournant vers moi.

Surprise, je manque de lui foncer dedans. Il prend la parole :

« Je ne peux accepter que vous m’ayez sauvé la vie et vous offrir comme remerciement que vous la risquiez une nouvelle fois pour moi.

Etonnée, je lui réponds :

« Risquer ma vie ? Je pars seulement en expédition. Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas me faire manger par une plante.

Une ombre voile rapidement ses yeux. Il reste silencieux quelques instants, comme douteux. Puis finalement, il reprend la parole normalement :

« Oui, évidemment. Je ne peux juste pas comprendre votre obstination à vouloir participer à cette expédition. En tout cas, sachez que je vous doit une faveur, et pas des moindres. Si jamais vous trouvez quelque chose que vous aimeriez, n’hésitez pas.

Puis il prend ma main et pose une pierre dedans.

« C’est une pierre de feu. Elle vous garantit l’accès presque complet au palais. Et elle a également des propriétés magiques. C’est le minimum que je puisse faire.

Je referme mes doigts sur la pierre. Je suis très étonnée par la bonté du Roi mais j’accepte son cadeau avec une certaine fierté.

« Merci beaucoup, j’en prendrais soin.

« Je n’en doute pas. Bonne soirée Lyvia. » conclut-il gentiment.

Stupéfaite qu’il connaisse mon prénom, je prends quelques secondes avant de m’incliner et de répondre :

« Bonne soirée Votre Altesse. »

Il m’adresse un sourire avant de rejoindre ses gardes et de disparaître avec eux dans la nuit.

Le Royaume d'Atales Où les histoires vivent. Découvrez maintenant